mardi 17 juillet 2012

Children of Eve 1915

Un film de John H. Collins avec Viola Dana, Robert Conness, Thomas F. Blake, Robert Walker et Nellie Grant

Un étudiant, Henry Clay Madison (R. Conness), tombe amoureux de Flossy (N. Grant) sa voisine. Mais, celle-ci se sent inférieure à lui et pour ne pas compromettre son avenir, disparaît avec l'enfant qu'elle porte. Dix-sept ans plus tard, sa fille Mamie (V. Dana) vit dans le même quartier pauvre. Elle rencontre Bert (R. Walker), un travailleur social qui est le neveu de Madison...

En 1915, John H. Collins réalise ce mélodrame social au studio Edison. Collins est alors un jeune réalisateur prometteur. Mais, sa carrière s'arrêtera brusquement en 1918 ; il meurt durant la fameuse épidémie de grippe espagnole (qui tua plus de personnes sur la planète que la première guerre mondiale). Son épouse est la gracieuse Viola Dana, alors âgée de 18 ans qui est fréquemment l'actrice principale de ses films. Inutile de dire que ses films sont des raretés enterrées dans les réserves des cinémathèques. Heureusement, Kino a eu l'excellente idée de sortir un DVD avec de belles raretés des années 10 qui nous permettent de découvrir le cinéma social de cette époque. Certes, le film fonctionne sur les ressorts du mélodrame. Mais, Collins utilise habilement les clichés du genre sans tomber dans des excès larmoyants. Son héroine Mamie Fifty-Fifty (Viola Dana) est une fille des quartiers pauvres pleine de malice, de charme et de vitalité. Elle fréquente un mauvais garçon qui l'emmène danser dans un caf-conc' local où elle gagne régulièrement le prix de la meilleure danseuse. Le film explore également la trajectoire de Henry Madison qui d'étudiant miséreux devient un capitaliste éhonté exploitant des enfants dans une usine de conserves. Il ignore ce qu'est devenu son amour de jeunesse et l'existence de sa fille. Celle-ci rencontre Bert, le neveu de Madion et il va tenter de la sortir de son milieu interlope. Elle est embauchée dans l'usine de Madison pour faire un rapport détaillé sur les manquements à la sécurité et à l'hygiène. En fait, l'usine est un lieu insalubre sans issue de secours qui va flamber comme une allumette. Mamie en sera la première victime. Collins filme une partie de son film sur les toits new-yorkais et filme l'incendie d'une ancienne briqueterie remplie de pellicule et d'essence. 
Collins utilise habilement le montage pour nous montrer plusieurs actions parallèles. Et surtout, il nous raconte son histoire visuellement avec très peu d'intertitres. Par exemple, quand Henry rencontre Flossie, celle-ci est à moitié ivre, et son dégout d'elle-même la pousse à fracasser une vieille photo de son enfance. Ce geste désespéré en dit plus qu'un long discours. Il faut aussi saluer la superbe caractérisation de Viola Dana. Je ne la connaissais jusqu'ici que pour son rôle dans un Frank Capra, très mineur That Certain Thing (1928). Ici, elle habite l'écran avec un talent que je soupçonnais pas. Ses yeux immenses et son corps frêle recèlent des montagnes d'énergie et d'enthousiasme. Elle offrait un témoignage très émouvant sur sa carrière dans la série documentaire Hollywood (1980, K. Brownlow & D. Gill). Et je suis bien contente d'avoir pu enfin apprécier son talent.

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