Un film de Mervyn LeRoy avec Edward G. Robinson, Aline MacMahon, Marian Marsh, H.B. Warner et Boris Karloff
Randall (E.G. Robinson) est rédacteur en chef à l'Evening Gazette de New York. Il est rappelé à l'ordre par les propriétaires qui constatent une baisse des ventes. On lui demande de ressortir un vieux fait divers impliquant une femme. Il envoie un de ses reporters, Isopod (B. Karloff) déguisé en pasteur, pour la rencontrer...
Je suis souvent déçue par les films de Mervyn LeRoy, particulièrement ceux de sa période MGM. Par contre à la Warner, au début des années 30, il profite de l'équipe technique et du système de ce studio qui lui apporte le rythme et l'ambiance qui lui manquera souvent plus tard. Ce Five Star Final est, en tous cas, une de ses plus grandes réussites avec I Am a Fugitive from a Chain Gang (1932). Le film dénonce d'une manière particulière virulente la 'presse de caniveau' qui inonde les kiosques américains. Le début du film donne le ton : un kiosquier est attaqué par un groupe de malfrats car il n'a pas mis suffisamment en évidence l'Evening Gazette. Puis, nous découvrons la rédaction de ce torchon à scandales. Les patrons sont sans scrupules, seulement intéressés par les chiffres de vente. On recrute des secrétaires en fonction de leur corsage bien rempli comme le fait remarquer la secrétaire (écoeurée) jouée par Aline MacMahon. Nous découvrons le rédacteur en chef Randall (E.G. Robinson) en train de se laver les mains. Cette obsession de la propreté reflète en fait son sentiment de culpabilité face au sale boulot qu'il doit faire. Il accepte, bon gré mal gré, de mettre en première page une femme qui fut acquittée 20 ans auparavant d'un meurtre. Elle est maintenant une mère de famille ordinaire et honnête qui s'apprête à marier sa fille. La publication de cet article va provoquer son suicide et celui de son mari. L'annonce de leurs morts par un reporter du journal, bien loin de provoquer un quelconque regret, ne provoque qu'un désir immédiat de capturer un scoop. Le scénario sans concession démonte un système corrompu où personne n'a de conscience, ni d'honnêteté. Dans le rôle central de Randall, Edward G. Robinson est une présence magnétique à l'écran. Parlant vite, Il est acéré, mais en même temps, il noie sa culpabilité dans un verre d'alcool dans un speakeasy. Boris Karloff joue avec intelligence un reporter pourri qui ne recule devant aucune compromission. Toutes les séquences au journal ont la force et la rapidité des meilleurs Warner. Par contre, toutes les séquences chez les Townsend, les malheureuses victimes de la campagne de presse, on retombe dans un style très théâtral et guindé. C'est bien dommage car le vétéran du muet H.B. Warner est émouvant en homme détruit. Quant à Marian Marsh, la fille des Townsend, elle se rattrape avec une scène d'hystérie face aux meurtriers de ses parents. Malgré ces quelques défauts, le film est percutant et conserve sa pertinence. Je recommande chaudement ce film qui est maintenant disponible chez Warner Archive dans une belle copie.
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