The Empire of Diamonds
Un film de Léonce Perret avec Robert Elliott, Léon Mathot, Lucy Fox, Laurent Morlas, Marcel Lévesque, et Henry G. Sell
Une compagnie new-yorkaise dans le commerce du diamant s'inquiète de l'afflux de faux diamants sur le marché européen. Elle envoie M. Versigny (R. Elliott) à Paris pour enquêter sur ce trafic. Il part avec sa fille (L. Fox). Il soupçonne l'anglais Arthur Graves (L. Mathot) d'être à l'origine de l'escroquerie...
Ce film de Perret a pour particularité d'être une co-production franco-américaine avec une distribution cosmopolite. Perret était partie en Amérique en 1919 et il amorce là on retour sur le vieux continent avec ce film de long métrage qui ressemble à un serial. La France était le producteur N°1 de films avant la guerre détenant 75% du marché mondial. Après celle-ci, elle re représente plus que 10%. La guerre a ruiné la production cinématographique européenne au profit des Américains. Ces derniers ont plus d'argent et du matériel plus moderne. Perret veut offrir ici un film qui puisse plaire autant au public américain qu'au public français. Le rythme est vraiment trépidant. Il y aurait matière à un serial à épisodes avec cette intrigue criminelle parsemée de kidnappings, meurtres et poursuites. Mais, ici, tout est condensé en 78 min. Nous passons à une vitesse folle de New York à Paris, puis à Londres, Nice et Monte-Carlo. A chaque fois, le film est réalisé en extérieurs, évitant pratiquement totalement les studios. Cela donne au film une atmosphère particulière qui accroit la crédibilité d'une intrigue échevelée. On reconnaît les techniques des serials Gaumont des années 10 réalisés par Feuillade et Perret. D'ailleurs, deux anciens acteurs se sont glissés dans la distribution: Laurent Morlas, un cascadeur émérite qui saute sur un train en marche dans Barrabas et l'hilarant Marcel Lévesque qui est ici un huissier qui répond au doux nom de Pigeon. Le film comporte plusieurs moments de frisson pur avec Morlas qui s'échappe d'un moulin à vent en flammes par ses ailes ainsi que des plongeons à haut risque dans la Méditerranée depuis des falaises à pic. Mais, ce qui m'a séduit plus que tout, c'est la composition des images qui rappelle les meilleurs Perret chez Gaumont. Son opérateur n'est plus Georges Specht, mais René Guissart qui réalisa là des plans de toute beauté: plans en ombres chinoises sur le bord des falaises, encadrement des fenêtres qui s'ouvre sur la Tour Eiffel, véranda ombragée, etc. C'est la véritable poésie de Perret qui s'exprime là. Certes les personnages n'ont pas le temps d'être défini avec précision, mais, les acteurs jouent avec naturel et sans charge. Léon Mathot est ici un criminel, lui qui jouait souvent les héros. Les acteurs américains apportent un jeu dépouillé et rapide qui sied au film. Dans l'ensemble, un bon Perret. La copie est malheureusement assez granuleuse.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire