André-Louis Moreau (R. Novarro) assiste impuissant au duel qui provoque la mort de son ami Philippe de Vilmorin. Il jure de venger sa mort face à son meurtrier le Marquis de la Tour d'Azyr (L. Stone). Or celui-ci cherche à épouser Aline de Kercadiou (A. Terry), l'amie d'enfance d'André...
En 1923, Rex Ingram adapte le roman de Rafael Sabatini situé durant la Révolution Française. Cet auteur de roman d'aventures est en vogue avec les adaptations successives de The Sea Hawk (1924, F. Lloyd), Captain Blood (1924, D. Smith) et Bardelys The Magnificent (1926, K. Vidor). Ingram a choisi Ramon Novarro, un jeune acteur d'origine mexicaine qui avait déjà joué dans The Four Horsemen of the Apocalypse (1921, R. Ingram) (où il n'était que figurant) et qui avait été révélé au public dans The Prisoner of Zenda (1922, R. Ingram) en Rupert of Hentzau. C'est un choix particulièrement judicieux car Novarro est un acteur sensible et intelligent, tout à fait à même de donner tout son poids au rôle de Moreau. Contrairement au remake de 1952 avec Stewart Granger qui est surtout un film de cape et d'épée tourné vers la comédie, le film d'Ingram est baigné dans l'atmosphère révolutionnaire et se veut nettement plus tragique. Comme toujours avec Ingram, la reconstitution du XVIIIème siècle se veut fidèle jusqu'au plus petit bouton. Et tous les décors respirent l'atmosphère de l'époque avec leurs chemins pierreux et les petites maisons de paysans semblent sortir d'un tableau de l'époque.
De ce point de vue, le film est infiniment supérieur à la production MGM de 1952, technicolorée en diable, mais absolument pas authentique. Les éclairages de John F. Seitz animent ces tableaux avec une utilisation de la profondeur de champ et du chiaroscuro qui n'avait pas son égal en ce début des années 20. Chaque personnage est baigné dans une lumière qui lui donne un relief particulier. Les seconds rôles sont choisis avec une attention particulière. Que ce soit, le Lieutenant du roi obèse qui se lèche les babines ou un Danton plus vrai que nature avec ses cicatrices de la vérole. Visuellement, le film est un régal de tous les instants. Dramatiquement, le film tient parfaitement la route. S'il n'a pas un rythme endiablé, son intrigue suit son cour inexorable alors que la Révolution se fait de plus en plus sanglante.
Les scènes de la Terreur avec sa populace avinée et avide de sang sont parmi les plus belles que l'ont puisse voir. La foule envahit les Tuileries et tue tout sur son passage. Quant à André-Louis Moreau qui ignore tout de ses origines, il devient un membre de l'assemblée révolutionnaire où sa maîtrise des armes fait merveille. Face à lui, le Marquis de la Tour d'Azyr est un aristocrate imbu de sa personne et de son rang. Lewis Stone est parfait dans ce rôle de méchant suave. Moreau découvrira bien tard qu'il est en fait le fils de cet aristocrate haï qu'il a failli tuer en duel. Alice Terry est une Aline fragile comme une porcelaine de Saxe. Au total, ce film d'Ingram est à découvrir d'urgence. Il est certainement sur bien des points une oeuvre supérieure au remake de 1952.
De ce point de vue, le film est infiniment supérieur à la production MGM de 1952, technicolorée en diable, mais absolument pas authentique. Les éclairages de John F. Seitz animent ces tableaux avec une utilisation de la profondeur de champ et du chiaroscuro qui n'avait pas son égal en ce début des années 20. Chaque personnage est baigné dans une lumière qui lui donne un relief particulier. Les seconds rôles sont choisis avec une attention particulière. Que ce soit, le Lieutenant du roi obèse qui se lèche les babines ou un Danton plus vrai que nature avec ses cicatrices de la vérole. Visuellement, le film est un régal de tous les instants. Dramatiquement, le film tient parfaitement la route. S'il n'a pas un rythme endiablé, son intrigue suit son cour inexorable alors que la Révolution se fait de plus en plus sanglante.
