lundi 14 juin 2010

Les Misérables 1925



Un film d'Henri Fescourt en 4 parties
avec Gabriel Gabrio, Sandra Milowanoff et Jean Toulout

Les deux premières parties de cette version muette des Misérables sont réellement superbes aussi bien visuellement, esthétiquement et par le jeu des acteurs. J'ai été frappée à quel point cette version doit avoir influencé Raymond Bernard pour celle de 1934. On y retrouve de nombreuses scènes quasiment à l'identique. Mais, la différence principale avec le formidable film de Bernard, c'est que Fescourt a tourné pratiquement tout sur les lieux du roman: Digne et Montreuil-sur-mer. Le film étant plus long (env. 8h au lieu de 4h30), on y gagne en détails sur les personnages. Par exemple, nous découvrons en flash-back, les débuts de l'ignoble Thénardier qui pille les cadavres sur le champ de bataille de Waterloo ainsi que la jeunesse de Valjean et comment il est envoyé au bagne après le vol d'un pain pour nourrir ses frères et soeurs. Les différents acteurs sont très bien choisis. En particulier Gabriel Gabrio avec son physique de colosse et son regard brûlant, la petite Andrée Rolane, une Cosette à l'air fragile et douloureux, George Saillard et Renée Carl en couple Thénardier particulièrement vicieux et Sandra Milowanoff superbe Fantine. Certaines scènes (absentes dans la version Bernard) me restent en mémoire. Cosette (A. Rolane) trainant un seau, plus grand qu'elle, jusqu'à la fontaine. Elle voit les arbres se transformer en monstres fantastiques avec des bras et des yeux luisants dans les ténèbres, exactement comme le fera Disney en 1937 dans Blanche-Neige. Autre scène déchirante, Fantine (S. Milowanoff) décidant de se prostituer pour payer la pension de Cosette. Elle sort dans un quartier mal famé de Montreuil-sur-mer, et observe les femmes qui racolent. Elle hésite, sursaute quand un homme la touche au bras, s'éloigne effrayée, puis, plus tard accepte le bras d'un autre client, désabusée. Et finalement, Valjean (G. Gabrio) emmenant Cosette à Paris dans un bouge: la maison semble tout droit sortie d'un conte de Grimm, la masure Gorbeau. Puis leur fuite alors que Javert est à leurs trousses. Valjean réussit à hisser la petite en haut d'un mur alors qu'ils sont pris dans un cul-de-sac...L'utilisation des paysages avec ses arbres au formes déchiquetées et l'arrivée de Valjean au début du film perché sur un pic rocailleux: en une image, le ton du film est donné. Vivement la suite!
Il y a plusieurs scènes fantastiques dans cette dernière partie tournées dans le Paris des années 20. Tout d'abord l'atmosphère des rues aux pavés disjoints avec ses façades aux murs lépreux où gambade un Gavroche qui semble tout droit sorti de 1830. Le guet-apens dans la masure des Thénardiers est une grande réussite avec son clair-obscur et les visages grimaçants de gargouille des malfrats. Gabrio n'est pas aussi émouvant que Harry Baur (dans le film de Raymond Bernard de 1934) mais, il est néanmoins superbe dans la scène des égouts où il transporte Marius sur ses épaules puissantes. Jean Toulout -qui était une spécialiste de rôles de méchants à cette époque- donne un inquiétant relief à Javert. Dans ces deux dernières parties, Sandra Milowanoff joue le rôle de Cosette adulte après avoir tenu celui de Fantine. Elle réussit à nuancer très bien ses deux personnages. Fescourt suit un discourt narratif, certes linéaire, mais qui tient très bien la route grâce à la beauté des images et à la performance des acteurs. Espérons que le film sera bientôt disponible en DVD!!!

1 commentaire:

Jose a dit…

https://www.cinematheque.fr/henri/film/145193-les-miserables-episode-4-henri-fescourt-1925/
maybe you already know it by my other comment but i was heartbroken by this