Un film de Marco de Gastyne avec Simone Genevois,Gaston Modot, Philippe Hériat et Jean Debucourt
La vie de Jeanne d'Arc de son adolescence à Domrémy jusqu'au bûcher à Rouen.
Ce film à grand spectacle a été tourné en même temps que La Passion de Jeanne d'Arc (1928) de Dreyer. De nos jours, le film de Dreyer est un grand classique indétrônable et le film de Gastyne, un oublié de l'histoire du cinéma. Et c'est bien dommage. Il serait vain de comparer les deux films car Dreyer réalise une oeuvre intime et entièrement en studio. Il se concentre sur le procès et la mort de Jeanne alors que celui-ci déroule la vie de Jeanne de Domrémy à sa mort. En 1927, lorsqu'on commence le tournage du film, le cinéma français essaie de son mieux de concurencer le cinéma américain en produisant des films que l'on nommerait de nos jours des super-productions. Abel Gance tourne Napoléon, Gaston Ravel Madame Récamier et Raymond Bernard Le Joueur d'Echecs. Jeanne d'Arc est évidemment un personnage à part dans l'histoire de France. On a toujours essayé de récupérer son image à des fins politiques (il en est encore ainsi de nos jours). Les intertitres de ce film sont sans ambiguité: il s'agit d'un 'film national' qui est là pour exalter les sentiments patriotiques. Le film commence par une citation de Michelet exaltant la 'France éternelle'.
Heureusement, le film dépasse largement le simple message patriotique. Pour le rôle principal, une jeune fille de 16 ans a été sélectionnée parmi plus de 1000 candidates: Simone Genevois. Elle n'était pas une débutante au cinéma. Elle avait déjà joué enfant avec Ivan Mosjoukine dans La Maison du Mystère (1922, A. Volkoff) et elle était l'adolescente Pauline Bonaparte dans Napoléon (1927, A. Gance). Elle doit endosser les différentes personalités de Jeanne: simple paysanne pieds nus, jeune femme habillée en homme rencontrant le Dauphin, guerrière revêtue d'une cuirasse, prisonnière des anglais et finalement supliciée sur le bûcher. Voilà un rôle qui demande beaucoup de travail de la part de son interprète! Simone Genevois, certainement très bien dirigée par le metteur en scène, se montre à la hauteur du challenge. On croit de bout en bout à sa Jeanne. Elle a la jeunesse pour elle, l'innocence, le naturel et même l'humour lorsqu'il le faut.
Autour d'elle, s'agitent de nombreux personnages tels que le très indécis Charles VII (excellemment interprété par Jean Debucourt) et le dangereux Gilles de Rais (Philippe Hériat à l'allure impériale). Chaque personnage secondaire a été choisi avec soin, de même que les figurants qui offrent des trognes dignes de Bruegel. Le film se décline en deux parties. La première montre Jeanne recevant le 'message de Dieu' et partant rejoindre le Dauphin suivi du siège d'Orléans. La deuxième partie est consacrée à son emprisonnement, son procès et sa mort. Il faut préciser que ce film était à l'origine beaucoup plus long que la copie actuelle (un bon tiers est encore manquant). On sent particulièrement les manques dans la première partie du film qui contient de nombreux fragments issus d'une copie 17,5 mm (Pathé rural). Il en résulte parfois une impression de vide pour certains personnages qui sont peu détaillés. Néanmoins, le film conserve son ampleur grâce à des scènes de bataille spectaculaires avec de nombreux figurants. Le réalisateur a eu la bonne idée de choisir de filmer à Reims, Carcassonne, Pierrefonds, Aigues-Mortes et au Mont-Saint-Michel (pour le procès). En combinant ces différents lieux, il réussit à recréer un moyen-âge tout à fait crédible.
Le procès final est également une grande réussite avec une Jeanne fragile, mais qui répond intelligemment aux questions tordues de ses juges. Puis, la scène finale sur le bûcher donne véritablement froid dans le dos dans son dépouillement. Pour un tel film, il faudrait une partition orchestrale de premier ordre. Une projection en silence réduit singulièrement l'impact des grandes scènes de bataille. Le film avait été diffusé par le passé avec un accompagnement musical au synthétiseur qui était une première tentative de lui rendre la couleur qu'il mérite. On espère qu'un jour ce film trouvera le chemin du DVD.
