lundi 2 mai 2011

The Easiest Way 1931

Un film de Jack Conway avec Constance Bennett, Adolphe Menjou, Robert Montgomery, Hedda Hopper, Anita Page et Clark Gable


Laura Murdock (C. Bennett), issue d'une famille pauvre, travaille comme vendeuse dans un grand magasin. Elle est remarquée par un employé de la société publicitaire Brockton. Elle devient modèle et attire l'attention du patron, Willard Brockton (A. Menjou)...


Ce film de Jack Conway est une adaptation d'une pièce d'Eugene Walter créée à Broadway en 1909. Elle avait déjà été adaptée à l'écran en 1917 par Albert Capellani avec Clara Kimball Young. Cette histoire de femme entretenue pourrait être banale. Mais, le film m'a vraiment emballé par sa fluidité visuelle et l'intelligence de son interprétation. On sait dès la première scène que ce film ne sera pas une énième oeuvre de commande. La caméra se déplace dans le misérable appartement surpeuplé des Murdoch et on découvre le père chômeur, la mère, les filles qui dorment à trois dans un même lit et les deux plus jeunes enfants qui se disputent. Dans ce petit monde, seule Laura (Constance Bennett) travaille et apporte un revenu. Il faut souligner la justesse de l'interprétation de Constance Bennett, qui décidemment a fait de très bons films en ce début des années 30. Quand la chance se présente d'avoir un meilleur emploi dans une compagnie de publicité, elle saute sur l'offre. Elle découvre le monde des modèles publicitaires avec Elfie (Marjorie Rambeau) qui lui apprend à savoir saisir les bonnes occasions. Laura va tout de suite attirer l'oeil du patron, sous la forme du très suave Adolphe Menjou. Elle devient sa maîtresse, sans pouvoir espérer que leur liaison ne devienne jamais légale. Elle profite de ce luxe, et en fait également profiter sa famille. Pourtant sa mère refuse de la revoir car elle considère sa fille comme perdue. Le tournant dans l'existence de Laura sera sa rencontre avec un jeune journaliste Jack Madison, interprété par Robert Montgomery. Il est sans argent, mais il lui propose de l'épouser. Laura va devoir choisir entre ces deux hommes. Le film est d'une grande finesse de détails en nous montrant la vie telle qu'elle est à cette époque pour les 'have not' (ceux qui sont pauvres). Quand, par exemple, Laura ne peut plus payer sa note d'hôtel, on refuse de lui donner la clé de sa chambre. Mais, lorsque Menjou réapparaît pour l'aider, l'employé de l'hôtel comprend que l'argent frais arrive et la lui rend. L'atmosphère du lobby de cet hôtel new-yorkais minable est parfaitement rendu. De même, le style dépouillé Art Déco de l'appartement luxueux de Menjou est d'une élégance remarquable. Face à Constance Bennett, Anita Page joue sa jeune soeur qui va épouser un blanchisseur modeste, mais honnête. Ce dernier est interprété par un débutant nommé Clark Gable. En homme du peuple sans sophistication, il est parfait. C'est la somme de tous ces petits détails qui font le prix de ce film.
Le film emprunte un plan à un chef d'oeuvre de la MGM qui lui aussi montre la vie des gens ordinaires. On retrouve exactement le travelling le long de la façade du gratte-ciel issu de The Crowd (La Foule, 1928) de King Vidor. Ce fragment avait déjà dû se retrouver dans les 'stock-shots' aux archives MGM.La fin du film évite le happy end à tout prix et reste ouverte. Laura retrouvera peut-être le bonheur, mais nous n'en savons rien. Constance Bennett réussit à donner tout le relif voulu à son héroïne. Elle est opiniâtre. Elle essaie de survivre dans un environement hostile. Mais, elle reste généreuse contrairement à son amie Elfie qui refuse de l'aider quand elle est dans une mauvaise passe. Enfin, je ne peux que vous conseiller de découvrir cet excellent film qui est maintenant disponible chez Warner Archive. A noter que ce film avait été tourné simultanément en version française à la MGM avec André Luguet, Lily Damita et Françoise Rosay sous le titre Quand on est belle (1932) par Arthur Robison (voir ci-dessous).

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