Dans un grand duché germanique, la Grande-Duchesse Aurore (H. Duflos) devient veuve suite au décès mystérieux de son époux. Son beau-frère, le Grand-Duc Frédéric (G. Vaultier) complote pour prendre le pouvoir. Un jeune français, Raoul Vignerte (J. Catelain) est embauché comme précepteur du fils de Frédéric...
Cette énorme production historique tirée d'un roman de Pierre Benoît fait suite au succès de L'Atlantide (1922, J. Feyder), un autre roman de Benoît. J'étais fort curieuse de voir comme Léonce Perret, un des pionniers les plus innovants des années 10, avait réalisé ce très long film de 180 min. Le résultat est somme toute assez inégal. De très bonnes scènes suivent d'autres pleines de pompe et fort guindées. L'un des problèmes principaux du film vient de son casting. La belle Aurore est interprétée par l'inévitable Huguette Duflos, sociétaire de la Comédie Française, très en vogue à l'époque. Cette actrice manque de sex-appeal et surtout, elle semble jouer un rôle de théâtre. Quant à Jaque Catelain, jeune premier en vogue également, il semble n'avoir qu'une seule expression pour exprimer ses émois : les yeux écarquillés, les bras ouverts et vacillant légèrement sur ses jambes au bord de l'évanouissement... L'autre problème du film, c'est sa contruction. Pour un film de 3h, il faut un scénario en béton qui emporte le spectateur dans le tourbillon de la vie de ses personnages. Le scénario est malheureusement inégal et n'arrive pas à créer un suspense ou à faire monter la tension. Ceci dit, il y a quelques très bonnes séquences tournées au bord des lacs bavarois et du château de Neuschwanstein. Les meilleures scènes sont celles de meurtre, comme si Perret se souvenait de ses meilleurs courts-métrages de la Gaumont. Le Grand-Duc est tué par un stylo-plume empoisonné. Les deux assassins regardent impassibles leur victime s'effondrer sur son bureau. Huguette Duflos montre aussi qu'elle peut être une actrice intéressante lorsqu'elle tue -par accident ?- sa confidante qui l'espionnait. Cet accident de chasse est fort bizarre... Elle repart tranquillement après ce meurtre. De même, la toute dernière scène du film où Aurore va se recueillir sur la tombe du soldat inconnu sous l'Arc de Triomphe, pensant qu'il s'agit peut-être de Raoul Vignerte, disparu à Verdun. Pour ce qui est de l'écriture cinématographique, elle souffre des maux typiques des grands réalisateurs des années 10 qui ont eu du mal à négocier le virage de l'innovation du cinéma des années 20. Ses cadrages sont très académiques avec ses ouvertures de porte totalement symétriques en plan large. Le film a une toute autre respiration en extérieurs où on retrouve l'oeil pictural de Perret. J'ai aussi répéré une séquence de montage rapide au moment du suicide du méchant Frédéric qui revoit en flash les meurtres qu'il a commis. Je reste une inconditionnelle du Perret des années 10 (y compris dans sa période américaine). Mais, ce Koenigsmark aurait besoin d'un redécoupage compact et d'une toute autre construction des personnages qui les fasse vivre. La copie présentée est une restauration superbe de 2003, teintée et virée (avec en particulier de splendides scènes de nuit avec virage bleu et teintage rose).
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