samedi 16 juin 2012

The Fountain 1934

Fontaine
Un film de John Cromwell avec Ann Harding, Brian Aherne, Paul Lukas et Jean Hersholt

Durant la première guerre mondiale, l'anglaise Julie von Marwitz (A. Harding) vit avec la famille de son oncle, le baron Van Leyden (J. Hersholt) en Hollande. Elle se retrouve face à son ami d'enfance, Lewis Allison (B. Aherne) qui en tant que prisonnier de guerre est envoyé en résidence chez Van Leyden. Mais, son époux, un officier Allemand (P. Lukas) est renvoyé dans ses foyers après de graves blessures...

Rupert (P. Lukas) et Julie von Marwitz (A. Harding)
Cette production RKO est certainement typique des mélodrames faits sur mesure pour leur star féminine Ann Harding. Mais, contrairement, à bien d'autres mélo de l'époque, il garde une résonnance moderne en évitant les clichés de la mère ou de l'amante sacrificielle. Au contraire, ici, l'intrigue nous touche car elle montre une femme réelle en proie à un choix douloureux et impossible. Julie von Marwitz est déchirée de bien des façons. Elle est anglaise et vit dans une Hollande neutre, mais pro-germanique, alors que la Grande Guerre bat son plein. En plus, elle est mariée à un officier allemand (un excellent Paul Lukas) qui est parti au front. Ses sentiments vis à vis de lui sont complexes. Il y a un mélange d'admiration et de sympathie, mais pas véritablement d'amour. Elle souhaite cependant la victoire de l'Angleterre ce qui la met en conflit avec sa famille d'accueil, celle de son oncle. Cette dérive des sentiments est encore accrue par l'arrivée de Lewis Allison (B. Aherne) qu'elle a toujours aimé sans se l'avouer. Alors qu'elle se torture l'esprit pour sortir de cette impasse, son époux revient gravement blessé. Il est de toute évidence passionnément épris de sa femme. Le trouvant soudain diminué, elle se retrouve dans le registre de la compassion qui lui premet de développer des sentiments plus tendres à son égard. Mais, au fond d'elle-même, elle ne peut se passer de Lewis. Et contrairement à un mélo traditionnel, c'est le mari qui réalise les vrais sentiments de sa femme et va pratiquement se sacrifier pour la délivrer du poids du remords. 
Lewis Allison (B. Aherne) et Julie
Le film à sa sortie fut un échec. Il ne correspondait pas à ce que le public attendait en terme de divertissement: le film est lent et se déroule presqu'à huis-clos avec les trois personnages principaux pratiquement tout le temps à l'écran. Mais, pour un public d'aujourd'hui, l'introspection au cinéma n'est certainement pas un défaut. Les dialogues feutrés entre Julie, Lewis et Rupert sont par moment poétiques et toujours émouvants. Ils tentent de mettre des mots sur leurs sentiments sans toujours y parvenir. Il reste un élément de mystère dans la relation entre Julie et Lewis, censure oblige certainement. Mais, finalement, ce non-dit est tout bénéfice pour le film qui gagne en profondeur. Ce film de John Cromwell fait partie des touts meilleurs films d'Ann Harding. Il mérite d'être découvert pour mesurer le talent de cette actrice oubliée. Le film est disponible en DVD en Z2 (Espagne).

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