En ce début d'année 1936, Ronald Colman est toujours sous contrat avec la nouvelle société Twentieth Century Fox. La première production à laquelle il participe sous leurs couleurs est The Man who Broke the Bank at Monte Carlo (L'homme qui a fait sauter la banque) une petite comédie dirigée par Stephen Roberts (le metteur en scène du sulfureux The Story of Temple Drake). Le film bénéficie des dialogues de Nunnally Johnson, mais, reste une oeuvrette très mineure dans la filmographie de Colman. Il y retrouve Joan Bennett, sa partenaire de Bulldog Drummond ainsi que Colin Clive (alias Dr Frankenstein) en méchant de service. Le film a pourtant les ingrédients qui pourraient en faire une comédie de bonne facture: Colman est un aristocrate russe déclassé, en exil à Paris, qui gagne sa vie en tant que chauffeur de taxi, jusqu'au jour où il gagne une fortune dans un casino de Monte Carlo. Joan Bennett est une intrigante payée par le patron du casino pour le ramener vers le tapis vert. Il reperdra tout son gain et redeviendra simple chauffeur de taxi, non sans avoir conquis le coeur de la belle intrigante!
La seconde production a laquelle il participe est d'une toute autre envergure: Under Two Flags (Sous deux drapeaux) de Frank Lloyd est une grosse production qui rassemble outre Colman, Rosalind Russell, Claudette Colbert et Victor McLaglen. Une partie du film est tournée dans le désert de l'Arizona comme l'avait été Beau Geste 10 ans auparavant. Le scénario est centré sur le sergent Victor (Ronald Colman) de la Légion Etrangère. Son passé est un mystère qui semble fortement exciter la curiosité de la belle et rebelle Cigarette (Claudette Colbert) et de la très aristocratique Lady Venetia (Rosalind Russell). Le film est plus un drame romantique qu'un film d'action. Cigarette et Lady Venetia se disputent les faveurs du beau sergent Victor excitant la jalousie du Commandant Doyle (Victor McLaglen) qui a jeté son dévolu sur Cigarette. Il y a une excellente alchimie entre Claudette Colbert et Colman et on peut regretter qu'ils n'aient jamais eu l'occasion de retravailler ensemble. Rosalind Russell, a l'orée de sa carrière de comédienne, est une aristocrate anglaise plus vraie que nature et fort éloignée de ses rôles les plus célèbres comme dans His Girl Friday. Il est difficile d'avoir un jugement impartial envers ce film car toutes les copies disponibles sont amputées de 14 minutes. Mais, on doit reconnaître qu'il ne s'agit en aucun cas d'un chef-d'oeuvre, mais plutôt d'un star vehicle bien agencé qui se laisse regarder sans déplaisir. Le film a fait l'objet récemment d'une restauration (par le UCLA Film and TV archive). Espèrons qu'il soit un jour édité en DVD!
Après ses deux films, son contrat étant arrivé à son terme, Ronald Colman quitte la XXthCentury Fox et décide dorénavant de travailler en free lance. Il n'aura plus de compte à rendre à un producteur et il pourra tourner les films qui lui plaisent à son rythme. Dès la fin du tournage de Under Two Flags, il part immédiatement à la Columbia où Frank Capra l'attend pour commencer le tournage d'un de ses films les plus importants, Lost Horizon (Horizons perdus). Dès le début de l'écriture du scénario, Capra avait décidé que Robert Conway ne pouvait être interprété que par Colman. Il reporta le tournage de plusieurs mois en attendant qu'il soit disponible. Le roman éponyme de l'anglais James Hilton est un énorme succès en librairie et Capra est immédiatement attiré par le sujet. La Columbia, dirigée par l'irascible Harry Cohn, est un studio aux moyens limités par rapport aux grands studio comme la MGM ou la Warner. Cependant, des sommes énormes vont être misées sur ce seul film qui restera en production de mars à juillet 1936, sans compter des retakes en décembre. Ronald Colman s'investit comme jamais dans son personnage. Il suggère même certaines idées à Capra, telles que celle des petites flutes à la queue des tourterelles de Sondra (Jane Wyatt): il avait découvert cette pratique à Bali. En cette année 1936 où les rumeurs de guerre se font plus menacantes, le pacifisme du film trouve une résonnance particulière chez Colman. Le film sort en mars 1937. C'est un énorme succès. malgré son statut de classique, le film n'a pas été préservé correctement par la Columbia. Outre la disparition d'une partie de ses bobines, le négatif a été détruit. Heureusement que le travail au long cours de plusieurs restaurateurs a permis de retrouver le film dans sa longueur initiale!
Alors que Lost Horizon triomphe en salles, Ronald Colman est déjà au travail aux nouveaux studios de David O. Selznick pour son second film de 1937: The Prisoner of Zenda (Le prisonnier de Zenda) sous la direction de John Cromwell.
A suivre
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