Les scènes de la Terreur avec sa populace avinée et avide de sang sont parmi les plus belles que l'ont puisse voir. La foule envahit les Tuileries et tue tout sur son passage. Quant à André-Louis Moreau qui ignore tout de ses origines, il devient un membre de l'assemblée révolutionnaire où sa maîtrise des armes fait merveille. Face à lui, le Marquis de la Tour d'Azyr est un aristocrate imbu de sa personne et de son rang. Lewis Stone est parfait dans ce rôle de méchant suave. Moreau découvrira bien tard qu'il est en fait le fils de cet aristocrate haï qu'il a failli tuer en duel. Alice Terry est une Aline fragile comme une porcelaine de Saxe. Au total, ce film d'Ingram est à découvrir d'urgence. Il est certainement sur bien des points une oeuvre supérieure au remake de 1952.
7 commentaires:
Merci pour ce commentaire ! Je n'ai pas encore vu ce film mais vous me donnez grandement envie de le découvrir ! Je cherchais un texte sur ce film, pour un ami qui l'adore... me voilà comblée, et lui aussi bientôt !
Merci Loquita. C'est un très beau film et je pense que tu ne seras pas déçue.
Je vous promets que je vous dirai, quand je l'aurai vu. Je n'ai pas encore pris le temps de consulter plus que cette page de votre blog mais je l'ai d'ores et déjà enregistré dans mes favoris tant il me semble riche et Ma-gni-fi-que ! Votre blog me fait penser à ce prof de cinéma muet, à Jussieu, qui affirmait que le cinéma avait atteint son apogée, sa plus riche expression formelle, au temps du cinéma muet, et que la parole l'avait appauvri. J'adorais ses cours, il était passionné, un jour il nous avait montré (sur une K7 vidéo pourrie, les DVD et les Blu-Ray n'existaient pas à l'époque, eh oui je suis d'une autre époque c'était en 1990) un film qui racontait une histoire d'amour entre un docker et un fille, peut-être une prostituée. Je ne me rappelle plus précisément du film mais je me souviens qu'il m'avait subjuguée ce film que je n'ai vu que dans une copie déplorable ! Si ça se trouve il est dans le coffret Frank Borzage sorti il y a un an, que j'ai offert... à l'ami dont je vous parlais l'autre jour ! La prochaine fois que j'irai le voir il faudra qu'il me montre ET Scaramouche ET ce film du coffret Borzage qui est peut-être celui dont parlait ce prof avec tant de flamme !
A bientôt Mademoiselle la belle Cinéphile !
Merci Loquita pour vos compliments sur Blog. Je crois que le film que tu mentionnes est The Docks of New York (Les Damnés de l'Océan, 1928)de Josef von Sternberg dont j'ai parlé ici: http://annhardingstreasures.blogspot.com/2010/10/docks-of-new-york-1928.html
C'est effectivement un chef d'oeuvre, maintenant disponible aux USA chez Criterion.
Bonne Lecture du Blog!
C'est une erreur je pense de comparer les deux versions car leurs intentions sont tout à fait différentes. Je n'ai pas vu le Ingram, mais ce que vous en dites suggère qu'il s'agit d'une adaptation sérieuse et réaliste du roman de Sabatini. La version 1952 ne peut concourir de ce point de vue, puisqu'il s'agit pour l'essentiel d'une farce - George Sidney qui venait de la comédie musicale ne s'intéressait sans doute pas beaucoup au contexte historique et social, ni à la dimension tragique de l'histoire. C'est d'ailleurs ce qui fait tout le charme du film selon moi, mais c'est mon avis tout personnel.
Je ne déteste pas le film de Sidney. Mais, il faut bien reconnaître que visuellement il est largement inférieur au film d'Ingram qui offre un travail sur la lumière remarquable.
Je viens de découvrir ce film caché dans les bonus de la version de 1952 et j'ai été très agréablement surpris par la beauté de l'image et par les personnages secondaires comme Danton ou Louis XVI mais quand même, je préfère Stewart Granger a Ramon Novarro et il y aussi un très beau travail sur la lumière dans les scènes de brumes à l'aube avec Janet Leigh qui est magnifique. au passage, Lewis Stone joue dans les deux versions vous l'aviez sans doute remarqué..
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