La vie de Jeanne d'Arc de son adolescence à Domrémy jusqu'au bûcher à Rouen.
Ce film à grand spectacle a été tourné en même temps que La Passion de Jeanne d'Arc (1928) de Dreyer. De nos jours, le film de Dreyer est un grand classique indétrônable et le film de Gastyne, un oublié de l'histoire du cinéma. Et c'est bien dommage. Il serait vain de comparer les deux films car Dreyer réalise une oeuvre intime et entièrement en studio. Il se concentre sur le procès et la mort de Jeanne alors que celui-ci déroule la vie de Jeanne de Domrémy à sa mort. En 1927, lorsqu'on commence le tournage du film, le cinéma français essaie de son mieux de concurencer le cinéma américain en produisant des films que l'on nommerait de nos jours des super-productions. Abel Gance tourne Napoléon, Gaston Ravel Madame Récamier et Raymond Bernard Le Joueur d'Echecs. Jeanne d'Arc est évidemment un personnage à part dans l'histoire de France. On a toujours essayé de récupérer son image à des fins politiques (il en est encore ainsi de nos jours). Les intertitres de ce film sont sans ambiguité: il s'agit d'un 'film national' qui est là pour exalter les sentiments patriotiques. Le film commence par une citation de Michelet exaltant la 'France éternelle'.
Heureusement, le film dépasse largement le simple message patriotique. Pour le rôle principal, une jeune fille de 16 ans a été sélectionnée parmi plus de 1000 candidates: Simone Genevois. Elle n'était pas une débutante au cinéma. Elle avait déjà joué enfant avec Ivan Mosjoukine dans La Maison du Mystère (1922, A. Volkoff) et elle était l'adolescente Pauline Bonaparte dans Napoléon (1927, A. Gance). Elle doit endosser les différentes personalités de Jeanne: simple paysanne pieds nus, jeune femme habillée en homme rencontrant le Dauphin, guerrière revêtue d'une cuirasse, prisonnière des anglais et finalement supliciée sur le bûcher. Voilà un rôle qui demande beaucoup de travail de la part de son interprète! Simone Genevois, certainement très bien dirigée par le metteur en scène, se montre à la hauteur du challenge. On croit de bout en bout à sa Jeanne. Elle a la jeunesse pour elle, l'innocence, le naturel et même l'humour lorsqu'il le faut.
Autour d'elle, s'agitent de nombreux personnages tels que le très indécis Charles VII (excellemment interprété par Jean Debucourt) et le dangereux Gilles de Rais (Philippe Hériat à l'allure impériale). Chaque personnage secondaire a été choisi avec soin, de même que les figurants qui offrent des trognes dignes de Bruegel. Le film se décline en deux parties. La première montre Jeanne recevant le 'message de Dieu' et partant rejoindre le Dauphin suivi du siège d'Orléans. La deuxième partie est consacrée à son emprisonnement, son procès et sa mort. Il faut préciser que ce film était à l'origine beaucoup plus long que la copie actuelle (un bon tiers est encore manquant). On sent particulièrement les manques dans la première partie du film qui contient de nombreux fragments issus d'une copie 17,5 mm (Pathé rural). Il en résulte parfois une impression de vide pour certains personnages qui sont peu détaillés. Néanmoins, le film conserve son ampleur grâce à des scènes de bataille spectaculaires avec de nombreux figurants. Le réalisateur a eu la bonne idée de choisir de filmer à Reims, Carcassonne, Pierrefonds, Aigues-Mortes et au Mont-Saint-Michel (pour le procès). En combinant ces différents lieux, il réussit à recréer un moyen-âge tout à fait crédible.
Le procès final est également une grande réussite avec une Jeanne fragile, mais qui répond intelligemment aux questions tordues de ses juges. Puis, la scène finale sur le bûcher donne véritablement froid dans le dos dans son dépouillement. Pour un tel film, il faudrait une partition orchestrale de premier ordre. Une projection en silence réduit singulièrement l'impact des grandes scènes de bataille. Le film avait été diffusé par le passé avec un accompagnement musical au synthétiseur qui était une première tentative de lui rendre la couleur qu'il mérite. On espère qu'un jour ce film trouvera le chemin du DVD.
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