dimanche 27 juillet 2014

Madame Dubarry 1919

Un film d'Ernst Lubitsch avec Pola Negri, Emil Jannings, Harry Liedtke et Reinhold Schünzel

Jeanne Vaubernier (P. Negri) est une simple couturière lorsqu'elle croise le chemin du Comte du Barry (Eduard von Winterstein). Il décide d'en faire sa maîtresse et de l'utiliser pour obtenir le paiment d'une dette royale. C'est alors qu'elle rencontre le roi Louis XV (E. Jannings) qui est conquis par son charme...

Cette superproduction historique est la première dans la carrière d'Ernst Lubitsch qui s'était jusqu'alors spécialisé dans la comédie. Le cinéma allemand a clairement l'intention d'exporter ses productions, notamment vers les Etats-Unis, et les moyens mis en oeuvre sont extrêmement importants: énorme figuration et vastes décors. Par contre, la vérité historique en prend un bon coup avec un scénario assez rocambolesque qui est surtout là pour amuser. Lubitsch continue sa collaboration avec Pola Negri et Emil Jannings dans les rôle principaux. Cependant, c'est bien Pola qui est la pièce maîtresse de cette oeuvre. le grand Emil est finalement peu présent en roi libidineux, mais il se rattrape avec une scène de mort haute en couleurs. Alors que Louis XV est sur le point d'expirer couvert de pustules de vérole, il arrache une bible des mains du prêtre venu lui donner l'extrême onction et réclame sa maîtresse! Pola Negri tient la vedette en fille du peuple devenue courtisane, puis favorite royale. C'est finalement le début du film qui est le plus réjouissant avec son rythme comique qui montre comment la Dubarry savait enjôler les hommes. Malheureusement, le ton tourne rapidement au tragique et l'on découvre avec stupéfaction que Jeanne Dubarry aurait été responsable - à elle seule - de la Révolution française par son comportement! D'ailleurs le scénario fait d'elle une victime du monde corrompu de la cour, en particulier du ministre Choiseul. Si l'on passe sur ces approximations historiques, cette grande machine lubitschiennne est néanmoins nettement plus comestible que les pensums tels que Anna Boleyn (1920) ou Sumurun (1920). Le rythme est soutenu et on ne s'ennuie pas une minute. C'est ce film qui a fait de Pola Negri une star internationale. Madame Dubarry est en effet sorti aux USA sous le titre passe-partout de Passion en octobre 1920. Ce fût un véritable événement outre-atlantique car c'était le premier film allemand qui y était exploité depuis la fin de la guerre. Pola Negri reçut des éloges dithyrambiques pour son incarnation de la Dubarry. Et on parla même du réalisateur comme étant de la trempe d'un DeMille ou d'un Griffith. Ce n'est guerre étonnant que quelques années plus tard Pola, Ernst et Emil traversèrent l'Atlantique pour venir renforcer les troupes hollywoodiennes...

vendredi 25 juillet 2014

En Angleterre occupée de K. Brownlow (VI)

Une nouvelle critique du livre En Angleterre occupée - Journal d'un tournage vient de paraître dans la revue du court-métrage Bref N°112, juillet 2014:


jeudi 24 juillet 2014

En Angleterre occupée de K. Brownlow (V)

Avec un peu de retard, voici l'excellente critique du DVD et du livre En Angleterre occupée publiée dans L'Ecran fantastique de mai 2014:


samedi 19 juillet 2014

Flower of the Dusk 1918

Viola Dana
L'Héroïque mensonge
Un film de John H. Collins avec Viola Dana, Howard Hall, Margaret McWade et Jack McGowan

La jeune Barbara (Viola Dana), qui est invalide, vit avec son père Ambrose (H. Hall)  qui est aveugle. La tante de jeune femme (Margaret McWade) prend soin d'eux tout en ruminant sa vengeance. En effet, elle était amoureuse d'Ambrose et celui-ci lui a préféré sa soeur. Or cette dernière s'est suicidée pour un motif inconnu...

John H. Collins (1889-1918)
John H. Collins ne fait pas partie des pionniers du cinéma qui ont laissé un nom, malgré son talent. Il faut dire que sa carrière fut extrêmement courte. Il mourut à l'âge de 28 ans de la grippe espagnole. Un seul de ses films est maintenant disponible en DVD: Children of Eve (1915) que j'avais beaucoup apprécié. En 1918, il est sous contrat à la Metro Pictures Corporation avec son épouse l'actrice Viola Dana qui est souvent son interprète principale. Pour ce mélodrame qui semble accumuler les poncifs - père aveugle, fille invalide et mère suicidée - Collins montre l'étendu de son talent avec une direction d'acteurs tout en retenue et une lumière crépusculaire apportée par le talentueux John Arnold, le futur opérateur de The Big Parade (1925) de King Vidor et de The Wind (1928) de Victor Sjöström. Malheureusement, il ne reste que trois des cinq bobines que comptaient ce joli film. On ne verra donc pas le prologue avec Constance, la mère de Barbara (Viola Dana joue les deux rôles) qui s'est mariée trop jeune avec un homme assez âgé pour être son père. Or, elle rencontre Lawrence, un homme marié dont elle tombe amoureuse. Cet amour impossible la pousse au suicide. Vingt ans plus tard, Barbara et Ambrose ignorent les raisons de sa mort. Mais, Miriam - la soeur de Constance - qui les connait, ne songe qu'à se venger. Elle a vieilli en s'occupant de sa nièce et de l'homme qui l'avait rejetée au profit de sa soeur. Margaret McWade, la formidable interprète de The Blot (1921), suggère avec talent l'amertume de cette femme rongée par la jalousie. Le beau visage expressif Viola Dana est magnifiquement éclairé par John Arnold et apporte toute l'émotion nécessaire à son rôle. La fin du film, qui réservait une surprise, est également absente de cette copie. On ne verra donc pas comment Barbara, habillée en robe de mariée, ment une dernière fois à son père pour lui épargner la douleur de savoir que sa femme ne l'aimait pas. Même incomplet, ce film montre le talent de ce jeune réalisateur fauché dans sa prime jeunesse. Il ne fait aucun doute que s'il avait vécu plus longtemps, il aurait certainement continué à grimper les échelons du métier et serait devenu un réalisateur célèbre.