Un film de Jacques Feyder avec Gaby Morlay, Albert Préjean et Henry Roussell
Suzanne Verrier (G. Morlay) est danseuse à l'opéra. Elle est entretenue de façon somptuaire par le comte de Montoire-Grandpré (H. Roussell), un aristocrate nettement plus âgé qu'elle qui siège à la chambre des députés. Mais, à l'Opéra, l'électricien Gaillac (A. Préjean) est amoureux de la belle Suzanne. Lors d'une réunion syndicale, Suzanne commence à le voir sous un autre jour. Il est en effet un des leaders de la CIT, un syndicat puissant. Elle le suit lors d'un meeting qui dure toute la nuit. Ils terminent leur escapade par un plongeon dans la Seine, près de l'Ile aux Cygnes. Suite à la chute du cabinet, des élections sont annoncées. Gaillac devient député puis ministre...
Cette formidable comédie signée Jacques Feyder est certainement un des plus beaux films français de l'époque. Le scénario adapté de Flers & Croisset offre une vue humoristique des politiciens d'antant (encore que beaucoup de choses n'ont pas changé depuis! La vision de Feyder de la chambre des députés est tout à fait moderne: certains font leur courrier, d'autres dorment, les discours se suivent et se ressemblent de droite à gauche. Mais, c'est une scène dans la chambre des députés qui provoqua la foudre la censure à l'époque: un député s'endort et rêve que les danseuses de l'Opéra ont envahi l'hémicycle. Le film fut interdit pendant plusieurs mois, ce qui provoqua le départ de Feyder pour l'Amérique. Les acteurs principaux sont tous formidables. Une très jeune Gaby Morlay montre un charme et une exhubérance sans faille; le vieil aristocrate est parfaitement dessiné par Henry Roussell (qui était aussi metteur-en-scène) et pour finir, Albert Préjean est gouailleur et dynamique. De nombreuses scènes seraient à citer comme celle de l'inauguration où Préjean -fraîchement nommé ministre- presse le pas car il reçoit télégramme sur télégramme lui annonçant la chute du nouveau cabinet. L'accelération n'est pas sans rappeler René Clair. Suzanne et Gaillac se rendent à un meeting syndical qui vire doucement au petit bal pop', suit une promenade en voiture puis une flanerie en bord de Seine qui annonce le futur réalisme poétique de Carné-Prévert. La fin -que je ne dévoilerait pas- échappe aux conventions. Finalement, la comédie est douce-amère. Je n'oublie pas de mentionner les décors formidables de modernité de Meerson qui donnent au film un cachet tout spécial. Formidable. Espèrons que la Cinémathèque fera l'effort de sortir ce petit chef-d'oeuvre en DVD.
2 commentaires:
La Cinémathèque française, qui possède les droits du film, travaille en effet à l'édition DVD du film. Nous réfléchissons à un coffret des 3 films que Jacques Feyder a tournés pour la Société des Films Albatros, à savoir : Carmen, Gribiche et Les nouveaux messieurs.
Une édition dvd de ce film serait en effet très bienvenue !
Prions également qu’un jour le "Thérèse Raquin" (1928) de Jacques Feyder soit retrouvé, ... on peut toujours croire aux miracles !
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