Le réalisateur Lupu Pick |
Napoléon à Ste Hélène
Un film de Lupu Pick avec Werner Krauss, Albert Bassermann et Philippe Hériat
L'empereur (W. Krauss) déchu est envoyé sur l'Ile de Ste Hélène en compagnie de ses derniers fidèles. Un nouveau gouverneur est nommé, Hudson Lowe (A. Bassermann) qui va lui rendre la vie difficile...
Lorsqu'Abel Gance s'était lancé dans l'écriture du scénario de Napoléon, il avait préparé six parties qui couvrait la vie de l'empereur de son enfance à sa mort. Mais, après avoir englouti un budget conséquent, le tournage se limita à la première partie. En 1928, il vendit au réalisateur et acteur Lupu Pick le scénario de la sixième et dernière partie. Ironiquement, Lupu Pick avait tourné un bout d'essai pour Gance pour le rôle de Napoléon (voir photo ci-dessus), mais n'avait pas été retenu. Mais, ici, le rôle de l'empereur vieilli et malade est tenu par Werner Krauss. Il serait vain de comparer le chef d'oeuvre lyrique de Gance avec ce film nettement plus conventionnel. le réalisateur nous offre ici une sorte de théâtre filmé qui nous fait découvrir le petit monde de Longwood House, l'ancienne ferme où Napoléon et ses proches résident. Dans ce huis-clos, il règne une atmosphère parfois de cour en minuscule entre les deux seules dames de Longwood. Tous les soirs, pour le dîner, tout le monde met sur son plus bel habit et les femmes se parent de leurs plus beaux bijoux, comme si ils étaient encore au Palais des Tuileries. Ce désir de faire comme avant est évidemment compréhensible dans cette île battue par les vents, perdue au milieu de l'Atlantique Sud. Mais, on peut voir, derrière cet apparat de façade, des rats qui courrent sous les meubles. La situation se tend avec l'arrivée d'Hudson Lowe. C'est un gouverneur intransigeant, on pourrait même dire paranoïaque. Il confine Napoléon à l'intérieur de Longwood House avec des soldats devant sa fenêtre. Il lui refuse toute correspondance et lui enlève même le médecin qui le soignait, alors qu'il est gravement malade. Albert Bassermann est un excellent Hudson Lowe. Il secoue frénétiquement un buste du Roi du Rome qu'il suspecte de contenir un message. Face à lui, Werner Krauss est également un Napoléon convaincant. Il est allourdi, malade et mélancolique. Il contemple et étreint le buste de son fils qu'il ne reverra plus. Il essaie de rester digne face aux différentes humiliations concoctées par Hudson Lowe. Philippe Hériat joue avec talent le Général Bertrand qui fait partie du dernier carré des fidèles. (Il faut noter qu'il jouait le rôle de Salicetti, un ennemi mortel de Bonaparte dans Napoléon.) Werner Krauss réussit à rendre émouvante l'agonie de Napoléon entouré de ses derniers fidèles. Cinématographiquement parlant, ce film est terriblement statique et décoré d'une multitude de cartons avec des citations historiques. Il bénéficie de quelques extérieurs tournés sur l'Ile de Ste Hélène; mais presque tout le film a été tourné en studio. Somme toute, on prend un certain plaisir à cette reconstitution historique grâce au jeu des acteurs.
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