lundi 9 décembre 2019
Interview sur la Continental à la RTBF diffusée le 6 septembre 2019
Mon ouvrage sur la Continental Films a fait l'objet d'une interview sur la 1ère de la RTBF le 6 septembre dernier. Vous pouvez l'écouter ici:
mercredi 12 juin 2019
Travail 1919
Luc Froment (Léon Mathot) |
Un film en 7 épisodes d'Henri Pouctal avec Léon Mathot, Huguette Duflos, Raphaël Duflos, Camille Bert, Marc Gérard et Claude Mérelle
L'ingénieur Luc Froment (L. Mathot) est appelé par son ami Martial Jordan (M. Gérard) qui possède une mine et une aciérie pour expertiser sa propriété. Froment découvre la misère et le labeur des ouvriers qui sortent tout juste d'une longue grève dans l'usine sidérurgique voisine. Il décide de prendre en charge la mine et l'aciérie en y développant une nouvelle vision moderne du travail où les ouvriers peuvent vivre correctement...
(1860-1922) |
Ce magnifique film adapté d'Emile Zola est une des oeuvres majeures du cinéma muet français. Le metteur en scène Henri Pouctal y fait montre d'un talent de conteur et d'un lyrisme remarquable. Je ne connaissais jusqu'à présent le film que sous la forme d'une version de 2h30 très condensée. La Fondation Pathé a eu l'excellente idée de programmer la version complète en 7 parties qui démontre, encore mieux que la version courte, l'ampleur, le souffle et la maîtrise de ce réalisateur oublié. Tourné en grande partie au Creusot, le film conjugue une vision documentaire du travail des ouvriers sidérurgistes avec une vision chorale des personnages de Zola dans toutes les classes de la société. Grâce à sa durée, Pouctal peut aisément dresser le portrait des multiples personnages qui peuplent le roman. Luc Froment, l'ingénieur qui vient de Paris, nous fait découvrir pas à pas le petit peuple de la vieille ville du Vieux Beauclair avec ses petites rues insalubres, sa rivière polluée et les bistrots où les ouvriers viennent dépenser leur paie avant même de nourrir leur famille. Puis, nous découvrons la classe dominante où se croisent un directeur d'usine dévoué et des fils de famille qui dilapident la fortune familiale. Ces deux sociétés ne se croisent jamais - ou presque- et le seul qui fait le lien entre ces deux mondes, c'est l'ingénieur venu d'ailleurs. Il découvre rapidement les conditions inhumaines faites aux ouvriers avec leur maigre paie, leur habitat insalubre, l'alcoolisme et la violence. Pétri d'idéalisme, Froment décide de construire une cité ouvrière modèle où chaque famille aura un petit jardin où cultiver ses légumes, une maison neuve et l'accès à la culture avec une école et une bibliothèque. Mais, cette belle création va heurter les bourgeois qui vivent de la misère du bas peuple, en particulier les commerçants et patrons de bistrots poussés par les propriétaires de l'usine voisine. Il est traîné en justice pour avoir capté l'eau (polluée) de la rivière pour son usine. Bien qu'il gagne son procès, il traverse la ville sous les huées, les jets de pierre et les crachats d'un peuple qui ne reconnaît pas son oeuvre. Au sein de chaque communauté, évitant le manichéisme, on trouve des hommes et femmes généreux et d'autres pétris de mépris ou de haine. Froment reste, en quelques sortes, en retrait comme un étranger. Il observe avec bonheur que les enfants de toutes les classes peuvent se retrouver en cachette pour jouer ensemble en évitant le mépris de classe des adultes. Le montage du film est extrêmement élaboré pour l'époque, conjuguant flash-backs, montage parallèle et court inserts qui montre l'acier en train d'être forgé. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si l'usine dont s'occupe Froment forge des rails et des charpentes métalliques quand son concurrent se concentre sur les canons et les obus. Les trois premières parties de ce film sont absolument magistrales. Je ne verrais malheureusement pas les quatre dernières parties. Mais le film sera certainement projeté de nouveau un de ces jours et il faut y courir!
Josine (H. Duflos) remercie Luc (L. Mathot) |
vendredi 17 mai 2019
The Mystery of the Yellow Room 1919
Le Mystère de la chambre jaune
Un film d'Emile Chautard avec William S. Wallcot, Edmund Elton, George Cowl, Lorin Raker et Ethel Grey Terry
La fille du professeur Stangerson (E. Grey Terry) a été agressée dans une pièce fermée de l'intérieur. Le policier Larsan (G. Cowl) et le jeune journaliste Rouletabille (L. Raker) enquêtent...
