Mais la chair est faible
Un film de Jack Conway avec Robert Montgomery, C. Aubrey Smith, Nora Gregor, Heather Thatcher et Edward Everett Horton
Les Clement père et fils (C. Aubrey Smith et R. Montgomery) sont deux gentlemen anglais désargentés qui tentent de se faire payer à dîner par des ladies richissimes. Max (R. Montgomery) est bien tenté de faire la cour à la très riche et très excentrique Lady Joan Culver (H. Thatcher), mais il tombe raide amoureux de la belle Rosine Brown (N. Gregor)...
Max Clement (R. Montgomery) et Rosine Brown (N. Gregor) |
Cette délicieuse comédie pre-code est due à la plume de l'auteur (et acteur) Ivor Novello. Ce dernier était un des principaux concurrents de Noël Coward. Il adapte ici une de ses pièces à succès The Truth Game. Le cinéma hollywoodien du début du parlant était très friand d'auteurs britanniques de comédies. La MGM adapte Private Lives (Vies privées, 1931) et Samuel Goldwyn importe Frederick Lonsdale pour lui fournir un scénario original qui deviendra le génial The Devil to Pay! (1930, G. Fitzmaurice). But The Flesh is Weak appartient à cette veine de films qui nous montre une Angleterre 'upper-class' qui a parfois des problèmes d'argent, mais qui fait tout pour sauver les apparences. Ce qui rend ce film particulièrement délectable c'est la virtuosité des dialogues qui sentent bon l'humour typiquement britannique de son auteur. Pour une fois, Hollywood n'a pas trouvé bon de faire réécrire le texte et c'est tant mieux. Les répliques étincellent grâce à un groupe de comédiens de première classe. Je mettrais au premier rang Robert Montgomery qui parvient à nous faire oublier sa nationalité américaine et qui forme un couple formidable avec son vieux papa joué par un C. Aubrey Smith absolument génial. Nous les découvrons dans leur modeste logis dont ils ont du mal à payer le loyer en train de partager la salle de bain tout en devisant sur leurs possibilités matrimoniales pour arranger leurs finances. Le film est peuplé d'excellents seconds rôles britanniques comme Heather Thatcher, à la tenue masculine (avec un monocle!) ou Frederick Kerr en vieux duc ronchon, ainsi que le formidable (américain) Edward Everett Horton en Lord plein aux as. Au milieu de ce casting de luxe, l'héroine est jouée par l'autrichienne Nora Gregor qui est restée dans l'histoire du cinéma pour sa participation à La Règle du Jeu (1939, J. Renoir). L'intrigue en elle-même n'est pas follement originale. Mais, c'est la légèreté et le charme des interprètes qui donnent au film son vernis et son brillant. Novello savait écrire ces dialogues ponctués de bons mots qui restent délectables comme ceux d'un Guitry. Le rythme endiablé se maintient jusqu'à l'image finale grace à la réalisation d'un Conway habile faiseur. Il faut aussi préciser la présence d'un tout jeune Ray Milland en figurant ainsi que du suèdois Nils Asther en prince russe. Une excellente comédie britannique 'made in Hollywood' qui est à découvrir en Warner Archive.
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