mercredi 1 février 2012

A Lady To Love 1930

Un film de Victor Sjöström avec Edward G. Robinson, Vilma Banky et Robert Ames

Tony Patucci (E.G. Robinson) est viticulteur dans la Napa Valley en Californie. En visite à San Francisco, il remarque une jeune serveuse, Lena (V. Banky) et en tombe amoureux. Il lui envoie une lettre pour lui proposer de l'épouser. Mais, au lieu de joindre sa photo, se trouvant trop vieux et trop laid, il met celle de son ami Buck (R. Ames). Lena accepte et arrive à Napa...

E.G. Robinson, R. Ames et V. Banky
En 1925, Sidney Howard, un dramaturge réputé de Broadway, avait écrit une pièce à succès They Knew What They Wanted qui reçut le prix Pulitzer. Dès 1928, le cinéma s'en empare avec une première adaptation muette de Rowland V. Lee, The Secret Hour, avec Pola Negri et Jean Hersholt. En 1930, Victor Sjöström réalise son premier film parlant à Hollywood avec A Lady To Love. Il repartira pour l'Europe immédiatement après. On sent que le grand Victor se désintéresse de ce cinéma parlant où les contraintes imposées par l'ingénieur du son doivent être écrasantes. Même si le montage est parfois assez bancal, la direction d'acteurs montre que Sjöström connait bien son métier. La pièce de Howard s'intéresse à un homme d'âge mûr qui cherche à se marier avec une femme bien plus jeune que lui. Il lui offre cependant une vie confortable dans sa maison de la Napa Valley comparée à celle qu'elle avait dans un petit restaurant populaire de San Francisco. Mais, Tony a trop peur de lui déplaire et préfère utiliser la photo de son ami Buck pour attirer la belle. Le choc est brutal lorsqu'elle arrive et qu'elle découvre que son futur époux n'est pas tout jeune et ne ressemble guère à la photo. Lena est furieuse contre Buck qui s'est prêté à cette masquarade, croit-elle. Mais, elle va néanmoins épouser Tony, bien que celui-ci soit immobilisé par une double fracture des jambes. Le soir-même de ses noces, Lena succombe au charme de Buck. Tony réalisera son infortune, mais lui demandera quand même de rester. Dans ce rôle fort en gueule, Edward G. Robinson utilise un accent italien à couper au couteau, et qui n'est pas très convaincant (pas plus que dans Tiger Shark !). Mais, Edward fait un numéro de cabotinage suffisamment carabiné pour qu'on s'intéresse à lui. Il remplit l'écran de sa forte présence, même s'il est couché durant une bonne partie du film. Face à lui, on pourrait craindre que la blonde hongroise Vilma Banky ne fasse pas le poids. En fait, pas du tout, elle réussit l'exploit de lui tenir tête et montre qu'elle n'avait pas grand chose à craindre du cinéma parlant. Vilma Banky avait été importée à Hollywood par Samuel Goldwyn en 1925 pour être la partenaire de Ronald Colman. Elle fut aussi la partenaire de Rudolph Valentino dans deux films, dont l'excellent The Eagle (L'Aigle noir, 1925). Dès sa première scène, on voit que sa voix grave et posée passe superbement au micro. Son accent, loin d'être rédhibitoire, lui donne un charme équivalent à celui de Garbo. Evitant toute emphase théâtrale, elle donne la réplique du tac au tac à un Robinson déchaîné auquel elle fait une toilette décapante dans son lit. Le film profite de ces années où la censure est légère pour nous montrer l'attraction entre Lena et Buck, bien que celle-ci soit mariée. Le ton du film reste assez léger et se termine par une réconciliation entre les deux époux mal assortis. Ce film est une vraie curiosité dans la carrière de Sjöström et de Robinson. 

Aucun commentaire: