En Angleterre, dans les années 1860, Lady Isabel (A. Harding) épouse Robert Carlyle (C. Nagel). Son mariage d'amour devient rapidement un enfer dans le domaine d'East Lynne où elle est constamment tenue à l'écart par sa belle-soeur, la terrible Cornelia (C. Loftus). Accusée injustement d'adultère par celle-ci, elle quitte son époux et est forcée de laisser son enfant derrière elle. Des années d'exil commencent...
Cette majestueuse production Fox est une adaptation d'un roman victorien d'Ellen Wood. Le film - qui était déjà la Nième version cinématographique de ce roman - fut un gros succès auprès du public et fut même nominé aux Oscars en 1931 dans la catégorie 'meilleur film.' La Fox engagea de grosses dépenses pour donner au film toutes les 'production values' possibles et elle se fait prêter Ann Harding par Pathé à grands frais. On est, de nos jours, vraiment étonné du standing d'un Frank Lloyd à cette époque. Ses films étaient régulièrement nominés aux Oscars alors que son style visuel n'avait rien de remarquable si on le compare à nombres de ses confrères à l'époque. Si cette production présente un intérêt, c'est essentiellement dû à la présence d'Ann Harding dans le rôle principal. Le sujet de ce mélodrame devait déjà être assez poussiéreux en 1931, mais le charme a opéré auprès du public.
L'héroïne se débat vaillamment dans un monde fait et dirigé par les hommes. La douce Lady Isabel est une victime de cette société patriarcale profondément injuste qui ne donne strictement aucun droit à une femme. Elle est une épouse et une mère. Mais, elle est totalement sous la coupe de son mari froid et absent quand elle n'est pas malmenée par sa détestable belle-soeur qui dirige le domaine d'une main de fer. Accusée à tord, elle ne peut que partir et renoncer à son enfant. En route pour un exil vers Calais, elle rencontre William Levison (Clive Brook) et décide de le suivre. Ils vivent ensemble -hors des liens du mariage- à Vienne, puis à Paris. Ils sont constamment poursuivis par les commérages et elle par l'épouvantable culpabilité d'avoir abandonné son fils. Les événement historiques les rattrapent dans le Paris assiégé et affamé de 1870. Le final est au diapason avec le suicide de l'héroïne après avoir revu une dernière fois son fils.
Avec un rôle aussi chargé et mélodramatique, Ann Harding a fort à faire pour rendre son personnage crédible. Elle y parvient néanmoins, particulièrement durant la scène où elle explose littéralement face à son mari et sa soeur. Elle parvient enfin à exprimer la boule de frustrations et d'humiliations qu'elle a subie. Laissant libre court à son exaspération, elle dit tout sans ambages. Elle le paiera cher, mais, elle ne recule pas. Face à elle, Conrad Nagel est raide comme un piquet et aussi expressif qu'une bûche. Cecilia Loftus est plus subtile en soeur machiavélique. Quant à Clive Brook, qui est souvent fort raide, il se montre finalement plutôt intéressant en amant de la belle. Ce diplomate déchu -qui est en partie responsable de la déchéance d'Isabel- donne une enveloppe consistante à cet homme égoïste qui ne comprend pas vraiment son sacrifice. La mise en scène de Lloyd est assez académique avec cependant quelques travellings bien venus. Il a pourtant à sa disposition des moyens importants comme pour la reconstitution du Paris de 1870 bombardé par les Prussiens. Le film peut se voir comme un mélo traditionnel de cette époque où le Hollywood des années 30 adorait les romans anglais victoriens.
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