lundi 14 juin 2010

Pêcheur d'Islande 1924


Un film de Jacques de Baroncelli avec Sandra Milowanoff et Charles Vanel

Cette adaptation du roman de Pierre Loti suit la destiné de Yann Goas (C. Vanel) un pêcheur de morue de Paimpol. Il part chaque année pour de longues campagnes de pêche en Islande. Gaud (S. Milowanoff) est amoureuse de lui ; mais, il refuse de l'épouser. Il se considère comme 'marié avec la mer'...Voilà un film que je voulais voir depuis plusieurs années et je n'ai pas été déçue. Le film a presque entièrement été tourné à Paimpol et à Ploubazlanec sur les lieux mêmes décrits par Loti. Charles Vanel (qui déjà à cette époque était spécialisé dans les rôles de méchants) est ici le héros Yann Goas, un pêcheur breton bourru et trapu. Il dit dans un livre d'entretien qu'il avait toujours rêvé d'être pêcheur et son rêve est exaucé dans ce film. Il forme un couple parfait avec la fragile Sandra Milowanoff, une actrice d'origine russe avec laquelle il a tourné pas moins de quatre films, y compris son unique réalisation Dans la nuit (1929). Il avait beaucoup d'admiration pour elle et on sent une vraie alchimie entre les deux acteurs. L'évocation de la vie rude des pêcheurs de morue est illustrée par des images d'archives qui les montrent en train de pêcher la morue au filet ou la ligne. On suit aussi la vie des femmes restées à terre qui attendent pendant de longs mois le retour de leur mari, père ou frère. Le départ pour une campagne de pêche est un moment de déchirement où toutes les femmes se rassemblent sur le quai pour dire adieu à leur époux. Yann embrasse une dernière fois Gaud qu'il a finalement épousée. Elle le suit le long de la côte jusqu'à ce que le navire disparaisse à l'horizon. On ne peut que louer le jeu des deux acteurs qui sont tous deux très sobres, mais réussissent à faire passer la violence de la séparation. Puis commencent les longs mois d'attentes et les femmes se rassemblent au pied de la Croix des Veuves pour attendre le retour des bateaux. Tout près de là, il y a, dans le cimetière de Ploubazlanec, 'le mur des disparus en mer' qui resence les noms de tous les pêcheurs et les bateaux disparus lors de la pêche en Islande. La région a payé un lourd tribu pour cette pêche dangereuse. Yann fait partie de ceux qui ne reviendront pas; il rejoindra les disparus en mer comme il en avait le pressentiment. Baroncelli utilise les surimpressions avec intelligence et son film échappe au syndrome de la couleur locale artificielle. Il a utilisé les habitants de Paimpol pour la figuration; mais ils s'intègrent merveilleusement avec les acteurs. Vanel se souvient que durant le tournage les gens l'interpellaient dans la rue: "Hé Yann!" comme si il était le personnage de Loti! La copie que j'ai vue était de toute beauté et probablement issue du négatif original. Le film a été projeté au Magic Cinéma de Bobigny malheureusement trop rapidement (on devait être proche de 24 im/sec). La musique électronique qui l'accompagnait était dans l'ensemble pas mal, en tous cas, elle suivait l'atmosphère de chaque scène (ce qui est loin d'être toujours le cas!). Une très bonne soirée.

1 commentaire:

Aunrys a dit…

Merci pour cette évocation d'un film dont j'ignorais m'existence et qui ma donné envie de le voir un jour.
Je me suis permis de l'évoquer ici
https://motslies.com/2020/05/25/journal-intime-pierre-loti/
en emprunter votre illustration ... que je retirerai si vous le souhaitez.
Cordialement.
aunryz