E. Chautard (1864-1934) |
Emile Chautard fait partie de ces cinéastes européens émigrés en Amérique qui ont presque totalement disparu des radars. Pourtant, il a été le mentor de deux des plus grands réalisateurs de l'histoire du cinéma. En 1912, il prend sous son aile un acteur qui débute à la société Eclair et favorise son passage à la réalisation. Maurice Tourneur a appris son métier en tant qu'assistant à ses côtés avant de voler de ses propres ailes dès 1913. Arrivé en Amérique en 1915, Chautard emploie un nommé Joe Stern comme assistant. Il deviendra plus tard célèbre sous le nom de Josef von Sternberg. Il aurait d'ailleurs participé au tournage de cette version du roman de Gaston Leroux en 1919 en tant qu'assistant. Si Chautard est tant méconnu, c'est que fort peu de ses films ont survécu. C'est donc une formidable opportunité de pouvoir se faire une opinion sur ce cinéaste que cette projection d'une copie de The Mystery of the Yellow Room restaurée récemment. Tourné sur la Côte Est, ce film n'a aucune star à l'affiche, mais des comédiens bien choisis pour leurs emplois respectifs. Le jeune Lorin Raker incarne un Rouletabille agile et poupin et George Cowl (qui fut longtemps l'assistant de Tourneur) est un Larsan distingué. Maîtrisant son récit, Chautard s'offre deci-delà quelques plans étonnants comme cette vue en plongée de la chambre jaune avec Mathilde Stangerson au sol après l'agression. Ne laissant aucun temps mort, nous suivons les investigations de Rouletabille qui cherche sans relâche le coupable. Si la résolution de l'énigme lors du procès final donne lieu à des cartons d'intertitres bien trop verbeux, le reste du film est parfaitement calibré pour maintenir le suspense jusqu'à la dernière bobine. La photo de l'opérateur français Jacques Bizeul est de belle qualité, mais si elle fut considérée comme juste adéquate par la presse corporative de l'époque. On ne peut qu'espérer que d'autres films de Chautard referont surface pour rendre hommage à ce pionnier qui à partir de 1927 dut se contenter de jouer les rôles de complément dans les films de certains de ses anciens élèves.
lundi 13 mai 2019
mardi 7 mai 2019
L'Autre aile 1923
Robert Vraie (J. Murat) et Hélène Tarnière (M. Ferrare) |
Un film de Henri Andréani avec Marthe Ferrare, Jean Murat, Charles Vanel, Mary Harald et Claude France
Hélène Tarnière (M. Ferrare) a été traumatisée par la mort de son amant pilote lors d'une exhibition aérienne. Elle décide de devenir pilote elle-même pour surmonter son chagrin. Son arrivée à l'aérodrome crée une intense jalousie entre le pilote Robert Vraie (J. Murat) et le mécanicien Gaston Lager (C. Vanel) qui sont tous deux attirés par la jeune femme...
Ce film d'Henri Andréani a été reconstitué récemment par la Cinémathèque, mais il reste cependant incomplet (il doit manquer env. 15 min). Dans le rôle principal, on trouve une cantatrice de l'Opéra-Comique, la soprano Marthe Ferrare. Le cinéma muet était friand (bizarrement!) de chanteurs d'opéra. Le meilleur exemple, c'est certainement le magnifique baryton Vanni-Marcoux dans Le Miracle des loups (1924) de Raymond Bernard. Marthe Ferrare a un joli minois, mais n'a pas fait une grande carrière. Le générique annonce à coup de trompettes qu'elle est habillée par Paul Poiret comme si le créateur était lui-même un interprète du film. Si Marthe arbore quelques jolies robes dans la première partie, dans la seconde elle est engoncée dans une combinaison de pilote sans aucune élégance. On peut se demander si Poiret ne s'est pas plaint au producteur...! Si le film montre de vrais aéronefs en train de décoller et d'atterrir, il reste cependant un peu en retrait par rapport aux sensations des pilotes. Et la deuxième partie se concentre sur la jalousie maladive de la maîtresse de Charles Vanel interprétée par Mary Harald, la belle interprète Tih-Minh de Louis Feuillade. Tiré d'un roman de Ricciotto Canudo, l'intrigue n'est guère originale. Le traitement qu'en fait Andréani n'est pas dépourvu d'intérêt mais il n'offre pas l'envolée lyrique qu'aurait pu lui donner un Gance ou un L'Herbier à la même époque. Une production standard, pas désagréable, mais sans originalité.
