L'aviateur Pierre Vignal (C. Vanel) s'écrase avec son avion sur la propriété d'un châtelain (J. Murat). Il tombe amoureux de la belle-soeur de celui-ci, Elisabeth (L. Hall-Davis). Mais, une nuit, il rencontre Hélène (S. Milowanoff) qui lui dit qu'elle est séquestrée par sa soeur et son mari...
Avec La Proie du Vent, René Clair réalise son premier film pour Albatros. Ce mélo, basé sur un roman à succès, pourrait entre d'autres mains être fort ennuyeux. Mais, Clair sait diriger ses acteurs et il a un sens de la composition qui rend le récit attrayant. Et, en plus, il est très bien servi par ses acteurs en particulier Charles Vanel. Le grand Charles interprétait rarement les amoureux transis à l'époque muette ; il jouait souvent les méchants. Mais ici, il est excellent en aviateur amoureux. Dans une superbe scène, il entreprend de s'emparer de la cigarette de Lillian Hall-Davis pour pouvoir la porter à ses lèvres (comme le feront Garbo et Gilbert dans Flesh and the Devil en 1927). Les deux actrices sont habilement contrastées avec d'un côté la patricienne anglaise Lillian Hall-Davis et de l'autre la blonde Sandra Milowanoff. C'est Milowanoff qui retient l'attention. Elle réussit à convaincre Vanel de sa séquestration et le pousse à partir en voiture pour une course folle. René Clair sait très bien rythmer cette course poursuite comme le faisait un L'Herbier dans L'Inhumaine. Comme Clair le fera dans Les Deux Timides (1928) et Un Chapeau de Paille d'Italie (1927), nous entrons dans les pensées de son personnage (Vanel) et nous visualisons ce que son imagination lui dicte. Charles Vanel est torturé par la jalousie et il imagine qu'Elisabeth entretient des rapports intimes avec le mari de sa soeur. Il se projette dans sa chambre et imagine une scène violente. Le seul reproche que l'on puisse faire au film, c'est la minceur de l'intrigue. Néanmoins, on retrouve la touche de René Clair avec la scène finale où un personnage s'eclipse sur la pointe des pieds laissant les amants réunis à leur étreinte. La copie présentée était typique des tirages des années 80, assez granuleuse et sale. Le teintage apportait finalement peu de chose. Les intertitres étaient mal minutés : il était parfois impossible de les lire jusqu'au bout. Hier soir, un ensemble de musiciens de jazz accompagnait le film. Ils étaient tous des musiciens de talent. Mais, on avait quand même l'impression d'assister à un concert de jazz avec projection vidéo plutôt qu'à une projection de film avec accompagnement musical. Si certaines séquences marchaient très bien avec la musique, il n'y avait pas suffisamment de variété dans les thèmes musicaux pour marquer les transitions entre les scènes. Au total, plutôt une bonne soirée.
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