Un film de James Cruze avec James Warren Kerrigan, Lois Wilson, Tully Marshall, Ernest Torrence et Alan Hale
1848, deux convois de chariots bâchés se préparent à partir de Kansas City vers l'Oregon. L'un des convois est dirigé par Sam Woodhull (A. Hale) qui convoite la jolie Molly (L. Wilson). Mais, elle n'a d'yeux que pour Will Banion (J.W. Kerrigan) que Woodhull cherche à discréditer. Ils vont affronter des dangers innombrables: traversée du fleuve Platte, attaque d'indiens et la prairie en feu...
The Covered Wagon est le tout premier western épique. Son importance dans l'histoire du cinéma et du western ne doit pas être sous-estimée. Hélas, j'ai constaté avec effarement qu'aucun des spécialistes du western qui interviennent dans les nombreuses 'featurettes' qui accompagnent l'édition 'Grandeur' de The Big Trail (1930) ne mentionne même le titre du film. Pourtant, The Big Trail n'aurait jamais existé sans The Covered Wagon dont il démarque l'intrigue. Tous les aspects documentaires (traversée des fleuves, vie des pionniers) sont déjà là dans ce film. je vais donc essayer de vous donner une vue aussi complète que possible de ce film, certes imparfait mais visuellement splendide.
James Cruze en 1923 |
L'intrigue de The Covered Wagon contient tous les ingrédients du western moderne. Le héros, vétu de couleur clair, est le scout Will Banion (J.W. Kerrigan) qui doit faire face au traitre Sam Woodhull, interprété par un jeune Alan Hale (qui fut Little John dans le Robin Hood de 1922 et de 1937). L'héroïne Molly (Lois Wilson) va douter de l'intégrité de Banion à cause des insinuations de Woodhull. Il y aussi les personnages comiques interprété brillamment par Tully Marshall (un des piliers du cinéma muet dans les seconds rôles) et Ernest Torrence (une grande brute qui en impose dans de nombreux films tel Tol'able David (1920) de Henry King). Il faut d'ailleurs noter que Marshall reprend quasiment le même rôle en trappeur alcoolique dans The Big Trail.
En ce qui concerne les indiens dans le film, leur image est certes celle de guerriers qui vont se battre pour défendre leur sol face à l'envahisseur. Cet envahisseur, c'est le visage pâle avec une charrue. Il va transformer les vastes prairies où s'ébattent librement les bisons en champs clôturés. D'ailleurs, c'est cette charrue qui est montrée du doigt dès le début. Et si les indiens attaquent le convoi, c'est à la suite du meurtre d'un des leurs par le traitre Woodhull. A cette époque-là, les indiens au cinéma ont droit à un peu plus de respect qu'ils n'en auront durant la décade suivante. D'ailleurs Bridger (T. Marshall) a deux épouses indiennes qu'il présente à ses amis!
Pour les scènes d'action, Cruze n'a pas l'imagination d'un Walsh ni d'un Ford ; mais, l'attaque des indiens la nuit a quand même de l'allure. De nombreux cascadeurs réalisent des cascades particulièrement dangereuses comme ce cheval qui tombent du haut d'une falaise.
Les défauts du film résident dans le personnage central de Banion avec un James W. Kerrigan assez pâle et trop maquillé. Molly, bien jouée par Lois Wilson est une héroïne avec du charme, mais peu de saveur. Il également manque aux scènes d'action ce petit plus qui les rendraient encore plus spectaculaires en variant les angles de prise de vue. Mais, pour la pure beauté des images, ce film est indispensable. Kevin Brownlow compare la cinématographie de Karl Brown à un tableau de Frederic Remington.
Voilà un film qu'il faudrait absolument voir sur grand écran pour apprécier les détails et la beauté de la cinématographie. La copie que j'ai vue a été réalisée à partir d'éléments issus du négatif original (même si certaines fragments sont issus de copie 16 mm) et on ne peut qu'être ébloui par la précision et la finesse des détails. Malheureusement, ce film n'est pas disponible en DVD et n'est jamais diffusé sur TCM. Les captures que j'ai réalisées ont été faite sur une copie réalisée à partir d'un laser disc du film. Même sur cette copie imparfaite, on peut voir la qualité de l'original en 35 mm. Un autre élément important dans ce film, c'est la musique. Hélas, on a droit à une accompagnement à l'orgue Wurtlizer de l'inévitable Gaylord Carter qui n'apporte pas le mouvement et le souffle qu'il faudrait. A quand un accompagnement orchestral...?
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