A la fin de 1925, Samuel Goldwyn rejoint la United Artists qui désormais distribuera tous ses films. Ronald Colman côtoit donc les stars et actionnaires du studio comme Charlie Chaplin et Douglas Fairbanks Sr, qui sont, pour lui, des idoles de jeunesse et des modèles. N'ayant aucun projet pour Colman au début de 1926, Goldwyn le prête à Joseph Schenk pour une comédie débridée avec Norma Talmadge, Kiki. Clarence Brown, qui rejoindra bientôt la MGM et dirigera Garbo dans de nombreux films, est le metteur en scène de cette comédie écrite par Hans Kräly. Ce film marque une transition importante pour Norma Talmadge (sœur de la comédienne Constance) qui est surtout connue du public pour ses mélodrames. Ici, elle est Kiki, une gamine des rues de Paris qui s'introduit dans la vie d'un directeur de théâtre (Ronald Colman) et utilise tous les moyens pour éliminer sa rivale. Ce film est un peu à cheval entre le slapstick et la sophisticated comedy. Colman se révèle extrèmement à l'aise dans cet univers : d'abord sûr de lui, pensant pouvoir séduire cette gamine facilement, puis de plus en plus irrité par son comportement (elle s'empare de sa chambre, se bat avec son valet, introduit ses chemises dans ses poches de veste…). Le film est un énorme succès dont Clarence Brown profite immédiatement avec un contrat flambant neuf à la MGM.
Ronald Colman après cette succession de comédie et de mélodrames souhaite tourner un film d'un genre différent. Il entend parler d'une adaptation du roman de Percival Christopher Wren, Beau Geste, au studio Famous Lasky Players (future Paramount) et insiste auprès de Goldwyn pour être prêté pour le rôle principal. Le film est certainement un nouveau départ: tourné entièrement dans le désert de l'Arizona, au sud de Yuma, sans héroïne à proprement parler, nous sommes dans le domaine de l'aventure virile par excellence. Le tournage dure trois mois par une température caniculaire sous la direction de l'irlandais colérique Herbert Brenon. Ce réalisateur est un grand nom du muet dont la carrière tournera court à l'arrivée du parlant et Beau Geste est considéré comme son chef d'œuvre. Du point de vue narratif, le film est exemplaire avec une utilisation du flash-back très novatrice. Le contenu est plus discutable pour un spectateur du XXIème siècle, en particulier, la vision pro-colonialiste qui a bien vieillie. Mais, force est de constater la qualité de l'interprétation, outre Colman, on retrouve William Powell en canaille et Noah Beery (demi-frère de Wallace) en ignoble sergent Lejaune. La légion etrangère est, pour la première fois au cinéma, utilisée comme élément romanesque ainsi que le désert. Le film eut un énorme impact sur nombres de grands réalisateurs tels que Samuel Fuller et David Lean. Le personnage de Colman, Michael 'Beau' Geste qui s'engage dans la légion pour protéger l'honneur de la famille, lui permet de créer un héros désabusé avec un romantisme noir qui sera repris plus d'une fois au cinéma, comme dans Le Grand Jeu de J. Feyder. Le film rapporte une fortune à la Paramount et ils en feront un remake en 1939 avec W.A. Wellman (en réutilisant le même fort Zinderneuf construit en 1926) qui une copie quasiment image par image du film de Brenon, le charme en moins. Le film reçoit La Photoplay Gold Medal du meilleur film de 1926.
Pour terminer l'année, Goldwyn entreprend de produire un western spectaculaire avec Vilma Banky et Ronald Colman. Il choisit Henry King comme metteur en scène et envoit tout le monde pour un tournage de trois mois dans le désert du Névada. The Winning of Barbara Worth (Barbara Fille du Désert) est une véritable expédition avec une quantité de matériel et de personnel impressionnant. Frances Marion, la scénariste, doit inventer rapidement des rôles pour les deux stars de Goldwyn à partir d'un roman à succès de Harold Bell Wright. Les personnages sont schématiques, mais, le film est visuellement magnifique. Il profite des superbes images de George Barnes (qui à partir de ce film photographiera presque tous les films de Colman) et des effets spéciaux halucinants de Carl Oscar Borg. Le film bénificie également d'un montage incroyablement efficace. Il y a une constante impression de mouvement : depuis la tempête de sable du début, le flot des charriots et des voitures, l'innondation avec les eaux en furie du Colorado et les images finales où nous voyons défiler à l'arrière d'une voiture, les orangeraies de Californie. Colman se montre plutôt à l'aise dans cet univers du western, qui n'est pas le sien. Et, on remarque un jeune cascadeur du Montana qui débute dans un petit rôle: Frank James Cooper, alias Gary Cooper!
Pour l'année 1927, Goldwyn décide de ne plus jamais prêter son acteur star qui se montre si rentable et lui fait signer un contrat d'exclusivité de 7 ans. Colman tourne donc coup sur coup deux films d'aventure en costumes: The Night of Love (La nuit d'amour) de G. Fitzmaurice et The Magic Flame (La flamme magique) d'Henry King, tous deux avec Vilma Banky. Dans le premier, il est un bandit tzigane qui enlève la promise du prince pour se venger de la mort de sa propre fiancée. Les costumes et décors sont somptueux et la cinématographie est signée George Barnes.
