dimanche 22 février 2015

The Night of Love 1927


La Princesse Marie (V. Banky) prisonnière de Montero (R. Colman)
La Nuit d'amour
Un film de George Fitzmaurice avec Ronald Colman, Vilma Banky, Montagu Love et Natalie Kingston

En Espagne au XVe siècle, la jeune épouse du gitan Montero (R. Colman) s'est suicidée plutôt que d'être victime du droit du seigneur perpétré par le cruel Duc de la Guarda (M. Love). Montero a juré de se venger et enlève la Princesse Marie (V. Banky) qui est promise au Duc...

Superbe gros plan en plongée de
Vilma Banky 
George Fitzmaurice est un réalisateur inégal. Il est capable du meilleur avec The Son of the Sheik (1926) auquel il réussit à donner un ton humoristique et sensuel, comme du pire avec Bella Donna (1923), un mélodrame poussif et poussiéreux. The Night of Love fait partie de ses meilleurs films. C'est une production Samuel Goldwyn destinée à mettre en valeur son couple vedette, l'anglais Ronald Colman et la hongroise Vilma Banky. Le succès de leurs deux précédents films The Dark Angel (1925) et The Winning of Barbara Worth (1926) poussent Goldwyn à récidiver. Mais, cette fois-ci, il se tourne vers le film d'aventure en costumes avec une intrigue qui rappelle fortement celle de Robin Hood (1922) mais transposée au XVe siècle. La scénariste Lenore Coffee a l'idée d'y ajouter un ingrédient supplémentaire, le droit du seigneur, pour y mettre un peu de piment.
Montagu Love dans son rôle
habituel de vil et cruel séducteur
Donc, la belle Marie est promise au violent et cruel Duc de la Guarda que combat le gitan Montero, le Robin des Bois local. La trame est absolument sans surprises. L'héroïne tombe amoureuse de son kidnappeur et va le sauver d'une mort affreuse sur le bûcher, avant de tomber dans ses bras. Nous sommes dans le domaine du divertissement pur avec un luxe de moyens étonnant. Goldwyn n'a pas mégoté avec les décors fastueux de Carl Oscar Borg, les somptueux costumes et la foule de figurants. Un élément est particulièrement remarquable, c'est la cinématographie signée George Barnes. Travaillant les ombres et les lumières avec le talent d'un Rembrandt, il réussit à égaler Charles Rosher dans Tempest (1928) et à donner au film une atmosphère toute particulière sans laquelle cette histoire rocambolesque ne fonctionnerait pas. Vilma Banky est une princesse Marie belle et expressive qui habite son rôle pourtant limité avec talent. L'idée de faire de Ronald Colman un gitan ressemble à une gageure. D'ailleurs, il ne semble pas totalement convaincu lui-même et joue son rôle avec une sorte de second degré ironique. Montagu Love est lui égal à lui-même en vil séducteur avec un cabotinage réjouissant. Grâce à la beauté de sa cinématographie, The Night of Love est une oeuvre délectable. Une très belle production Goldwyn qui, on l'espère, sera un jour disponible en DVD maintenant que Warner en a racheté les droits.

jeudi 12 février 2015

Maurice Tourneur à Ciné-Reflet le 20 février 2015 à 18h30

Venez nombreux à la Librairie du Cinéma du Panthéon 
le vendredi 20 février à 18h30
pour une séance de dédicaces de
Maurice Tourneur - Réalisateur sans frontières

15, rue Victor-Cousin 75005 Paris
RER B "Luxembourg", Métro Ligne 10 "Cluny – La Sorbonne"


jeudi 5 février 2015

Maurice Tourneur à Toulouse et à Paris

Juste un petit mot pour vous rappeler que demain vendredi 6 février, je serai à la Cinémathèque de Toulouse pour une séance de dédicace de mon livre Maurice Tourneur - Réalisateur sans frontières à 18h. Je présenterai ensuite deux séances Au nom de la loi (1932) à 19h 
et Le Dernier des mohicans (1920) à 21h.

