L'Espion noir
un film de Michael Powell avec Conrad Veidt, Valerie Hobson, Sebastian Shaw et Marius Goring
Durant la première GM, le capitaine Hardt (C. Veidt) qui commande un sous-marin allemand est envoyé sur l'ile d'Hoy sur l'archipel des iles Orkney. Il doit y rencontrer une espionne qui doit lui fournir des informations sur la flotte britannique qui mouille non loin de là...
Ce film de Michael Powell marque sa première collaboration avec Emeric Pressburger comme scénariste. Le scénario, il faut le noter, est basé sur une histoire de J. Storer Clouston, l'auteur de His First Offence qui est à l'origine de Drôle de Drame (1937, M. Carné), ce petit chef d'oeuvre d'humour noir. Si je mentionne le film de Marcel Carné, c'est que le film de Michael Powell est également une délicieuse comédie d'espionnage avec un humour typiquement britannique. Conrad Veidt y tient un de ses plus beaux rôles au cinéma parlant. Avant de devenir l'archétype du Nazi dans les films Hollywoodien, Powell lui donne une chance de montrer son talent considérable -aussi bien dans l'humour que dans le drame- en Capitaine d'un sous-marin qui se retrouve espion sur une île britannique. Il est certes allemand, mais il est le héros du film. Et tout le public est derrière lui dans ses aventures face à la belle espionne incarnée avec énormément de talent par Valerie Hobson. Cette grande et mince jeune femme à l'allure patricienne et aux nerfs d'acier est la partenaire parfaite d'un Conrad Veidt tour à tour séducteur et impavide. Le récit est pimenté d'incursions de personnages fort amusants qui viennent stopper net les activités de nos espions. Il y a ce clergyman équipé d'un gigantesque phonographe qui débarque à l'improviste. Il remarque une médaille qu'il ne connait pas sur l'uniforme de Veidt. Celui-ci lui répond: "C'est la Croix de Fer, deuxième classe." Le clergyman légèrement interloqué : "Deuxième classe...mais, alors vous êtes prisonnier de guerre ?" Réponse de Veidt sortant un révolver: "Non, c'est vous qui l'êtes." Il y aussi le très irritant révérant du village qui vient ennuyer les espions car ils sont en retard et le gigot va être trop cuit ! Il y a une parfaite alchimie entre Veidt et Hobson qui flirte à fleuret moucheté avec des sous-entendus délicieux dans les dialogues. L'intrigue n'est pas en reste en terme de suspense, car Hobson est une espionne, mais à la solde de qui ? Nous l'apprendrons au cours du film. Le final est également une grande réussite où Hardt va être coulé par son propre sous-marin. Ce film délicieux est accompagné d'une musique de Miklós Rózsa qui débutait alors comme compositeur de musique de film. Un Powell qui est en tout point délectable et où Veidt n'a jamais été aussi séduisant.
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