Un film de Gaston Ravel avec Marie Bell, Françoise Rosay, Victor Vina, Emile Drain, Charles Le Bargy et François Rozet
Cette super-production historique retrace la destinée de Juliette Récamier, une des icones de l'Empire. Le film commence par la visite quotidienne d'un Chateaubriand âgé (C. Le Bargy) à une Juliette Récamier presque aveugle (Nelly Cormon). Il lui demande de l'épouser. Elle demande un moment de réflexion et se souvient de sa jeunesse. Un long flash-back nous ramène sous la Révolution. En 1793, Julie Bernard (Marie Bell) mène une vie insouciante jusqu'à ce que sa mère lui demande d'épouser le banquier Récamier (V. Vina). Elle accepte. Mais, elle ignore que cet homme a été l'amant de sa mère et qu'il est son père biologique...Gaston Ravel a réuni un casting en or massif pour ce film historique qui fait penser aux futures productions de Sacha Guitry. De nombreux sociétaires de la Comédie Française se succèdent à l'écran: Charles Le Bargy (qui fut Henri III dans L'assassinat du Duc de Guise en 1908), Marie Bell (en Juliette Récamier), Emile Drain (en Napoléon), etc. Certes, la réalisation est assez statique et il n'y a guère de travellings, ni d'effets visuels inattendus. Mais, malgré tout, le film reste intéressant du début à la fin. Les acteurs sont excellents dans leurs rôles respectifs. Certaines scènes ont été tournées sur les lieux mêmes de l'action: la résidence de Mme de Staël, le chateau de Coppet (au bord du Lac Léman) et le Chateau de Fontainebleau. Nous revisitons une tranche de l'histoire de France, par le petit bout de lorgnette avec des mots d'auteur plein d'humour. Dans la première scène du film, en 1848, un jeune Victor Hugo commente l'attachement entre Mme Récamier et Chateaubriand tous les deux très âgés: "Regardez, que cela est touchant ! On va cesser de vivre, qu'on s'aime encore !" Dans sa jeunesse, tous les hommes en vue de la cour de l'Empereur sont fous d'elle. Mais, elle reste chaste et pure à la grande fureur de Mme Tallien et de Mme Hamelin qui la détestent et la jalousent. En fait, sa vie ressemble à celle d'une carmélite : vivant dans un mariage blanc auprès de son père pendant de longues années. Elle n'apprendra la vérité sur son époux que bien plus tard. Marie Bell est une jeune Juliette convaincante face à un excellent Victor Vina en Récamier. Si Gaston Ravel n'est pas un réalisateur très imaginatif, on peut néanmoins lui reconnaître des qualités narratives et picturales. Le début du film est très enlevé avec la foule des sans-culottes qui déboule vers la place de grève pour assister aux exécutions. Récamier contemple le spectacle de cette foule qui s'amuse et rit devant la guillotine, sachant qu'il risque d'y passer bientôt. Il y aussi une très jolie scène où la silhouette de Juliette se dessine derrière les volets à claire-voie attirant le regard de révolutionnaires avinés. Dans l'ensemble, ce film est une bonne surprise. Il est seulement dommage que la copie soit incomplète et nous prive de la rencontre entre le jeune Chateaubriand (interprété par Jean Debucourt, le fils de le Bargy) et Juliette Récamier.
Juliette Récamier (Marie Bell) |
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