Pretty Ladies 1925
Bobby (Lucille Le Sueur = Joan Crawford) et Maggie (Zasu Pitts) |
Un film de Monta Bell avec Zasu Pitts, Tom Moore, Lilyan Tashman, Conrad Nagel et Lucille Le Sueur
Maggie Keenan (Z. Pitts) est la star comique d'un grand music-hall new-yorkais. Mais alors que la vedette Selma Larson (L. Tashman) collectionne les conquêtes masculines, Maggie reste solitaire jusqu'à une rencontre fortuite avec le batteur Aloysius Cassidy (T. Moore) qui compose une chanson pour elle...
Cette agréable comédie sur fond de music-hall nous est parvenue dans une copie incomplète où les numéros des Ziegfeld Follies (présentés en couleurs dans la copie originale) sont manquants. Parmi les jolies filles qui font de la figuration, figurent deux futures stars de la MGM: Myrna Loy et Joan Crawford (encore nommée Lucille Le Sueur). Si Crawford est toujours visible dans cette copie, Myrna est elle invisible. Néanmoins, ce film de Monta Bell est très agréable à suivre grâce à la délicieuse incarnation de Zasu Pitts qui prouve qu'elle n'est pas qu'une actrice comique, mais qu'elle peut également se montrer à la hauteur dans un mélo. Vêtue d'un costume de mouche, elle exécute également un numéro comique réjouissant entourée de girls. Monta Bell montre son talent grâce à des petits détails amusants comme cette chorus girl blonde (Dorothy Seastrom) qui hoche négativement la tête à chaque fois que son prétendant lui fait des avances avant de finalement dire oui - tout à la fin - lorsqu'il la demande en mariage. Quant à Lilyan Tashman, elle est une formidable mangeuse d'homme qui affiche dans sa loge la liste des plus riches contribuables américains pour pouvoir sélectionner ses amants! Quant à Joan Crawford, on l'aperçoit dans de nombreuses scènes en chorus girl. Le début du film est très habile. On voit Tom Moore dans un lieu clos en train de jouer aux cartes. Soudain, une lumière s'allume et les hommes quittent la pièce par une minuscule porte. Y-a-t-il une descente de police? Non, ce sont seulement les musiciens qui prennent position dans la fosse du music-hall. Si l'histoire n'est guère originale, le film se regarde sans ennui grâce à son rythme et à la qualité de son interprétation.
lundi 18 mars 2019
Continental Films à Genève le 10 avril 2019
Je serais à Genève aux Cinémas du Grütli le mercredi 10 avril pour présenter
deux films de la Continental:
Le Dernier des six (1941, G. Lacombe) à 17h00
Et L'Assassin habite au 21 (1942, H.G. Clouzot) à 21h00
Il y aura également une rencontre avec les spectateurs à 19h00 ainsi qu'une séance de dédicace de mon ouvrage Continental Films - Cinéma français sous contrôle allemand.
vendredi 18 janvier 2019
What Happened to Jones? 1926
Tom Jones (Reginald Denny) au centre |
Les Mésaventures de Jones
Un film de William A. Seiter avec Reginald Denny, Marion Nixon, Otis Harlan et Zasu Pitts
Tom Jones (R. Denny) s'apprête à convoler en justes noces avec la belle Lucille Bigbee (M. Nixon). Mais, il est pris en flagrant délit de poker clandestin. Poursuivi par la police, il se travestit en femme, puis en évêque...
Cette comédie de William A. Seiter est une superbe réussite grâce à un scénario particulièrement bien construit où les quiproquos et les mésaventures du malheureux Jones se succèdent à un rythme endiablé. De plus, les seconds rôles sont extrêmement bien choisis avec Zasu Pitts en domestique maladroite qui multiplie les impairs tout en réclamant de l'argent à son patron pour ne pas faire état de son retour au petit jour. Le gros Otis Harlan est terrifié à l'idée de son harpie d'épouse (Emily Fitzroy) découvre qu'il a joué toute la nuit. Quant à Reginald Denny, il doit tour à tour se travestir en femme dans un sauna pour dames avant de devoir endosser - bien malgré lui ! - une soutane. Alors que la situation semblait totalement désespérée - sa fiancée va en épouser un autre et il doit célébrer leur mariage - il va trouver la parade. Reginald Denny donne une remarquable interprétation tout en légèreté et virtuosité sans sombrer dans la gaudriole. La copie est superbe une restauration 4K à partir d'une copie 35 mm du MoMA. Un film qui mériterait d'être édité en DVD.
mercredi 16 janvier 2019
Oh, Doctor! 1925
Rufus Billops (R. Denny) et Dolores Hicks (M. Astor) |
Oh, docteur !
