samedi 17 juillet 2010

L'Homme du Large 1920

Un film de Marcel L'Herbier avec Jaque Catelain, Roger Karl, Marcelle Pradot et Charles Boyer
Michel (J. Catelain) est le fils de Nolff (R. Karl) surnommé l'Homme du Large. Il profite de la bonté de son père pour s'enivrer dans les bouges, poussé par Guenn-la-Taupe (C. Boyer) un mauvais garçon. Pendant ce temps, sa soeur Djenna (M. Pradot) trime avec sa mère...


Marcel L'Herbier, toujours épris d'esthétisme Art Déco, a nommé ce film une marine. Il est en effet visuellement un tableau superbe de la Bretagne autour de Penmarch et de Sainte-Anne-d'Auray. Il fait un vrai travail pictural avec la lumière dans les scènes d'intérieurs intimes aussi bien que les splendides scènes d'extérieurs. Si l'intrigue reste très schématique et mélodramatique -le fils ingrat qui exploite la bonté aveugle de son père- le film atteint néanmoins un véritable lyrisme par son utilisation de la lumière, des paysages, ses teintages et même la décoration ouvragée de ses cartons d'intertitres. De ce point de vue, la restauration de la copie par la Gaumont et du CNC doit être saluée. C'est un véritable travail d'orfèvre. L'interprétation est dominée par Roger Karl dans le rôle titre, un marin bougon qui se fourvoie dans son amour parternel avant de vouloir la destruction de ce fils mal élévé et violent. Jaque Catelain, qui fût un des interprètes chéris de L'Herbier, est ici plus convaincant qu'à l'accoutumée en mauvais fils. Quant à Charles Boyer, c'est ici un débutant prometteur, la cigarette au bec, le béret sur l'oreille soufflant de mauvais conseils à un Jaque Catelain sans volonté. Marcelle Pradot -Mme L'Herbier à la ville- est une petite Bretonne fragile et innocente face à son mauvais frère. Le film est construit en flash-back et c'était une nouveauté en cette année 1920. D'ailleurs en terme narratif, le film est subtil et bien monté. Certes, L'Herbier ne cherche pas à construire une trame psychologique puissante ; mais, il se rattrape grace à son sens visuel. Le film est accompagnée par une partition orchestrale signée Antoine Duhamel qui souligne la violence sous-jacente des sentiments qui animent les personnages. Une restauration exemplaire d'un très beau film français.

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