vendredi 17 mai 2019

The Mystery of the Yellow Room 1919

Le Mystère de la chambre jaune
Un film d'Emile Chautard avec William S. Wallcot, Edmund Elton, George Cowl, Lorin Raker et Ethel Grey Terry

La fille du professeur Stangerson (E. Grey Terry) a été agressée dans une pièce fermée de l'intérieur. Le policier Larsan (G. Cowl) et le jeune journaliste Rouletabille (L. Raker) enquêtent...

E. Chautard (1864-1934)
Emile Chautard fait partie de ces cinéastes européens émigrés en Amérique qui ont presque totalement disparu des radars. Pourtant, il a été le mentor de deux des plus grands réalisateurs de l'histoire du cinéma. En 1912, il prend sous son aile un acteur qui débute à la société Eclair et favorise son passage à la réalisation. Maurice Tourneur a appris son métier en tant qu'assistant à ses côtés avant de voler de ses propres ailes dès 1913. Arrivé en Amérique en 1915, Chautard emploie un nommé Joe Stern comme assistant. Il deviendra plus tard célèbre sous le nom de Josef von Sternberg. Il aurait d'ailleurs participé au tournage de cette version du roman de Gaston Leroux en 1919 en tant qu'assistant. Si Chautard est tant méconnu, c'est que fort peu de ses films ont survécu. C'est donc une formidable opportunité de pouvoir se faire une opinion sur ce cinéaste que cette projection d'une copie de The Mystery of the Yellow Room restaurée récemment. Tourné sur la Côte Est, ce film n'a aucune star à l'affiche, mais des comédiens bien choisis pour leurs emplois respectifs. Le jeune Lorin Raker incarne un Rouletabille agile et poupin et George Cowl (qui fut longtemps l'assistant de Tourneur) est un Larsan distingué. Maîtrisant son récit, Chautard s'offre deci-delà quelques plans étonnants comme cette vue en plongée de la chambre jaune avec Mathilde Stangerson au sol après l'agression. Ne laissant aucun temps mort, nous suivons les investigations de Rouletabille qui cherche sans relâche le coupable. Si la résolution de l'énigme lors du procès final donne lieu à des cartons d'intertitres bien trop verbeux, le reste du film est parfaitement calibré pour maintenir le suspense jusqu'à la dernière bobine. La photo de l'opérateur français Jacques Bizeul est de belle qualité, mais si elle fut considérée comme juste adéquate par la presse corporative de l'époque. On ne peut qu'espérer que d'autres films de Chautard referont surface pour rendre hommage à ce pionnier qui à partir de 1927 dut se contenter de jouer les rôles de complément dans les films de certains de ses anciens élèves.

lundi 13 mai 2019

Continental Films in Cineaste magazine summer 2019


My article "A Notorious Trip to Berlin" is coming out soon in the next summer issue of Cineaste.

mardi 7 mai 2019

L'Autre aile 1923

Robert Vraie (J. Murat) et Hélène Tarnière (M. Ferrare)
Un film de Henri Andréani avec Marthe Ferrare, Jean Murat, Charles Vanel, Mary Harald et Claude France

Hélène Tarnière (M. Ferrare) a été traumatisée par la mort de son amant pilote lors d'une exhibition aérienne. Elle décide de devenir pilote elle-même pour surmonter son chagrin. Son arrivée à l'aérodrome crée une intense jalousie entre le pilote Robert Vraie (J. Murat) et le mécanicien Gaston Lager (C. Vanel) qui sont tous deux attirés par la jeune femme...

Ce film d'Henri Andréani a été reconstitué récemment par la Cinémathèque, mais il reste cependant incomplet (il doit manquer env. 15 min). Dans le rôle principal, on trouve une cantatrice de l'Opéra-Comique, la soprano Marthe Ferrare. Le cinéma muet était friand (bizarrement!) de chanteurs d'opéra. Le meilleur exemple, c'est certainement le magnifique baryton Vanni-Marcoux dans Le Miracle des loups (1924) de Raymond Bernard. Marthe Ferrare a un joli minois, mais n'a pas fait une grande carrière. Le générique annonce à coup de trompettes qu'elle est habillée par Paul Poiret comme si le créateur était lui-même un interprète du film. Si Marthe arbore quelques jolies robes dans la première partie, dans la seconde elle est engoncée dans une combinaison de pilote sans aucune élégance. On peut se demander si Poiret ne s'est pas plaint au producteur...! Si le film montre de vrais aéronefs en train de décoller et d'atterrir, il reste cependant un peu en retrait par rapport aux sensations des pilotes. Et la deuxième partie se concentre sur la jalousie maladive de la maîtresse de Charles Vanel interprétée par Mary Harald, la belle interprète Tih-Minh de Louis Feuillade. Tiré d'un roman de Ricciotto Canudo, l'intrigue n'est guère originale. Le traitement qu'en fait Andréani n'est pas dépourvu d'intérêt mais il n'offre pas l'envolée lyrique qu'aurait pu lui donner un Gance ou un L'Herbier à la même époque. Une production standard, pas désagréable, mais sans originalité. 

Pretty Ladies 1925

Bobby (Lucille Le Sueur = Joan Crawford) et Maggie (Zasu Pitts)
Un film de Monta Bell avec Zasu Pitts, Tom Moore, Lilyan Tashman, Conrad Nagel et Lucille Le Sueur

Maggie Keenan (Z. Pitts) est la star comique d'un grand music-hall new-yorkais. Mais alors que la vedette Selma Larson (L. Tashman) collectionne les conquêtes masculines, Maggie reste solitaire jusqu'à une rencontre fortuite avec le batteur Aloysius Cassidy (T. Moore) qui compose une chanson pour elle...

Cette agréable comédie sur fond de music-hall nous est parvenue dans une copie incomplète où les numéros des Ziegfeld Follies (présentés en couleurs dans la copie originale) sont manquants. Parmi les jolies filles qui font de la figuration, figurent deux futures stars de la MGM: Myrna Loy et Joan Crawford (encore nommée Lucille Le Sueur). Si Crawford est toujours visible dans cette copie, Myrna est elle invisible. Néanmoins, ce film de Monta Bell est très agréable à suivre grâce à la délicieuse incarnation de Zasu Pitts qui prouve qu'elle n'est pas qu'une actrice comique, mais qu'elle peut également se montrer à la hauteur dans un mélo. Vêtue d'un costume de mouche, elle exécute également un numéro comique réjouissant entourée de girls. Monta Bell montre son talent grâce à des petits détails amusants comme cette chorus girl blonde (Dorothy Seastrom) qui hoche négativement la tête à chaque fois que son prétendant lui fait des avances avant de finalement dire oui - tout à la fin - lorsqu'il la demande en mariage. Quant à Lilyan Tashman, elle est une formidable mangeuse d'homme qui affiche dans sa loge la liste des plus riches contribuables américains pour pouvoir sélectionner ses amants! Quant à Joan Crawford, on l'aperçoit dans de nombreuses scènes en chorus girl. Le début du film est très habile. On voit Tom Moore dans un lieu clos en train de jouer aux cartes. Soudain, une lumière s'allume et les hommes quittent la pièce par une minuscule porte. Y-a-t-il une descente de police? Non, ce sont seulement les musiciens qui prennent position dans la fosse du music-hall. Si l'histoire n'est guère originale, le film se regarde sans ennui grâce à son rythme et à la qualité de son interprétation.