Ronald Colman après cette succession de comédie et de mélodrames souhaite tourner un film d'un genre différent. Il entend parler d'une adaptation du roman de Percival Christopher Wren, Beau Geste, au studio Famous Lasky Players (future Paramount) et insiste auprès de Goldwyn pour être prêté pour le rôle principal. Le film est certainement un nouveau départ: tourné entièrement dans le désert de l'Arizona, au sud de Yuma, sans héroïne à proprement parler, nous sommes dans le domaine de l'aventure virile par excellence. Le tournage dure trois mois par une température caniculaire sous la direction de l'irlandais colérique Herbert Brenon. Ce réalisateur est un grand nom du muet dont la carrière tournera court à l'arrivée du parlant et Beau Geste est considéré comme son chef d'œuvre. Du point de vue narratif, le film est exemplaire avec une utilisation du flash-back très novatrice. Le contenu est plus discutable pour un spectateur du XXIème siècle, en particulier, la vision pro-colonialiste qui a bien vieillie. Mais, force est de constater la qualité de l'interprétation, outre Colman, on retrouve William Powell en canaille et Noah Beery (demi-frère de Wallace) en ignoble sergent Lejaune. La légion etrangère est, pour la première fois au cinéma, utilisée comme élément romanesque ainsi que le désert. Le film eut un énorme impact sur nombres de grands réalisateurs tels que Samuel Fuller et David Lean. Le personnage de Colman, Michael 'Beau' Geste qui s'engage dans la légion pour protéger l'honneur de la famille, lui permet de créer un héros désabusé avec un romantisme noir qui sera repris plus d'une fois au cinéma, comme dans Le Grand Jeu de J. Feyder. Le film rapporte une fortune à la Paramount et ils en feront un remake en 1939 avec W.A. Wellman (en réutilisant le même fort Zinderneuf construit en 1926) qui une copie quasiment image par image du film de Brenon, le charme en moins. Le film reçoit La Photoplay Gold Medal du meilleur film de 1926.
Pour terminer l'année, Goldwyn entreprend de produire un western spectaculaire avec Vilma Banky et Ronald Colman. Il choisit Henry King comme metteur en scène et envoit tout le monde pour un tournage de trois mois dans le désert du Névada. The Winning of Barbara Worth (Barbara Fille du Désert) est une véritable expédition avec une quantité de matériel et de personnel impressionnant. Frances Marion, la scénariste, doit inventer rapidement des rôles pour les deux stars de Goldwyn à partir d'un roman à succès de Harold Bell Wright. Les personnages sont schématiques, mais, le film est visuellement magnifique. Il profite des superbes images de George Barnes (qui à partir de ce film photographiera presque tous les films de Colman) et des effets spéciaux halucinants de Carl Oscar Borg. Le film bénificie également d'un montage incroyablement efficace. Il y a une constante impression de mouvement : depuis la tempête de sable du début, le flot des charriots et des voitures, l'innondation avec les eaux en furie du Colorado et les images finales où nous voyons défiler à l'arrière d'une voiture, les orangeraies de Californie. Colman se montre plutôt à l'aise dans cet univers du western, qui n'est pas le sien. Et, on remarque un jeune cascadeur du Montana qui débute dans un petit rôle: Frank James Cooper, alias Gary Cooper!
Pour l'année 1927, Goldwyn décide de ne plus jamais prêter son acteur star qui se montre si rentable et lui fait signer un contrat d'exclusivité de 7 ans. Colman tourne donc coup sur coup deux films d'aventure en costumes: The Night of Love (La nuit d'amour) de G. Fitzmaurice et The Magic Flame (La flamme magique) d'Henry King, tous deux avec Vilma Banky. Dans le premier, il est un bandit tzigane qui enlève la promise du prince pour se venger de la mort de sa propre fiancée. Les costumes et décors sont somptueux et la cinématographie est signée George Barnes.
The Magic Flame le réunit pour la 5ème et dernière fois avec Henry King. Le film lui offre un challenge intéressant: un double rôle. Il est à la fois l'odieux et quelque peu assassin prince héritier et un saltimbanque/clown de cirque. Le scénario lui offre même l'opportunité de tuer son double, le prince, et d'emprunter son identité! Nous somme sur le territoire du Prisoner of Zenda (un de ses plus grands films de 1937) et de Scaramouche. Il est amusant de constater qu'il tourna 3 films avec un double rôle: The Magic Flame, The Masquerader et The Prisoner of Zenda. Malheureusement, The Magic Flame n'existe plus qu'à l'état de fragments non restaurés.
Goldwyn continue de capitaliser sur la valeur marchande de sa star en décidant de le rendre plus rare à l'écran. En 1928, il ne fait qu'un seul film à nouveau avec Vilma Banky, Two Lovers (Le Masque de Cuir) de Fred Niblo. Il est un vengeur masqué, dans le style de Zorro, dans la Flandre sous occupation espagnole du XVIIème siècle.
Goldwyn est ravi des bénéfices engrangés par son love team, Banky et Colman. Mais, il songe à le dissoudre pour former deux autres couples qui pourraient être aussi rentables, pense-t-il! Il fait donc venir de France en 1929 une certaine Lily Damita (future Mrs Errol Flynn). Elle sera l'héroïne dans le prochain film de Colman, The Rescue (Le Forban) d'Herbert Brenon. Il s'agit d'une adaptation d'un roman de Joseph Conrad et permet à Colman de quitter les films en costumes. Le tournage a lieu dans les Iles au large de Santa Cruz et à nouveau Barnes fait des merveilles pour la cinématographie (aidé par un jeune caméraman nommé James Wong Howe !). Le film a la réputation d'être lourd et décevant. Mais, un autre challenge bien plus important arrive: le parlant. Le micro qui terrifit les acteurs va se révéler un jeu d'enfant pour Colman...
A suivre
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire