Le Mystère de la chambre jaune
Un film d'Emile Chautard avec William S. Wallcot, Edmund Elton, George Cowl, Lorin Raker et Ethel Grey Terry
La fille du professeur Stangerson (E. Grey Terry) a été agressée dans une pièce fermée de l'intérieur. Le policier Larsan (G. Cowl) et le jeune journaliste Rouletabille (L. Raker) enquêtent...
E. Chautard (1864-1934) |
Emile Chautard fait partie de ces cinéastes européens émigrés en Amérique qui ont presque totalement disparu des radars. Pourtant, il a été le mentor de deux des plus grands réalisateurs de l'histoire du cinéma. En 1912, il prend sous son aile un acteur qui débute à la société Eclair et favorise son passage à la réalisation. Maurice Tourneur a appris son métier en tant qu'assistant à ses côtés avant de voler de ses propres ailes dès 1913. Arrivé en Amérique en 1915, Chautard emploie un nommé Joe Stern comme assistant. Il deviendra plus tard célèbre sous le nom de Josef von Sternberg. Il aurait d'ailleurs participé au tournage de cette version du roman de Gaston Leroux en 1919 en tant qu'assistant. Si Chautard est tant méconnu, c'est que fort peu de ses films ont survécu. C'est donc une formidable opportunité de pouvoir se faire une opinion sur ce cinéaste que cette projection d'une copie de The Mystery of the Yellow Room restaurée récemment. Tourné sur la Côte Est, ce film n'a aucune star à l'affiche, mais des comédiens bien choisis pour leurs emplois respectifs. Le jeune Lorin Raker incarne un Rouletabille agile et poupin et George Cowl (qui fut longtemps l'assistant de Tourneur) est un Larsan distingué. Maîtrisant son récit, Chautard s'offre deci-delà quelques plans étonnants comme cette vue en plongée de la chambre jaune avec Mathilde Stangerson au sol après l'agression. Ne laissant aucun temps mort, nous suivons les investigations de Rouletabille qui cherche sans relâche le coupable. Si la résolution de l'énigme lors du procès final donne lieu à des cartons d'intertitres bien trop verbeux, le reste du film est parfaitement calibré pour maintenir le suspense jusqu'à la dernière bobine. La photo de l'opérateur français Jacques Bizeul est de belle qualité, mais si elle fut considérée comme juste adéquate par la presse corporative de l'époque. On ne peut qu'espérer que d'autres films de Chautard referont surface pour rendre hommage à ce pionnier qui à partir de 1927 dut se contenter de jouer les rôles de complément dans les films de certains de ses anciens élèves.
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