Sylvia Landry (E. Preer), une jeune institutrice afro-américaine, part pour les états du sud. Elle est embauchée dans une école tenue par un pasteur qui veut éduquer les afro-américains illétrés...
En 1915, The Birth of a Nation provoque des émeutes et même une campagne de presse contre lui. Certes, ceux qui sont horrifiés par le racisme du film ne gagneront pas la partie. Après tout, Griffith a même reçu l'approbation du Président des Etats-Unis. Néanmoins, le film provoque un électrochoc parmi la population noire éduquée. Ils veulent voir des films où ils ne seront pas simplement représentés comme des violeurs, des bon-à-rien ou des domestiques sans éducation. Immédiatement, des sociétés de production cinématographiques dirigées par des afro-américains se créent. Oscar Micheaux va devenir son propre producteur-réalisateur. Il arrive du Dakota du Sud où il était fermier et écrivain. Une société voulait lui acheter un de ses romans, mais, il refuse: il veut réaliser le film lui même. Ce parfait autodidacte se lance donc dans l'aventure. Il a la fibre commerciale car il réussit très bien. Ses films sont distribués (par ses soins) dans environ 200 cinémas (réservés à la population noire) à travers le pays. Bon nombre de ses films muets sont perdus. Son film le plus ancien qui ait survécu est Within Our Gates où il attaque bille en tête le racisme des Etats du Sud, les lynchages (plus de 100 afro-américains sont encore tués ainsi en 1900 aux USA!) et prend le contrepieds de Birth of a Nation. Micheaux utilise son film pour propager des idées progressistes : l'éducation est la condition numéro un pour permettre aux afro-américains de ne plus être des citoyens américains de deuxième classe. Et ce n'est pas pour rien que son héroine est une institutrice qui a étudier dans le Nord et qui revient dans le Sud pour aider ceux qui en ont besoin. Micheaux ne prend pas de gants pour montrer un lynchage particulièrement violent. Les blancs sont armés de gourdins et vont pendre un fermier innocent ainsi que sa femme. Pendant ce temps, leur fille adoptive est victime d'une tentative de viol de la part d'un fermier blanc qui est une réponse directe à la fameuse scène de Birth of a Nation où Mae Marsh est poursuivi par un noir. Les séquences sont tellement graphiques que même certains cinémas de Chicago (réservés aux noirs) demandent à Micheaux de couper le lynchage. Mais, il le conserve précieusement pour le remettre plus tard. Son film est extrêmement précieux car il permet de voir la société américaine des années 20 sous un autre angle que celui généralement offert par Hollywood. Ici, les personnages afro-américains font partie de la classe moyenne et ne correspondent pas du tout au stéréotype du domestique qui roule les yeux. L'héroine est victime de ses origines, mais va néanmoins réussir à sauver l'école en trouvant des subsides auprès d'une richissime donatrice dans le Nord. Le film tord le coup aux préjugés. Mais, il contient lui aussi quelques caricatures comme le personnage du domestique noir, ami des blancs, qui va dénoncer un des siens (injustement) avant de se trouver lui-même victime des lyncheurs. Micheaux s'attaque aussi aux méfaits d'une religiosité excessive qui endort les populations noires pauvres avec des pasteurs qui leur conseillent de ne rester tels qu'is sont.
Comme réalisateur, Micheaux n'est certes pas un grand innovateur. Mais, il sait mettre son message en images d'une manière efficace. Ses acteurs ont tendance par moment à surjouer dans le registre mélodramatique, mais Evelyn Preer dans le rôle principal est tout à fait crédible. Enfin, pour tous ceux qui s'intéressent au cinéma muet américain, c'est un film à voir.
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