Un film de Léonce Perret avec Louise Lagrange, Ivan Petrovitch, Nita Naldi et Maurice de Canonge
Lolette (L. Lagrange) est modèle du peintre Rouchard (M. de Canonge) qui souhaite l'épouser. Mais, elle ne s'intéresse pas à lui et tombe amoureuse de Pierre Bernier (I. Petrovitch), un peintre sans le sou...
Ce long métrage de Léonce Perret est une adaptation d'une pièce d'Henry Bataille, un auteur en vogue au début du siècle. Les pièces de cet auteur sont maintenant passablement poussièreuse, mais l'adaptation qu'en tire Perret a suffisamment de charme et de vivacité pour retenir notre attention de spectateur. Les situations stéréotypées sont compensées par la beauté des extérieurs et par la qualité des interprètes principaux, en premier lieu, Louise Lagrange. Dans le rôle de Lolette, la jeune fille délurée de Montmartre qui se sacrifie pour son seul amour, elle pétille et apporte une fraîcheur bienvenue dans le film de Perret. Elle est jeune, mince et vive comme pourrait l'être les 'flappers' des films américains contemporains. Et, c'est bien rare dans le cinéma des années 20 où règnent un certain nombre de divas des planches comme Huguette Duflos. Perret nous promène d'abord dans le Montparnasse des années 20 avec ses cafés aux immenses terrasses où se retrouvent les rapins et les artistes. Puis, nous nous retrouvons à Montmartre où Pierre habite sous les toits face au Sacré-Coeur. La rencontre des jeunes gens et leur premier baiser sont amenés avec tout ce qu'il faut de charme par le grand Léonce. Il utilise toujours les contre-jours picturaux avec sa virtuosité habituelle. Certes, le film ne contient aucun mouvement de caméra 'moderne', mais la direction d'acteur est excellente. Le serbe Ivan Petrovitch, qui apparaissait dans les films de Rex Ingram à la même époque (comme The Magician), est ici tout à fait convaincant en peintre que la célébrité a rendu égoïste et aveugle. Pour jouer la vamp de service, Perret a importé des Etats-Unis, la plantureuse Nita Naldi -qui avait déjà vampé Valentino dans Cobra (1925). Couverte de fourrure et de diamants, elle offre un contraste saisissant avec la frêle et innocente Louise Lagrande. Le personnage est un cliché, mais on est prêt à l'accepter grace à la mise en scène de Perret. Voilà un bon film de Perret des années 20 qui a mieux veilli que son interminable Koenigsmark (1923).