En outre, ma conférence sur Maurice Tourneur suivie d'une séance de dedicace, aura lieu mercredi 11 février prochain à 17h aux Archives de Paris
(Voir affiche ci-dessous).
D'autres séances de dédicaces auront lieu dans les semaines à venir dans d'autres lieux. Restez en ligne!

dimanche 1 février 2015

Sherlock Holmes 1916

Dr Watson (E. Fielding) et Sherlock (W. Gillette)
Un film d'Arthur Berthelet avec William Gillette, Edward Fielding, Ernest Maupain et Marjorie Kay

Sherlock Holmes (W. Gillette) est recruté pour retrouver des papiers compromettants détenus par Alice Falkner (M. Kay). Or, la jeune femme est retenue contre son gré par un couple d'escrocs, les Larrabee...

Cette production Essanay, longtemps considérée comme perdue, était recherchée par les fanatiques de Sir Arthur Conan Doyle car le personnage de Sherlock y est interprété par William Gillette. Cette acteur américain a fortement marqué de sa personnalité le personnage de Holmes qu'il interpréta sur scène dès 1899 dans une pièce qu'il écrivit lui-même. En 1916, la société Essanay le recruta pour porter à l'écran son Sherlock; il avait alors 63 ans et ce fut son seul et unique film. C'est donc un document unique sur Gillette et sa caractérisation d'Holmes. Il lui donna une pipe recourbée, un chapeau de chasseur caractéristique et des robes de chambre très chic, des attribus qui furent repris par tous les interprètes postérieurs d'Holmes. Par chance, une copie française de ce film a été retrouvée à la Cinémathèque française dans des boîtes d'autres adaptations d'Holmes. Cette copie a été numérisée et restaurée en 4K et l'image est d'une qualité remarquable pour une copie de 1920 (l'année de sortie en France du film). Le film repose sur les épaules de Gillette qui s'impose sans difficultés à l'écran avec sa haute silhouette longiligne et son allure ascétique et impertubable. Pour ce qui est de la trame narrative, c'est une autre histoire. Le film suit fidèlement une pièce de théâtre sans chercher à en faire un objet cinématographique. Les intertitres nous annoncent à l'avance ce qui va se passer et il y a une absence quasi totale de suspense. Le réalisateur Berthelet filme les événements sans montrer aucun sens visuel autre que de capturer Gillette en action. Si on compare cette production Essanay avec de nombreux films de 1916, c'est un film très moyen. Il n'y que fort peu d'extérieurs et d'action. Pratiquement tout se passe en studio et les rares scènes de rue n'exploitent guère les décors naturels. Le montage est tout aussi poussif et chaque passage du plan large en plan moyen est souligné par un fondu enchaîné bien inutile à une époque où on savait déjà pourtant depuis longtemps réaliser des séquences courtes, rapides et efficaces. Ce film reste donc essentiellement un document sur William Gillette qui est ici entouré d'acteurs non dépourvus de talent tel que le français Ernest Maupain, embauché par la Essanay en 1915, dans le rôle de Moriarty et la jolie et fine Marjorie Kay en jeune fille en détresse. La relation Holmes-Watson est relativement peu exploitée, sauf à la toute fin du film où Holmes devient presque un adolescent rougissant lorsque son ami lui fait remarquer qu'il est tombé amoureux d'Alice. Holmes tripote alors nerveusement le revers du costume de Watson ce qui provoqua un rire amusé dans la salle. La séance d'hier était accompagnée avec beaucoup de talent par Neil Brand au piano, Andrew Bridgemont au violon et Franck Brockius aux percussions qui donnèrent un vrai relief au film à défaut d'une action trépidante. Une curiosité à défaut d'un grand film. Vous pouvez voir un extrait du film sur le site de la BBC.