Un film de Harry A. Pollard avec Reginald Denny, Mary Astor et Otis Harlan
Rufus Billops (Reginald Denny) est un hypocondriaque de naissance. Il doit toucher un gros héritage dans trois ans, mais pense ne pas survivre à ses pathologies imaginaires jusqu'au jour où arrive une délicieuse infirmière (Mary Astor)...
Je continue ma découverte des comédies Universal de Reginald Denny à la Fondation Pathé. La copie numérique de Oh, Doctor! provient d'une copie 16 mm écourtée et n'a donc pas la même qualité que The Reckless Age. Mais le scénario qui s'inspire librement de Safety Last (1923) apporte son lot de frissons. Reginald Denny affublé de lunettes à la Harold Lloyd escalade un mât perché sur un building comme le ferait le grand comique. Quant à Mary Astor, elle retrouve son partenaire de ses débuts en 1921 dans The Beggar Maid. En infirmière futée, elle réussit à redonner vie à un hypocondriaque patenté tout en l'aidant à recouvrer sa fortune. Les seconds rôles sont tenus avec succès par trois acteurs de complément fort savoureux en vieillards nerveux (Otis Harlan, William V. Mong, Tom Ricketts). Le film contient une très jolie scène où Rufus s'imagine en faune pourchassant la belle Dolores. Le pianiste a eu l'excellente idée de citer quelques phrases du Prélude à l'après-midi d'un faune de Debussy. Malheureusement, l'accompagnement au piano de cette comédie péchait comme d'habitude par un manque de rythme et on avait l'impression de voir un mélodrame. Il faudrait y injecter le jazz entêtant des années 20 qui semble rester inconnu des pianistes français.
mardi 15 janvier 2019
The Reckless Age 1924
Cecilia (Ruth Dwyer) et Dick (Reginald Denny) |
Folle jeunesse
Un film de Harry A. Pollard avec Reginald Denny, Ruth Dwyer, William Austin et Tom McGuire
L'agent d'assurance new-yorkais Dick Minot (R. Denny) est envoyé en Floride pour s'assurer du mariage de son client Lord Harrowby (Wm Austin) avec une riche héritière. Or Dick tombe amoureux de sa fiancée Cecilia (R. Dwyer)...
L'acteur britannique Reginald Denny est de nos jours surtout connu comme un second rôle dans un nombre important de films des années 40. Mais dans les années 20, il était une importante tête d'affiche pour des comédies sentimentales au sein de la Universal. Ces films n'étaient jusqu'à présent guère disponibles à part le délicieux Skinner's Dress Suit (1926, Wm A. Seiter) que l'on trouve en DVD. C'est donc une aubaine de découvrir de nouveaux titres grâce aux nouvelles restaurations numériques réalisées par Universal. The Reckless Age est construit avec habilité pour faire monter la tension. Dick Minot se retrouve dans une situation de plus en plus inextricable avec des retournements de situation en continu alors que son travail et ses sentiments s'opposent constamment. Dans le rôle du ridicule Lord Harrowby, on retrouve William Austin, qui était spécialisé dans les personnages de dandy. Il n'a visiblement qu'une idée: épouser une riche héritière pour combler ses nombreuses dettes tout en s'assurant auprès de la Floyd of London (!) en cas d'empêchement pour 100.000 dollars. Le malheureux Dick va devoir le tirer de nombreuses situations délicates pour que sa société ne soit pas redevable de cette énorme somme. Le film ne reste pas entre quatre murs, il y a une poursuite entre un train et une vieille guimbarde très rythmée et amusante. Denny est un acteur qui évite tout excès et a un jeu parfaitement naturel et détaché. Cela ne l'empêche pas de se battre à mains nues dans les bureaux d'un journal local et de conduire une vieille voiture à toute allure. Une charmante comédie.
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