La Femme du pharaon
Un film d'Ernst Lubitsch avec Emil Jannings, Paul Wegener, Harry Liedtke, Dagny Servaes et Albert Bassermann
Théonis (D. Servaes), une esclave grecque, est enlevée par Ramphis (H. Liedtke). Mais, tous deux sont capturés par les soldats du pharaon, Amenes (E. Jannings) pour avoir approché son nouveau palais du trésor. Amenes, tombé follement amoureux de Théonis, lui demande de l'épouser en échange de la libération de Ramphis...
C'est l'avant-dernier film d'Ernst Lubitsch réalisé en Allemagne avant son départ pour Hollywood. Pour cette production colossale, on lui a donné de grands moyens humains (des centaines de figurants) et des décors gigantesques qui pourraient rivaliser avec une production biblique de C.B. DeMille. Comme dans la plupart des grandes productions historiques allemandes de Lubitsch, les acteurs pratiquent un cabotinage particulièrement outrancier. Emil Jannings roule des yeux et s'agite ; Paul Wegener nous fait des grimaces sous sa perruque bouffante et son maquillage noir ; Harry Liedtke bat l'air de ses bras. Quant à l'héroïne, Dagny Servaes, elle se contente de regarder le ciel en croisant les mains avec un air douloureux. Il est évident qu'Ernst Lubitsch leur a demandé spécifiquement de jouer leur rôle de cette manière théâtrale et outrée. Si vous regardez Sumurun (1920, E. Lubitsch), le grand Ernst y joue également de cette manière, probablement héritée du théâtre de Max Reinhardt. Ce n'est que bien plus tard, en Amérique, qu'il adoptera un style de jeu plus épuré pour ses acteurs. Le scénario signe Hans Kräly (un des grands complices de Lubitsch) et Norbert Falk contient les clichés habituels du péplum égyptien, un peu entre Aïda et Die Sklavenkönigin (1924, M. Kertész alias Curtiz). Cependant, on suit l'histoire de cette belle esclave qui fait des ravages dans le coeur des hommes avec intérêt. Tout d'abord, il y a la superbe cinématographie de Theodor Sparkuhl qui joue de l'ombre et de la lumière avec raffinement. Il travaillera plus tard avec Renoir pour La Chienne (1931) et à la Paramount. La nouvelle restauration est un vrai festin pour les yeux avec ses teintages et virages chatoyants. Et puis, il y a la superbe partition originale d'Eduard Künneke qui a été reconstituée par Frank Strobel. La musique allemande des années 20 est celle du post-romantisme chatoyant et flamboyant de Richard Strauss. Künneke offre un écrin luxueux à cette histoire égyptienne en donnant à chaque personnage des thèmes et des couleurs qui leur apportent une vie intérieure qui serait invisible sans la musique. La flamboyance de la musique est en parfaite harmonie avec le jeu 'opératique' des acteurs. Je crois bien que sans elle, j'aurais pouffé de rire plus d'une fois. Au total, une super-production de luxe qui se laisse regarder avec plaisir.
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