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dimanche 31 mai 2015

Bandits en automobile 1912

Les bandits en fuite tirent sur la police

Un film de Victorin-Hippolyte Jasset avec Henri Gouget, Josette Andriot et Camille Bardou

L'épopée criminelle du bandit Bruno, et de son gang, et son arrestation par la police.

L'arrestation de Bruno (sous le matelas) dans le garage en feu
Au printemps 1912, les méfaits de la bande à Bonnot tiennent en haleine toute la France. Avant même l'arrestation et la mort de Jules Bonnot, la société Eclair décide de faire un film sur l'épopée criminelle du gang. Le film a donc été réalisé en deux parties distinctes. La première intitulée L'auto grise montre la série de crimes et de braquages commis par Bonnot, et la seconde, Hors-la-loi, se concentre sur le siège du gang à Choisy-le-Roi le 28 avril 1912. Nous sommes donc face à une sorte de docu-fiction où les noms des protagonistes sont discrètement modifiés de Bonnot à Bruno, ce qui ne devait tromper personne. Comme la plupart des films Eclair que j'ai pu voir, le style de la maison est plus rapide et nerveux que celui des firmes concurrentes. La copie n'est pas tout à fait complète, mais les manques ne sont par rédhibitoires pour la compréhension. La première partie contient une action bondissante avec de fréquentes poursuites en voiture. La seconde est une recréation extrêmement fidèle du siège de Choisy-le-Roi tel qu'on peut le voir dans une bande d'actualités Gaumont de 1912. La police ne montrait pas du tout le professionnalisme que l'on connaît de nos jours. Il y avait un niveau d'improvisation assez affolant. Ainsi, on a utilisé une charette de foin pour s'approcher du garage où était retranché Bonnot pour faire exploser le mur à la dynamite. Il a fallu s'y reprendre à trois fois ! Il est étonnant de constater que le film de Jasset tent à héroïser le bandit qui fait face seul à la charge de la police. Golbalement, ce film montre le très grand talent de Jasset, qui avait été chef de figuration à la firme Gaumont, qui sait parfaitement construire son intrigue, choisir ses angles de prise de vue et impeccablement faire monter le suspense. La Cinémathèque royale de Belgique qui a retrouvé le film l'a mis en ligne sur YouTube.

dimanche 23 mars 2014

La Dame de Monsoreau 1913

Bussy (H. Bosc) quitte Méridor (alias Chenonceau)
Un film de Charles Krauss ? ou Victorin Jasset ? ou Emile Chautard ? 
avec Marie-Louise Derval, Henri Bosc, Paul Guidé, Victor Perny, Léonce Cargue et Emile Garandet

La belle Diane de Méridor (M.L. Derval) est convoitée par le Duc d'Anjou (L. Cargue) et doit accepter la protection du Comte de Monsoreau (Jean Dulac) qu'elle abomine. Un jour, elle sauve le Comte de Bussy (H. Bosc) blessé dans un duel, en faisant venir un médecin...

Chicot (V. Perny) fait boire Gorenflot (E. Garandet)
Le célèbre roman d'Alexandre Dumas a été adapté plus d'une fois au cinéma et à la télévision. Cette première version produite par la société Eclair sortie en novembre 1913 présente un intérêt certain. Tout d'abord, les films produits par cette firme ont presque tous disparus et la restauration d'une de leurs grandes productions est vraiment un événement à saluer. Il reste un sérieux problème pour l'indentification du metteur en scène de ce film. Cette production de la branche ACAD (Association cinématographique des auteurs dramatiques) a dans le passé été attribué à Maurice Tourneur, par le peu fiable Jean Mitry. En fait, les quelques sources que l'on possède montre qu'il n'en est rien. Emile Garandet, qui joue Gorenflot, indique que le film aurait été réalisé par Victorin Jasset. Et Paul Guidé, qui joue Henri III, donne Charles Krauss comme réalisateur. Il n'est pas impossible que le film ait été commencé par Jasset et suite à son décès en juin 1913, qu'il ait été repris par Charles Krauss. Quant à l'attribution à Emile Chautard qui réalisait les grandes adaptations littéraires de l'ACAD, elle reste également possible sans qu'on puisse l'affirmer à 100%.
Henri III (Paul Guidé) et sa cour
 En tout état de cause, c'est un plaisir de découvrir cette version de mon roman préféré d'Alexandre Dumas. Eclair n'a pas lésiné sur les moyens, entre les costumes somptueux, le tournage en extérieurs au château de Chenonceau et le choix des acteurs issus des grands théâtres parisiens. En seulement 60 min, l'intrigue complexe du roman est résumée à grands traits sans éliminer pourtant les personnages et les intrigues secondaires. Le résultat donne un film qui avance sur les chapeaux de roue, mais qui est nettement plus satisfaisant que la version languissante réalisée par René Le Somptier en 1923. Les films Eclair offrent un découpage nettement plus dynamique que les films Pathé de la même époque. Ce film contient d'ailleurs nombres de plans américains, qui étaient fort rares chez leur concurrent. Il y a une excellente qualité de la photo avec une composition et une lumière directionnelle élaborées.
Diane (M.L. Derval) retrouve son père amené par Bussy
Et on peut l'apprécier malgré les nombreuses traces de décomposition. Les acteurs sont parfois un peu théâtraux, mais évitent l'outrance. C'est surtout par sa pure beauté plastique que le film régale les yeux. D'ailleurs, lorsque le film fut distribué aux Etats-Unis en mai 1914, il reçut les louanges de la presse professionnelle qui "nota la beauté exceptionnelle des paysages et la magnificence des intérieurs." Le seul bémol dans mon appréciation du film vient de la fin heureuse qui a été élaborée pour épargner au public la mort du héros et qui, sans nul doute, fut adorée par le public américain, mais qui ne correspond pas du tout aux intentions de Dumas qui avait conçu un drame romantique dans les règles de l'art. Même si je préfère toujours le merveilleux feuilleton de 1971 réalisé pour l'ORTF, ce film Eclair reste un régal pour les yeux. Vous pouvez découvrir le film sur le site des Archives Françaises du Film en cliquant ici.