dimanche 22 janvier 2012

Underground 1928

Norah Baring et Brian Aherne
Un cri dans le métro
Un film d'Anthony Asquith avec Elissa Landi, Brian Aherne, Norah Baring et Cyril McLaglen

Nell (E. Landi), une jeune vendeuse dans un grand magasin est importunée par Bert (C. McLaglen) dans le métro londonien. Bill (B. Aherne), un employé du métro, la débarrasse de l'importun...

Elissa Landi et Cyril McLaglen
Pour son deuxième film en tant que réalisateur, Anthony Asquith montre une maîtrise de grand professionnel. La réalisation est millimétrée, parfaitement rythmée et la direction d'acteurs n'est pas en reste. Utilisant avec virtuosité le 'Tube' londonien, il suit son quatuor de personnages qui se rencontrent dans ce souterrain surpeuplé. Nell (Elissa Landi) est en but aux avances d'un malotru (C. McLaglen) qui pense pouvoir la séduire facilement. Mais, c'est le sympathique Bill (Brian Aherne) qui va capturer son coeur. Ils se rencontrent dans un escalator où il va se retrouver en possession de son gant et va vouloir le rendre à sa propriétaire. Le flirt entre Bill et Nell ne fait qu'exacerber la jalousie de Bert qui est employé dans une centrale électrique. Réalisant qu'il n'arrive à rien, il organise un coup monté avec sa petite amie Kate (N. Baring) pour décrédibiliser Bill. Sur cette trame très simple, Asquith réalise un film qui nous montre la vie de tous les jours parmi les londoniens des classes laborieuses. Chaque personnage est identifié et parfaitement décrit dans son environnement professionnel et personnel. Anthony Asquith a parfaitement assimilé toutes les techniques cinématographiques développées en Allemagne et en France: ombres expressionnistes, caméra subjective, travelling rapide, montage accéléré etc. Il intègre chaque élément avec sobriété et élégance à son récit sans chercher à faire de l'esbroufe. Alternant l'humour et la tension, il construit un film qui atteint son paroxysme avec la scène de poursuite entre Aherne et McLaglen. Elle commence sur les toits de la centrale électrique, se poursuit sur les quais de la Tamise avant de se terminer dans les tunnels et un ascenceur du métro. Il prend son temps pour nous montrer le jeune couple, Nell et Bill, en train de pique-niquer dans un parc avant de redescendre dans l'enfer du métro souterrain. Ce film a fait l'objet d'une restauration par le BFI en 2009 qui en avait profité pour commander une nouvelle partition au musicien Neil Brand, un spécialiste du cinéma muet. Malheureusement, à Paris, les organisateurs de cette projection n'ont guère montré de soin dans cette présentation. Tout d'abord, le film a été projeté sur un écran minuscule au Théâtre du Châtelet (qui est pourtant suffisamment vaste pour en accueillir un plus grand) qui a été en plus couvert d'un halo de lumière durant toute la projection et rendait la visibilité des scènes sombres fort difficile. Du coup, il est bien difficile d'apprécier la qualité de la restauration (voir video sur le site du BFI). Il n'y avait aucune traduction des intertitres, un geste qui montre le peu de cas qui était fait du film. Et puis, il y avait la musique. Le film était bizarrement inclus dans un festival de musique contemporaine organisé par Radio France. La star de la projection n'était pas le film d'Asquith, mais un musicien argentin, Oscar Strasnoy. Ce compositeur nous a asséné pendant 90 min un motif minimaliste répétitif qui a ignoré le mouvement, le comique et le tragique des scènes. Entre deux bruitages (jappements et bavardages), les musiciens cessaient de jouer dès qu'un instrument de musique apparaissait à l'écran. Pas question pour eux d'accompagner un piano, une flûte ou un harmonica ! Malgré le peu de professionnalisme de cette projection dans son ensemble, j'ai quand même pu apprécier cet excellent film d'Asquith qui mérite bien plus d'égards. 

2 commentaires:

Moira Finnie a dit…

Merci, Ann. This looks like a movie that I would love.

Ann Harding a dit…

I am sure you would, Moira. There is good chance the BFI will do a DVD at some point. Let's keep our fingers crossed.