La petite fée de Solbakken
Un film de J. W. Brunius avec Karin Molander, Lars Hanson et Egil Eide
Synnöve Solbakken (K. Molander) est la fille d'un fermier des hauts plateaux norvégiens. Elle est amoureuse de Thorbjörn Granliden (L. Hanson) qui vit dans la vallée. Mais son tempérament querelleur et impulsif le met souvent dans des situations impossibles...
En 1919, la firme Skandia, qui veut rivaliser avec la prestigieuse Svensk Filmindustri, embauche deux des acteurs fétiches de Stiller pour une adaptation d'un célèbre roman norvégien de Bjørnstjerne Bjørnson. Tourné en Suède et en Norvège, le film dirigé par John W. Brunius ne manque pas d'atout. Mais, on se rend compte très rapidement que Brunius n'a pas les mêmes qualités qu'un Stiller ou un Sjöström. Il se contente d'illustrer le roman pastoral de Bjørnson, sans lui apporter les éléments lyriques et la puissance narrative des deux maîtres suédois. Mais on aurait tord de dédaigner ce film. D'abord, il nous permet de découvrir la vie des paysans norvégiens qui suivent le rythme des saisons et les traditions patriarcales. Synnöve étant la fille d'un riche fermier, dont les pâturages élevés lui assure un bon rendement chez ses vaches laitières, elle se doit d'épouser un fils de fermier riche également. De son côté, Thorbjörn fait le désespoir de son père. Depuis son enfance, il est influençable et se laisse entraîner dans des querelles et de mauvaises actions par l'ouvrier agricole de son père. Plus tard, devenu adulte, il est à nouveau en butte aux attaques d'un jaloux qui voudrait lui aussi épouser Synnöve. Il devra apprendre à réfréner ses impulsions pour conquérir Synnöve. Le couple vedette du film, Lars Hanson et Karin Molander (qui devinrent mari et femme quelques années plus tard) apportent énormément au film. Lars Hanson joue un rôle très physique avec un entrain et un naturel qui semblent incompatible avec sa formation théâtrale. C'est d'ailleurs l'un des aspects pour lesquels les Suèdois des années 10 avaient tant d'avance sur d'autres pays: la qualité et le naturel de leurs interprètes. Le tournage en extérieur donne également au film une aération et un charme unique. Même si Brunius n'est pas un metteur en scène exceptionnel, son film reste passionnant et un régal pour l'oeil. Le film est disponible dans un coffret (consacré à trois films adaptés de Bjørnstjerne Bjørnson) publié par le Norsk Filminstitutt avec des sous-titres en anglais dans une superbe copie restaurée. Seul bémol: la musique du suédois Matti Bye se révèle particulièrement répétitive et agaçante avec sa répétition incessante du même motif pendant tout le film.