Florence et King Vidor sur le plateau de The Real Adventure |
Emancipée
Un film de King Vidor avec Florence Vidor, Clyde Fillmore et Philip Ryder
Rose Stanton (F. Vidor) rencontre par hasard Rodney Aldrich (C. Fillmore) dans un tramway. Rodney l'épouse peu après. Mais, pris par son métier d'avocat, il délaisse son épouse qui souhaite pouvoir s'épanouir elle aussi intellectuellement...
Durant les premières années de sa carrière, King Vidor produisait ses propres films avec comme actrice principale son épouse de l'époque, Florence Vidor. Très peu de ces films nous sont parvenus. The Real Adventure a été retrouvé à la Cinémathèque de Toulouse dans une copie malheureusement incomplète; il manque la deuxième bobine. Vidor avait dès ses débuts eu des préoccupations sociales comme le montre le magnifique The Other Half (1919), alors que dans celui-ci, il s'intéresse au sort de la femme au foyer. Florence Vidor est une superbe actrice de cinéma qui joue avec naturel et subtilité. De la jeune fille fière et décidée à l'épouse fatiguée de n'être qu'un faire-valoir de son mari, elle joue de son visage mobile sans jamais exagérer aucune expression. Il est fort dommage que la seconde bobine manquante de ce film contienne les scènes cruciales où elle réalise que sa vie maritale ne sera pas le lit de roses qu'elle avait envisagée. On la voyait sous une tempête de neige lors de leur lune de miel, puis éconduite sur le lieu de travail de son époux. Vidor travaille tout en finesse avec l'excellent opérateur George Barnes. Utilisant l'ellipse habilant, Vidor nous montre l'évolution de Rose qui décide de quitter son époux pour lui montrer qu'elle peut très bien gagner sa vie toute seule. Mais, malgré tout, le film n'est pas aussi prenant que l'était The Other Half. Et la fin est évidemment terriblement rétrograde: l'épouse rentre dans ses foyers après avoir expérimenté le rôle de femme émancipée car selon la morale de l'époque, elle ne peut s'accomplir sans un époux à ses côtés. La copie teintée incomplète est cependant de belle qualité, mettant en valeur la belle cinématographie de Barnes aussi bien dans les extérieurs qu'en studio. Une charmante curiosité.