Un film d'Albert Capellani avec Jeanne Grumbach, Jean-Marié de L'Isle et Henri Desfontaines
Cette adaptation de l'oeuvre d'Alphonse Daudet a été redécouverte récemment dans la collection de Lobster Films. Précédant le film d'André Antoine de 14 ans, Capellani réussit un petit bijou de poésie. Délaissant les studios, il va sur place pour filmer cette histoire d'amour et de mort dans les vieilles rues d'Arles, aux arènes et dans les oliveraies. On sent déjà un sens de la composition picturale absolument remarquable. On y trouve aussi toutes sortes d'astuces techniques que l'on attendait pas dans un film de 1908. Le jeune Frédéric tombe amoureux fou d'une arlésienne rencontrée aux arènes. Ils se promènent tous deux contemplant la ville, avec un panoramique à 180° d'Arles qui reflète leur amour naissant. Hélas, elle le quitte pour un gardian. Frédéric est désespéré et il n'arrive pas à se débarrasser de l'image de cette femme qui le hante. Nous le voyons assis sous un arbre en plein désespoir et la figure de l'arlésienne apparaît un court instant en surimpression. Ces surimpressions qui reflètent l'obsession de Frédéric deviennent plus complexes alors qu'il est avec sa fiancée Yvette. Soudain, la jeune fille 'devient' l'arlésienne. Il s'enfuit éperdu. Son suicide sera de même provoqué par l'apparition de l'arlésienne dans les bras de son amant. Il court vers eux et tombe du haut de la grange. Il s'écrase à terre, mort. Comme le fera Antoine, nous voyons le personnage de l'arlésienne dès le début du film. Ce n'est pas ce personnage sans visage de la pièce de Daudet. Mais qu'importe ! Capellani réussit à nous faire sentir le mistral qui fait voler les robes des femmes occupées à cueillir les olives. Nous ressentons le désespoir du malheureux Frédéric assis tout seul au bord de la rivière. André Antoine réalisera lui aussi une version en Provence en 1922. Mais son long métrage n'ajoutera rien à ce qu'à fait Capellani en 1908 en seulement 18 min. Sur le DVD de la Cineteca di Bologna, tous les films sont accompagnés par l'excellent pianiste britannique John Sweeney. Il donne à tous les films la couleur requise. Il sait parfaitement doser les transitions et les émotions ressenties par les personnages. Son travail renforce énormément le plaisir ressenti devent cette Arlésienne. Un très beau film.
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