dimanche 7 juillet 2013

Under Eighteen 1931

Un film d'Archie Mayo avec Marian Marsh, Anita Page, Warren William et Regis Toomey

Margie Evans (M. Marsh) est couturière dans une maison de couture chic de New-York. Elle vit dans un tout petit appartement de L'East End avec sa mère et espère pouvoir un jour monter en grade. Sa soeur (A. Page) et son beau-frère débarquent un jour chez eux ; ils n'ont plus de toit...

Under 18 appartient à cette série de films Warner qui offrent des commentaires sociaux sur la vie des petites gens. Comme dans Employees' Entrance, on découvre la vie des filles mannequin qui se vendent au plus offrant pour arrondir leur fin de mois. Mais, comme le dit une de leurs collègues, elles sont tenus par leurs riches amants qui ne leur donnent pas un cent en argent de poche. Le rôle principal du film est une jeune fille innocente et naïve qui regarde tout ce monde sans nécessairement comprendre l'envers du décor. Ainsi lorsqu'elle découvre que sa soeur Sophie (Anita Page) est malheureuse avec son époux, elle lui suggère de divorcer, appliquant les recettes qu'elle a entendues au salon de couture. Elle croît faire au mieux pour sa soeur en se décarcassant pour trouver les 200 dollars nécessaires pour l'avocat. Elle va aller naïvement voir son petit ami Jimmy (R. Toomey), un riche client (W. William) et son patron. Margie pense que le mariage n'est peut-être pas cet état de bonheur absolu qu'elle envisageait lorsqu'elle voit sa soeur en train de se quereller avec son époux sans emploi. Après tout, elle pourrait elle aussi devenir modèle et se faire entretenir par un riche vieux beau comme Raymond Harding (Warren William). Lorsqu'elle aura visiter le luxueux appartement du millionaire avec ses soirées endiablées autour d'une piscine, elle sera capable de réfléchir sereinement à tout cela. Le scénario offre une série de surprises et d'événements inattendus qui tiennent en haleine. Et au final, Margie aura les 200 dollars convoités. Mais, ils se révèleront inutiles : entre temps, sa soeur s'est réconciliée avec son époux. Marian Marsh est excellente en jeune fille naïve et fraîche. Il y a de très bons seconds rôles et c'est une belle réussite à mettre au crédit de Mayo.

Employees' Entrance 1933

Un film de Roy Del Ruth avec Warren  William, Loretta Young, Wallace Ford, Alice White and Albert Gran

Kurt Anderson (W. William) dirige d'une main de fer un grand magasin new-yorkais. La jeune Madeline (L. Young) qui recherche désespérement un emploi, en fait les frais. Ayant obtenu un job de mannequin dans le magasin, elle doit cacher à tout le monde qu'elle est fiancé à Martin (W. Ford), qui devient le bras droit d'Anderson...

Cet excellent film de Roy Del Ruth contient l'une des meilleures interprétations de Warren William, un des piliers de la Warner durant la période pre-code. En patron tyrannique, qui ne recule devant rien pour augmenter les marges bénéficiaires du magasin, il montre des qualités d'éloquence et de dynamisme qui rappellent John Barrymore dans Counsellor-at-law (1933, W. Wyler). Ayant dû grimper les échelons à la seule force de son caractère, il élimine toute personne qui ne correspond pas à son idée du succès. Un vieil employé se suicide suite à son renvoi : qu'importe ! Pour ce qui est des femmes, il leur offre une chance d'emploi si elles veulent bien passer par sa chambre à coucher. Il n'a pas ni morale, ni remords. Toute sa vie est concentrée sur son travail. Loretta Young est ici une proie facile face à ce prétadeur, mais elle réussira finalement à échapper à ses griffes après bien des tourments. Les seconds rôles sont tenus par une multitude de têtes connues de l'époque avec tout le talent voulu. Le film est dynamique et superbement construit. Un vrai moment de bonheur qui n'oublie pas de nous faire réfléchir sur une société où le profit prime sur tout.

Massacre 1934

Un film d'Alan Crosland avec Richard Barthelmess, Ann Dvorak, Claire Dodd, Dudley Digges, Clarence Muse et Tully Marshall

Le chef Thunderhorse (R. Barthelmess) travaille dans un cirque où il réalise un numéro d'acrobatie équestre qui lui vaut de nombreux succès féminins. Un jour, il apprend que son père est mourant et il part pour la réserve des Sioux qu'il a quittée depuis des décennies...

Massacre est une oeuvre à part dans la production pre-code des années 30.  Alors que les Indiens avaient eu droit à un traitement sympathique durant les années 10 et 20, l'arrivée du parlant et la descente en gamme des westerns (rélégués aux séries B, voire pire) en fait de simples sauvages hurlants destinés à tomber sous les coups de revolvers. Heureusement, ce film d'Alan Crosland prend totalement à revers cette vision stéréotypée. Retouvant les accents pro-Indien de The Vanishing American (1925, G.B. Seitz), il fait le portrait d'un Indien qui s'est intégré dans la société blanche de son époque en devenant une star de cirque. Certes, il en est réduit à jouer de son image et à en rajouter avec un maquillage foncé, mais Thunderstorm a acquis patiemment une place dans la société. C'est en retournant dans la réserve qui accueille les siens qu'il va réaliser à quel point les Indiens ne sont pas des citoyens américains à part entière. Ils n'ont strictement aucun droit face à des officiels corrompus, les fameux agents des réserves, qui peuvent s'emparer de leurs biens ou violer leur fille sans qu'ils puissent protester. Lorsque Thunderstorm arrive, il réalise qu'il va falloir défendre rapidement sa tribu en utilisant toutes ses connaissances acquises grâce à sa renommée. Le film offre un tableau sans concession de la vie misérable des peaux-rouges et se permet même de comparer leur sort avec celui des noirs. Clarence Muse, qui joue le valet de Barthelmess, constate lui-même que son sort de domestique est nettement plus enviable que celui des Indiens de la réserve. Barthelmess est égal à lui-même, dans une période où sa carrière va bientôt se clore, en redresseur de torts dans la lignée de Paul Muni dans I Was a Fugitive from a Chain Gang (1932, M. LeRoy). La fin heureuse paraît peu plausible, mais qu'importe. C'est un film noir qui se déguste avec plaisir pour son ton inhabituel.