jeudi 18 novembre 2010

Le Brasier Ardent 1923

Un film d'Ivan Mosjoukine avec Ivan Mosjoukine, Nathalie Lissenko et Nicolas Koline

Une femme (N. Lissenko) fait un cauchemar affreux où elle croise un homme sous diverses identités. Son époux (N. Koline) plus âgé craint de la perdre et embauche un détective (I. Mosjoukine) pour l'aider à recouvrer son 'âme'...

Si mon résumé paraît obscur, c'est qu'Ivan Mosjoukine avec ce film crée un OVNI cinématographique qui ne correspond à aucun genre précis du cinéma français de l'époque. Il utilise les clichés du mélo mondain (avec le mari âgé, la femme et l'amant), les décors surréalistes et une dose de parodie de sérial à la Feuillade. Contrairement à ce qu'un générique entaché d'erreurs indique, le film est bel et bien l'oeuvre de Mosjoukine lui-même. Alexandre Volkoff n'y a pas participé. Et l'opérateur Mundwiller s'appelle Joseph-Louis et non pas Jean-Louis. Pour cette projection, nous avons pu voir un tirage teinté et viré réalisé par la Cinémathèque Royale de Belgique. J'avais déjà vu le tirage N&B de la Cinémathèque et cette nouvelle copie apporte certainement une nouvelle profondeur au film. Les séquences du cauchemar gagnent en intensité avec leur flamboiement rouge-orangé. Seuls les virages bleu pour les scènes nocturnes sont décevants car l'image perd tout contraste. Cette oeuvre de Mosjoukine réussit à conjuguer l'effroi et le comique. Il joue habilement de son physique magnétique et se travestit sous de multiples identités. De l'homme enchaîné sur un bûcher qui tire par les cheveux Nathalie Lissenko au noceur suprêmement élégant qui passe au milieu d'une foule de femmes droguées à l'opium, il habite l'écran comme peu savent le faire. Certes, le film a une hétérogénéité certaine. D'ailleurs, il ne fut pas un succès lors de sa sortie. Il contient des éléments avant-gardistes comme le montage rapide (à l'instar de La Roue qui sortit quelques mois auparavant) qui sont utilisé à bon escient. Une des meilleures scènes est celle du bouge de Montmartre où Mosjoukine assis au piano joue un air endiablé et propose 1000F à celle qui arrivera a tenir la cadence en dansant. Les 'apaches' jettent leurs compagnes sur la piste. Et s'en suit une scène au rythme infernal qui hier soir prenait un relief particulier avec le superbe accompagnement du pianiste britannique Neil Brand. Et c'était certainement un des clous de la soirée. Pour ceux qui n'ont pas la chance d'aller à Pordenone ou dans d'autres cinémathèques, le jeu tout en nuances de Neil Brand a dû être une découverte et un plaisir. Il faut bien le reconnaître, en France, nous n'avons pas d'accompagnateurs de cette trempe et de ce professionnalisme. Il apporte au film ce qu'il faut de dynamisme et sait chuchoter quand il le faut. Il sait reconnaître immédiatement le plus petit changement d'atmosphère dans une scène et le met en musique. Une très bonne soirée.

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