Le Chant de la fleur écarlate
Un film de Mauritz Stiller avec Lars Hanson, Edith Erastoff, Lillebil Ibsen et Nils Lundell
Olof Koskela (L. Hanson), le fils d'un riche fermier flirte inconsidérément avec toutes les filles du village. Suite à une violente altercation avec son père, il quitte son village. Devenu simple bûcheron, il rencontre Kyllikki (E. Erastoff) et entreprend de la séduire...
Cette saga suèdoise du grand Mauritz Stiller est adaptée d'un roman du finlandais Johannes Linnankoski. Comme la plupart des oeuvres de Stiller, nous sommes face à un de ces 'bildungsromans', un roman d'apprentissage comme le nomme les allemands. Olof Koskela devra tout perdre, quitter sa famille, aller jusqu'au fond de lui-même avant de pouvoir refaire surface et affronter la réalité. Dans Gunnar Hedes Saga (Le vieux manoir, 1923) de Stiller où le héros doit affronter un troupeau de rennes dans le grand nord, Olof doit prouver sa bravoure en chevauchant un rondin emporté par les rapides. Comme toujours dans les films suèdois de cette époque, l'utilisation des décors naturels est un élément central de l'intrigue. Le héros est intégré à son environnement, généralement hostile. Et il doit surmonter ces éléments pour trouver enfin la paix de l'âme. Stiller travaille toujours avec le génial Henrik Jaenzon derrière la caméra et celui-ci donne aux vastes et majestueux paysages suèdois un lyrisme et une beauté à couper le souffle. Dans le rôle principal, Lars Hanson montre l'étendu de son talent. D'abord un jeune homme insouciant et égoïste, il va sombre peu à peu dans l'enfer de la ville. Dans un bouge, il se regarde dans un miroir et découvre son double: un homme au visage ravagé. Evitant l'emphase, il offre un personnage naturel et charismatique. La séquence la plus spectaculaire nous montre la descente des rapides d'Olof juché sur un tronc d'arbre instable avec une perche pour la faire avancer telle une pagaie. Cette séquence hallucinante a été réalisée sans trucage et tient en haleine le spectateur. Stiller est à l'époque à la fois un maître de la comédie avec les merveilleux Thomas Graals bästa film (1917) et Thomas Graals bästa barn (1918) et du drame avec son chef d'oeuvre absolu Herr Arnes pengar (Le trésor d'Arne, 1919) qui suivra immédiatement ce film. Il combine une direction d'acteur hors pair et un sens visuel hors du commun. Lors de la première du film, on avait commandé au compositeur finlandais Armas Järnefelt une partition symphonique originale. On peut en entendre un extrait dans le documentaire Cinema Europe (1996). On ne peut qu'espérer que cette petite merveille du cinéma suédois des années 10 trouvera le chemin d'une édition DVD avec cette partition originale.
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