Le veilleur du rail
Un film de Clarence Brown avec Rockcliffe Fellowes, Virginia Valli et Wallace Beery
David Taylor (R. Fellowes) est aiguilleur dans une zone isolée des montagnes de Californie. Il vit avec sa femme Sally (V. Valli) et son fils près du poste d'aiguillage. Son vieux collègue Pete part à la retraite et il est remplacé par Joe Standish (W. Beery) qui semble très intéressé par Sally...
Disons-le d'emblée, ce film de Clarence Brown produit par la Universal est un petit chef d'oeuvre de suspense et de construction filmique. A partir d'un sujet somme toute assez banal, il a réalisé un film qui conjugue suspense, intelligence dans les relations humaines et beauté des extérieurs. Pour le réaliser, il est parti dans les montagnes de Californie avec toute son équipe et ils ont même construit un poste d'aiguillage au bord d'une voie ferrée. Dans ce cadre réel, il nous plonge dans la vie d'un aiguilleur. David Taylor vit une vie tranquille entre son vieux collègue Pete, qui loge chez lui, son épouse et son fils. Mais, tout cela va changer avec le départ de Pete. Dès l'arrivé de son remplaçant, on comprend que tout va se compliquer. Joe Standish (sous les traits d'un Wallace Beery gouailleur en surface, mais en fait très inquiétant) arrive dans un costume bien trop élégant pour son travail et des chaussures vernies qui dénotent un séducteur sans scrupules. Le spectateur est convaincu qu'il va rendre la vie difficile à David. Et c'est le cas. Brown commence en fait par quelques scènes comiques où la cousine Gertie fait tout ce qu'elle peut pour attirer Joe, qui l'ignore totalement. Mais, le film prend un tour de thriller après son départ. Une nuit de tempête, David va devoir affronter les pires dangers et un dilemme effroyable: doit-il sauver son épouse des griffes de l'affreux Joe ou empêcher la collision inéluctable entre des wagons fous et l'express qui arrive à toute vapeur ? La dernière partie du film n'a rien à envier aux meilleurs films d'Alfred Hitchcock.
Le suspense devient insoutenable alors que David tente désespérément de faire dérailler les wagons fous sous une pluie battante et qu'en même temps, Sally tente de se défendre face à Joe. Tout cela est entrecoupé par des images prises depuis les wagons qui dévallent la montagne. Ce montage parallèle atteint son paroxysme lorsque Sally saisit un révolver pendant que David détruit l'aiguillage à coups de masse. L'engrenage infernal montre un sens dramatique remarquable. Brown a réalisé dans ces années-là parmi ses tous meilleurs films avec The Goose Woman (1925) et Smouldering Fires (1925) qui offrent tous deux de superbes portraits de femme. Son passage à la MGM va faire de lui un excellent metteur en scène de studio, mais il aura moins de marge de manoeuvre qu'il en avait dans ses années-là, à la Universal. Il est fort dommage que Clarence Brown soit essentiellement connu dans sa période MGM. Il faut espérer qu'un jour ces trois bijoux de la Universal seront enfin disponibles en DVD.
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