Un film de Chester Withey avec Tully Marshall, Norma Talmadge, Marguerite Marsh et Howard Gaye
Renée (N. Talmadge) est secrètement amoureuse du peintre John Minturn (T. Marshall) dont elle est le modèle. Elle se drogue à la morphine. Un jour, l'ayant surpris en train de se piquer, il décide lui aussi de prendre une injection pour se donner de l'inspiration...
Cette production de la compagnie Triangle intitulé 'l'aiguille du diable' montre les ravages de la drogue. Produit sur la Côte Ouest, le réalisateur Chester Withey en profite pour filmer les bas-quartiers louches de Los Angeles pour donner à son film encore plus de vérité. Dans le rôle principal, on reconnaît l'inusable Tully Marshall qui fut un des seconds rôles les plus importants du cinéma américain. Il est ici un peintre qui a de gros problèmes d'inspiration et l'attrait de la drogue est trop fort pour y renoncer. En fait, le film dénonce un fléau qui hante le pays à cette époque. Des médecins peu regardants prescrivent des injections de morphine à des personnes souffrantes sachant bien qu'ils ne pourront pas se défaire facilement de cette addiction. D'ailleurs, au sein du milieu cinéma, il y a de nombreuses personnes qui en furent les victimes. Il y a le cas de Wallace Reid, le talentueux jeune premier des films de Cecil B. DeMille qui mourut en 1923 n'ayant pu se débarrasser de cette addiction contractée après un accident durant un tournage. La jeune actrice Alma Rubens fut un autre cas. Traitée à la morphine, elle ne pourra pas non plus se désintoxiquer et mourra à 33 ans. Le film de Withey montre comment la dépendance à la morphine mène le peintre vers la démence. On découvre le petit monde des traficants et des revendeurs dans les ruelles borgnes sans recourir à des décors de studio et c'est ce qui fait le prix de ce film. Les acteurs sont tous dignes d'éloge. En premier lieu, il y a Norma Talmadge en jeune modèle qui est naturelle et émouvante. Tully Marshall est étonnement sobre en peintre torturé dans la première partie avant de devenir un drogué proche de la démence. Il réussira cependant à se débarrasser de son addiction après un séjour à la campagne. Le film se termine par une course poursuite dans les bas-quartiers. L'unique copie qui a survécu de ce film a subi les outrages du temps: elle comporte de larges taches de décomposition. Mais, il faut féliciter Kino d'avoir fait l'effort de sortir un film aussi rare dont on ne parle guère dans les livres de cinéma, sauf dans Behind The Mask of Innocence de K. Brownlow.
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