lundi 21 février 2011

Ciné-Concert Chaplin, Cité de la Musique, 20/02/11


The Immigrant (L'émigré, 1917) a été présenté en premier, en apéritif. Ce court-métrage de la Mutual était présenté avec une partition de style musique de chambre composée par Carl Davis. L'effectif ne dépassait pas une quinzaine d'instrumentiste (y compris un piano) réflétant l'aspect intime de court-métrage. D'abord, il faut reconnaître que de voir le film avec un orchestre en direct l'exhalte beaucoup plus que ne la ferait la vision d'un DVD. Et les comédies gagnent énormément à être vue avec un public chaleureux et enthousiaste, ce qui était le cas hier. Il y avait d'ailleurs un mélange très heureux de jeunes enfants, d'adolescents et d'adultes qui étaient tous là pour passer un bon moment avec Charlot. Ils ont été ravis et les rires se sont enchaînés sans défaillance jusqu'à la fin du film. La direction de Carl Davis est un modèle de précision et de clarté. La synchronisation est tellement impeccable que l'on pourrait croire qu'il s'agit d'une technique simple et aisée. La musique suit Charlot du tangage du bateau au café où il est terrorisé par l'effrayant serveur joué par Eric Campbell. Dans cette scène du café, un pianiste frappe son instrument pendant qu'un violiniste gratte ses cordes et le tout est suggéré par la musique, tout en ne quittant pas des yeux le trouble de Charlot qui ne peut payer son dîner. Un vrai bonheur.



The Gold Rush (La Ruée vers l'Or, 1925) a été présentée dans son édition originale muette avec cartons et scènes manquantes restaurées. cette version est disponible en DVD en supplément de la version parlante de 1942. Mais, alors que le DVD offre un accompagnement au piano de Neil Brand, le film retrouvait hier la partition originale de Chaplin arrangée par Carl Davis. Avec cette partition orchestrale, le film a une ampleur et une humanité absolument remarquable. Certes, cette partition est présente dans la version 1942, mais, elle est obscurcie par la narration (que je trouve personnellement très irritante) de Chaplin. Hier on pouvait encore mieux apprécier le charme et la subtilité du film grace à la musique qui retrouvait la position centrale qu'elle devrait avoir au lieu d'être reléguée au second plan. Les citations musicales m'ont parfois bien amusée comme celle de la 'Romance à l'étoile' de Tannhäuser de Wagner qui apparaissait alors que Charlie et Mack Swain meurent littéralement de faim dans la cabane! Le 'Vol du bourdon' (de l'opéra Tsar Saltan de Rimsky-Korsakov) était aussi du voyage dans la cabine. Mais, ces empruns se fondaient dans une partition finalement très homogène, sans emphase et dirigée avec subtilité par Carl Davis. Tous les effets sonores sont réalisés par les percussionistes qui n'ont pas chômé hier. Le hoquet de Charlie, après avoir ingurgité le bout de suif de la lampe, est suggéré par des claquement de blocs de bois. Mais, l'effet le plus impressionnant était celui de la glissade de la cabane au bord du précipice. Alors que la neige s'enfonce sous le poids de la cabane, un frottement sur une planche en bois striée produisait un son proche de la réalité. Après quelques minutes, j'ai totalement oublié que j'étais dans une salle de concert avec un orchestre. J'étais totalement absorbée par Charlot dans un Klondike plus vrai que nature. Le public était également totalement absorbé et riait en cadence devant l'enchaînement des gags. Il y eut aussi un moment d'émotion renforcé puisamment par la musique alors que Charlot attend en vain Georgia dans sa cabane, il entend à distance Auld lang syne chanté dans le Dancing Hall. La musique baisse d'un ton suggérant ce qu'entend Charlot dans sa solutitude avant qu'elle ne reprenne son plein volume quand nous retournons dans le dancing. Encore un exemple de la supériorité de cette version muette. Le film a filé en un temps record avec une grande fluidité à 22 im/sec. Il faut aussi féliciter l'Orchestre National d'Ile-de-France (composé de nombreux jeunes musiciens) qui a fait une superbe prestation et semblait apprécier énormément son travail avec le chef. Un très grand film superbement interprété.

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