Un film de Maurice Tourneur avec Georges Charlia, Jean Dax, Pierre de Guingand, Claire de Lorez et Daniel Mendaille
1917, le jeune aspirant Herbillon (G. Charlia) rejoint une escadrille où il accepte de faire équipe avec Maury (J. Dax) que tout le monde rejette. Il découvre plus tard qu'il connaît la femme de Maury, la belle Denise (C. de Lorez) qu'il a rencontrée durant un bombardement à Paris...
Ce film de Maurice Tourneur est sa première oeuvre française depuis son retour des USA. Or, Maurice Tourneur avait quitté la France en 1914 ; on lui reprocha sa désertion lors de son retour. Il décida donc d'enlever son nom du générique. La copie présentée par la cinémathèque était incomplète et ne comportait même pas de générique. Le film devait dépasser les deux heures ; il n'en reste que 100 min. Cependant, la narration restait compréhensible. Cette adaptation du roman de Joseph Kessel s'intéresse à la destinée d'un groupe d'aviateurs de la première guerre mondiale. Certes, le sujet est rebattu avec tous les films qui ont tournés à cette époque et un peu plus tard. L'intrigue se recentre sur les deux personnages principaux, le jeune aspirant Herbillon (joué par Georges Charlia qui fut le partenaire de Louise Brooks dans Prix de beauté en 1930) et le capitaine Maury (Jean Dax). Leur amitité se cimente dans le cockpit de leur avion lors de leurs dangereuses missions bien qu'ils soient très différents. On peut seulement regretter que les intertitres soient trop bavards et fassent avancer l'action plutôt que l'image elle-même. (Il faut cependant tenir compte du fait que le film est probablement amputé d'une bonne demi-heure). Mais, Tourneur réussit néanmoins à donner une identité aux principaux aviateurs. Pierre de Guingand, qui extrêmement raide dans Au bonheur des dames (1930) de J. Duvivier, est ici bien plus à sa place en capitaine soucieux de ses hommes. Daniel Mendaille, arborant force cicatrices au visage et une bordée de médailles sur la poitrine, est un de ces pilotes casse-cou sans peur. Tourneur introduit aussi un élément comique avec les soldats et les mécanos qui peuplent l'aérodrome de l'escadrille. Et puis, il y a les prises de vue et les combats aériens. Il faut bien l'avouer, il ne sont pas au niveau du Wings (1927) de William Wellman. Il manque un élément de risque et de panache. Il faut dire que Wellman a fait prendre des risques considérables à ses acteurs principaux en les faisant manoeuvrer eux-mêmes la caméra dans leur cockpit. Il reste donc l'amitié virile de ces hommes qui savent qu'ils ne vivront pas vieux. Charlia incarne avec talent ce jeune homme déchiré dans son amitié pour Maury qu'il trahit avec son épouse. Le personnage féminin est totalement sacrifié et Claire de Lorez n'a presque rien à faire, contrairement au remake parlant de 1935 où Annabella devient un personnage central. La photo du film devait avoir un cachet tout à fait spécial quand on sait que le chef opérateur était Léonce-Henri Burel. Malheureusement, la copie qui nous est parvenu est extrêmement médiocre, rayée, sans contraste et granuleuse. Dans l'ensemble, L'équipage ne fait pas partie des meilleurs films de Tourneur, mais il contient ici et là quelques belles scènes. Je pense en particulier au crash au sol de l'avion de Pierre de Guingand. L'avion reste planté, debout, avant de retomber en même temps que le pilote, mort.
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