mercredi 5 février 2020

Quartier Latin 1929

Louise (Carmen Boni)
Un film d'Augusto Genina avec Carmen Boni, Ivan Petrovitch, Gina Manès, A. Bandini et Gaston Jacquet

Louise (C. Boni), jeune étudiante au Quartier Latin, rencontre au bal costumé des étudiants Ralph (I. Petrovitch) et en tombe amoureuse. Il lui fait croire qu'il est un peintre sans le sou alors qu'il est le fils d'un banquier richissime...

Ce film de 1929 représente bien les productions européennes de cette époque-là. Le réalisateur est italien, la production franco-allemande et les acteurs sont serbe, italien, français, etc. Cette adaptation d'un auteur à la mode, Maurice Dekobra, échappe heureusement aux poncifs du mélo mondain. Le début du film fait penser à une adaptation de La Vie de bohème, en fait ce sont des étudiants qui se préparent à un bal costumé. L'héroïne Louise/Mimi gagne sa vie en accompagnant des films muets au piano pour payer ses études. Le film nous entraîne dans les folles nuits du Quartier Latin où l'on s'étourdit jusqu'au matin au son des orchestres de jazz. Voilà un film qui réclame un pianiste de jazz! (Ce n'était malheureusement pas le cas à la Fondation Pathé.) Si le début du film est finalement plutôt traditionnel cinématographiquement parlant, la deuxième partie - en particulier à la Gare de Lyon - se révèle plus en phase avec les dernières nouveautés du cinéma de cette fin des années 20. Carmen Boni court sur le quai à la poursuite de son amant qu'elle croit à bord du Simplon Express pour Venise. Cette magnifique séquence rythmée par un montage rapide efficace a fait l'objet d'un "making of" dans le superbe documentaire Paris Cinéma (1929) de Pierre Chenal. On y voit une foule de techniciens et électriciens qui poussent un chariot sur lequel est perchée la caméra avec les opérateurs. Le résultat est magnifique, montrant la jeune fille qui court au milieu de la foule des voyageurs et des vendeurs de journaux. Tout cela est entrecoupé par des plans de l'horloge qui avance inexorablement vers l'heure de départ du train. Cette poursuite haletante donne soudain au film une tout autre dimension. Il faut aussi mentionner l'excellente direction d'acteurs de Genina qui obtient de sa femme Carmen Boni ainsi que d'Ivan Petrovitch (que l'on a vu chez Perret et Ingram) des expressions très naturelles. Au total, un très beau film qui aurait besoin d'une belle édition en DVD avec une partition de jazz.

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