Un film de Josef von Sternberg avec Peter Lorre, Marian Marsh et Edward Arnold
L'étudiant en criminologie Raskolnikov (P. Lorre) assassine une prêteuse sur gage. L'inspecteur Porphyre (E. Arnold) enquête sur le meurtre...
En 1935, Sternberg a quitté les studios Paramount, où il a réalisé ses meilleurs films muets et parlants, pour la Columbia. En s'attaquant au chef d'oeuvre de Dostoievski, on pouvait attendre de Sternberg des merveilles. Il faut bien l'avouer, le film est une grosse déception par rapport à ses films précédents. Certes, la cinématographie de Lucien Ballard joue intelligemment avec les ombres et les lumières, mais la composition est terriblement académique. On dirait que Sternberg se contente de filmer le scénario en ne faisant aucun effort dans les mouvements de caméra, ni dans les cadrages. S'il s'agissait d'un film de Sam Wood, on serait peut être moins déçu par ce film de commande qui offre une vision hollywoodienne de la littérature russe. Mais, c'est bien Josef von Sternberg qui a réalisé The Last Command qui est aux manettes. Peter Lorre offre ce qu'il y a de mieux dans ce film. Son Raskolnikov sue la peur et réussit à nous faire croire au personnage. Mais, le reste n'est qu'une illustration académique. Le film est d'autant plus décevant que la même année, en France, Pierre Chenal a réalisé un Crime et Châtiment d'un tout autre calibre. Le jeu du chat et de la souris entre Raskolnikov (Pierre Blanchar) et Porphyre (Harry Baur) est fascinant, plein de tensions et de menaces. Chenal utilise les cadrages pour créer la peur et la tension, cette tension qui manque totalement au film de Sternberg. De même, les rapports entre Sonya (la superbe Madeleine Ozeray) et Raskolnikov sont infiniment plus complexes que le laisse supposer le film américain. Chenal sait également canaliser ces deux monstres sacrés que sont Blanchar et Baur qui peuvent se lancer dans le cabotinage s'ils ne sont pas tenus. En fait, je vous recommande de découvrir le film de Chenal plutôt que celui de Sternberg !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire