mardi 26 mars 2013

Tarnished Lady 1931

Un film de George Cukor avec Tallulah Bankhead, Clive Brook, Phoebe Foster, Elizabeth Patterson, Osgood Perkins et Alexander Kirkland

Nancy Courtney (T. Bankhead) accepte de se marier avec le richissime Norman Cravath (C. Brook) car elle et sa mère sont dans la gêne. Le mariage va de mal en pis, et un jour, Nancy quitte Norman...

Cette production Paramount sur un scénario de Donald Ogden Stewart montre à quel point George Cukor avait assimilé rapidement les techniques cinématographiques. Avec The Royal Family of Broadway (1930) et Girls About Town (1931), il montre déjà toutes ses qualités de directeur d'acteur et son habilité avec la caméra qui ne restera pas statique, malgré la difficulté à la faire bouger dans ces années-là. Le film contient tous les éléments du cinéma pre-code avec une Tallulah Bankhead comme un poisson dans l'eau en héroïne qui va jusqu'au bout de ses passions. Issue d'une famille riche qui est maintenant sans le sou, elle doit se sacrifier pour le bien de sa mère (une excellente Elizabeth Patterson) en épousant un homme riche. Elle va cependant passer la nuit avec l'homme qu'elle aime (A. Kirkland) la veille de convoler en justes noces avec Norman (Clive Brook). On n'hésite pas à nous montrer la chambre à coucher avec les deux oreillers qui attendent les jeunes mariés. Lui est très pressé et amoureux, elle pas du tout. Il faut d'ailleurs remarquer la subtile prestation de Clive Brook en homme du monde, à priori guindé, mais qui révèle petit à petit ses faiblesses. Le film bénéficie de nombreuses scènes tournées en extérieur à New York; ce qui était très novateur pour les débuts du parlant (et ne l'était pas du tout au muet). Cukor raconte qu'il avait été déçu par l'image de Tallulah Bankhead à l'écran: "Tallulah était l'actrice la plus brillante et la plus excitante au théâtre et dans la vie de tous les jours, elle était extrêmement amusante, chaleureuse, peu conventionnelle et charmante.  Mais, je ne crois pas que ses qualités émotionnelles soient jamais passées à l'écran. Et elle voulait ressembler à Garbo." Malgré ces réserves, ce mélo est une belle réussite et William K. Everson considère que c'est le meilleur film de Bankhead. Passant d'un luxueux appartement-terrasse à un bar minable , sa Nancy doit surmonter de multiples épreuves pour retrouver sa dignité. Dans les seconds rôles, on reconnait l'innénarable Eric Blore et le formidable Osgood Perkins (le papa d'Anthony). Un excellent Cukor qui  mériterait d'être mieux connu.  

samedi 16 mars 2013

Once in a Lifetime 1932

Jack Oakie, Aline MacMahon et Russell Hopton
Un film de Russell Mack avec Jack Oakie, Sidney Fox, Aline MacMahon, Russell Hopton et Gregory Ratoff

1927, trois artistes de music-hall, George, May et Jerry (J. Oakie, A. MacMahon et R. Hopton) décident de partir tenter leur chance à Hollywood suite à l'arrivée du parlant qui a vidé leur théâtre. Ils créent un cours d'élocution au sein du studio Glogauer dirigé par Herman Glogauer (G. Ratoff)...

Adaptée d'une comédie de George S. Kaufman et Moss Hart, cette délicieuse production Universal nous emmène dans les coulisses d'Hollywood à l'orée du parlant. Les deux auteurs se moquent du système hollywoodien où le bluff passe pour du talent. Les trois artistes de 'vaudeville' n'ont aucun mal à se faire une place dans ce milieu factice où le plus nul d'entre eux, George (très bien joué par Jack Oakie) arrive à faire passer sa bêtise pour du génie auprès du patron, Glogauer. Ce dernier avec son épais accent russe, n'y connaît pas grand chose non plus et il bombarde George producteur exécutif. Il se retrouve en charge de la nouvelle production maison dont la star est la fragile et parfaitement sotte, Susan Walker (Sidney Fox). Bien qu'il se soit trompé de scénario - et que le film paraisse inepte - il est salué par les critiques comme une superbe réussite. Morale de l'histoire : à Hollywood au début du parlant, si on est totalement nul, on a toutes ses chances. Le film fourmille de seconds rôles réjouissants avec la géniale Aline MacMahon qui devient professeur d'élocution en rien de temps en se fabriquant un CV bidon. Zasu Pitts est la secrétaire de Glogauer toujours dans la lune et incapable de se souvenir du nom des visiteurs. Louise Fazenda joue une journaliste 'reine du potin' dans le moule de Louella Parsons. C'est une production atypique pour le studio Universal qui mériterait d'être mieux connue et qui montre qu'Hollywood a su très tôt se moquer de lui-même. Carl Laemmle a eu du nez en achetant cette pièce de Kaufman et Hart.

mercredi 13 mars 2013

Albert Capellani - Cinéaste du romanesque (II)

Le livre est maintenant disponible sur le site de La Tour Verte, fnac.com et amazon.com.

Voici les premières critiques publiées sur le web et dans la presse:

L'Humanité, 13 mars 2013 - La Chronique cinéma d'Emile Breton:
A Capellani, méconnu en son temps en France et reconnu alors aux Etats-Unis, où il devait aller travailler à partir de 1914 (sic), peu présent dans les histoires du cinéma et révélé par les festivals de Bologne (Il Cinema Ritrovato) de 2010 et 2011, Christine Leteux a consacré un livre, Albert Capellani, cinéaste du romanesque, indispensable à tous ceux qui auront pu découvrir ce cinéaste à la Cinémathèque. Il est écrit sobrement, sans recherche. Mais la recherche, heureusement, a précédé l'écriture. Fouillant dans toutes les archives disponibles (plus nombreuses en fait aux Etats-Unis qu'en France) et les rares mémoires de témoins, elle le remet à sa vraie place, une des premières, et fait un sort à trop de fausses informations jusqu'alors reprises sans vérification. Kevin Brownlow, qui préface le livre, souhaite qu'avec cette contribution, "Capellani ne soit plus jamais un oublié de l'histoire du cinéma". Ce serait justice.
A voir à lire, le 3 mars 2013:
La première monographie consacrée à Albert Capellani sort à point nommé au moment où la Cinémathèque Française consacre une rétrospective à ce cinéaste majeur dont on commence enfin à mesurer la stature.
Notre avis : Au moment où la Cinémathèque Française reprend, du 6 au 24 mars 2013, la rétrospective que le Festival Il Cinema Ritrovato de Bologne a consacrée, en 2010 et 2011, à la période française d’Albert Capellani (mais en confrontant aussi sa première Bohème de 1912 à sa Vie de Bohème américaine de 1916), le livre de Christine Leteux est la première monographie consacrée à ce très grand cinéaste dont, grâce aux restaurations récentes et aux éditions DVD (notamment le superbe coffret Pathé), on peut enfin mesurer le rôle précurseur et la véritable stature.  L’auteure, qui s’intéresse aux films rares des années 1910, 1920 et 1930 dans son remarquable blog Ann Harding’s Treasures, s’est livrée à un travail de recherche minutieux qui lui permet de rectifier nombre d’informations erronées qui circulaient jusqu’à présent sur Capellani (et qui résultaient le plus souvent de la confusion de sa biographie avec celle de son frère cadet Paul) et de brosser un portrait très documenté de cette personnalité au fort tempérament. 
Les analyses de films ne sont généralement qu’esquissées mais elles fournissent des aperçus pertinents qui donnent fortement envie de voir sur pièce. Ecrit sur le mode un peu convenu de la biographie (très légèrement) romancée, cet excellent ouvrage, préfacé par Kevin Brownlow et étayé de nombreuses citations d’articles de l’époque ainsi que d’une galerie de photos, ne prétend pas épuiser le sujet mais déblaye utilement le terrain. Il se lit avec grand intérêt et parvient à faire revivre une époque pionnière où tout était encore à inventer. 
Claude Rieffel
Ciné-Région.fr le 12 mars 2013:
À l'occasion de cette rétrospective, les Editions de La Tour verte présentent une biographie, Albert Capellani, cinéaste du romanesque de Christine Leteux, qui avait traduit avec un réel brio l'an dernier le livre La parade est passée... de Kevin Brownlow qui signe ici une préface avec le talent de pédagogue et l'enthousiasme de l'amoureux de cinéma qu'il ne cesse d'être. Le livre est vendu au prix de 14,90 €, notamment disponible à la librairie de la Cinémathèque, et permet de cerner sa personnalité, grâce au travail de recherche de l'auteur qui a du déceler le vrai du faux ( pléthorique ) parmi les rares informations, souvent contradictoires, sur ce réalisateur dont on ne peut qu'un jour rêver de découvrirles quelques petites dizaines d'oeuvres qui doivent être encore restaurées oucomplétées, notamment sont celles de son parcours américain, quasiment totalement absent de ce cycle. Pascal Le Duff
 Et finalement, la critique de Tom Peeping sur son Blog Sniff & Puff:
[...] Albert Capellani, cinéaste du romanesque de Christine Leteux redonne au réalisateur, après une longue éclipse, la place qui est la sienne dans l'histoire du cinéma : celle d'un des plus grands réalisateurs de son temps. Et donne une furieuse envie, après sa lecture, de découvrir les chefs-d'oeuvre préservés de ce créateur visionnaire. Un livre passionnant de bout en bout.

dimanche 3 mars 2013

Mandalay 1934

Un film de Michael Curtiz avec Kay Francis, Ricardo Cortez, Warner Oland and Lyle Talbot

A Rangoon, Tanya (K. Francis) est abandonnée par son amant (Ricardo Cortez) dans une boîte de nuit tenue par l'inquiétant Nick (W. Oland). Contre son gré, elle devient entraîneuse, mais songe à échapper à cet esclavage...

Ce film mis en scène par Michael Curtiz est un excellent mélo 'pre-code' centré sur la belle Kay Francis habillée de robes extravangantes signées Ory-Kelly. Mais, au-delà de la débauche d'organza, le film offre un portrait de femme passionnant. Dans une Birmanie coloniale qui suggère tous les trafics et les corruptions, Kay est en butte aux manigances de son amant, Tony, joué par un Ricardo Cortez louche à souhait. Il la vend à Nick, un oriental libidineux joué par l'inévitable traitre oriental (le suédois!) Warner Oland. La pauvre Kay tente d'abord de résister avant de se résigner et d'apprendre à tirer tout ce qu'elle peut de ses clients masculins, abandonnant tout sens moral. Mais,elle va partir brusquement par bateau pour Mandalay pour se trouver et échapper à la chaleur intense de Rangoon. Sur le bateau, elle rencontre Gregory Burton (Lyle Talbot), un homme - comme elle - déchu qui recherche une rédemption. Alors que le bonheur semble à portée de main, elle retombe sur l'affreux Tony. Le film se termine sur une pirouette étonnante, typique de la période pre-code, elle se débarrasse de son ex-amant et repart sans être inquiétée. Les transformations de Kay dans le film sont une grande réussite : de la douce créature crédule du début à l'entraîneuse désabusée qui sait manier les hommes comme pas une. Un film de 65 minutes parfaitement réalisé et absolument délectable.