lundi 29 novembre 2010

Le Lion des Mogols 1924

Un film de Jean Epstein avec Ivan Mosjoukine, Nathalie Lissenko et Camille Bardou

Le prince Roundghito-Sing (I. Mosjoukine) doit quitter précipitamment son pays car il est recherché par le Grand Khan, son ennemi. Il prend un bateau pour la France et il rencontre une équipe de cinéma dont la mystérieuse Anna (N. Lissenko) une comédienne...

Je ne pensais pas que le 'Kitsch' et le 'Camp' avaient existé au cinéma muet. Mais, la vision de ce Lion des Mogols m'a prouvé le contraire. A partir d'un argument signé de Mosjoukine lui-même, Epstein crée un film qui se veut à la fois mélo, conte des milles et une nuits et d'avant-garde. Mais, hélas, tous ces éléments restent disparates. Et à nouveau, on remarque l'absence de direction d'acteurs, y compris sur les figurants lors des premières scènes du film. Mosjoukine regarde fixement la caméra pendant de longues minutes en restant impassible. De plus, il se retrouve attifé d'un costume particulièrement croquignolet recouvert de perles avec un mini-short bordé de dentelles. Cette histoire rocambolesque aurait dû être traitée comme une comédie. D'ailleurs les meilleures scènes du film sont celles où il atterrit au milieu de l'équipe de cinéma dans son costume emperlé. Le reste de la narration est assez décousue et les personnages restent totalement plats. Je ne résiste pas à l'envie de vous citer ce qu'Abel Gance a pensé de ce film lorsqu'il l'a découvert en 1924: "Contrefaçon constante de La Roue. Les bons passages sont de moi. Scénario idiot. Décors, costumes et jeu à l’avenant. Mosjoukine n’est pas très loin d’être flambé. Epstein a un petit cœur enfermé dans une cuirasse d’acier. Prise de vue exagérée, factice, faite pour épater. Pas de fond. Des redites. Un échec." Cette critique lapidaire et féroce de Gance, en tous cas, met le doigt sur les faiblesses du cinéma d'Epstein. Comme d'autres, il s'est inspiré des techniques développées par Gance dans La Roue. Mosjoukine le fait dans Le Brasier Ardent (1923) et Volkoff dans Kean (1924). Mais, contrairement à ses deux exemples, Epstein est incapable d'intégrer intelligemment ces techniques dans un récit. Il abuse de la caméra subjective quand Mosjoukine se met à boire avec force images floutées. Quant à l'idée de la mise en abîme en montrant un studio de cinéma, elle n'était pas nouvelle. En 1920, Albatros-Ermolieff l'avait déjà fait pour L'Angoissante Aventure (Y. Protazanov) et Mosjoukine avait déjà joué un acteur de cinéma dans Derrière l'écran (1917, Azagarov) dont il ne subsiste qu'un fragment, hélas. L'accompagnement musical de Mathieu Regnault était compétent avec cependant des pauses un peu trop fréquentes.

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