Un film de George Schnéevoigt avec Mona Mårtenson (Laila), Tryggve Larssen (Jaampa), Harald Schwenzen (Anders Lind), Peter Malberg (Aslag Laagje), Cally Monrad (Mor Laagje, sa femme) et Henry Gleditsch (Mellet), Ibe Brekke (Magga), Aslag Aslagsen Sara (Lasse), Rasmus Christiansen (Jens Lind), Alice O'Fredericks (Inger Lind) et Mattis Morotaja (Mellet enfant).
Dans le nord de la Norvège, le marchand Jens Lind et son épouse partent en traîneaux pour faire baptiser leur jeune enfant. Durant le trajet, suite à une attaque de loups, le berceau de l'enfant tombe dans un fossé. La petite fille est recueillie par Jaampa qui est le fidèle serviteur de Aslag Laagje. Ce dernier, un riche nomade Lapon, étant sans enfant, l'adopte et l'appelle Laila...
Ce film quasiment inconnu a été restauré par les Archives du Film Norvégiennes en 2006. Lors de sa présentation au Festival du Cinéma Muet de Pordenone en 2008, il a connu un vrai succès auprès des cinéphiles. En le découvrant hier, j'ai été moi aussi captivée. Le cinéma muet scandinave a toujours su exploiter ses paysages sauvages tout en portant à l'écran sa littérature et ses légendes. Laila est une adaptation d'un roman de Jens Andreas Friis (1881). Le réalisateur Danois, George Schnéevoigt est sourtout connu pour son travail de chef opérateur auprès du grand Carl T. Dreyer avec lequel il a travaillé sur Du Skal Aere Din Hustru (Le Maître du Logis, 1925) ou Blade af Satans Bog (1919). Avec cette grande saga qui s'étale sur 20 ans, il montre une vraie maîtrise du récit ainsi que de l'image.
L'histoire de Laila, l'enfant perdue et adoptée par une famille Lapone, est l'occasion de dépeindre la vie de ces nomades qui vivent dans le grand nord de la Norvège (le Finnmark) où le film a été tourné. Dans cette région sauvage, la vie est plus que rude. Dans des étendues neigeuses à perte de vue, les lapons vivent avec leur troupeau de rennes. Cet animal est essentiel à leur vie. Il tire un traîneau ou un homme à ski, il sert de nourriture et sa fourrure fournit les vêtements. En plus, les attaques de meutes de loups ne sont pas rares. Au-delà du simple aspect documentaire, le film nous faire aussi sentir les différences entre les norvégiens et les lapons. Ils n'ont pas les mêmes valeurs et jamais, un Rado (terme utilisé par les lapons pour désigner les norvégiens) n'épousera une lapone et vice-versa. Ce sont deux sociétés qui ne se rencontrent que pour faire du commerce. Leur différence de culture est illustrée par une scène où Laila tente d'échanger une bible contre un renne. Le Norvégien ne se sent pas prêt à se séparer de cette bible auquel il tient pour un animal. Pour Laila, au contraire, un renne est la chose la plus précieuse qui soit.
Comme dans Gunnar Edes Saga (Le Vieux Manoir, 1923) ou Gösta Berlings Saga (La Légende de Gosta Berling, 1924) de Mauritz Stiller, le film prend son temps pour nous raconter le destin de Laila. Il dure 2h 25 min sans pour cela paraître long. Le personnage central de Laila est interprété par la suédoise, Mona Mårtenson que j'avais déjà vu dans Förseglade läppar (Lèvres Closes, 1927) de Gustaf Molander. Elle ne m'avait pas totalement séduite dans ce film de Molander relativement décevant. Par contre, dans Laila, sa personnalité et sa beauté éclatent à l'écran. Elevée comme une sauvageonne, elle n'aime rien mieux que de dompter un renne sauvage, foncer en traîneau et descendre des rapides dans une barque. Son beau visage semble reflèter la nature sauvage qui l'environne. Elle est impulsive et vraie. Promise depuis l'enfance à Mellet, le neveu de son père adoptif, elle ne ressent rien pour lui. Un jour, elle rencontre Anders Lind (Harald Schwenzen). Elle ignore qu'il est son cousin, mais elle est immédiatement attiré par lui. Tous les éléments sont là pour créer la tension et l'histoire est ponctuée d'autres événements qui viennent ajouter au suspense. Certes, la succession des événements est parfois assez prévisible. Mais, l'habilité du récit et la beauté incroyable des images lui donnent la crédibilité requise.
La tension monte considérablement dans la dernière partie avec la séparation de Laila et de son cousin Anders. Ce sera le révélateur de tous les personnages. Le vieux et très riche Aslag Laagje a toujours caché à l'enfant ses origines. Sans enfant, il ne veut pas renoncer à Laila, même si dans un premier temps, il l'avait rendue à ses parents. Son serviteur Jaampa a lui une dévotion totale pour Laila. C'est lui qui l'a découverte enfant. Et depuis, il est prêt à tout pour satisfaire ses moindres désirs, même au prix de sa vie. Laila est face à un dilemne: doit-elle suivre les désirs de ses parents ou suivre son coeur ? Elle se rend compte qu'elle n'est pas une vraie norvégienne. Lors de son passage dans la maison Lind, un certain nombre de détails nous fond comprendre son inhabilité à la civilisation. Elle n'a jamais vu (ou entendu) un piano et prendre le thé avec des gâteaux lui paraît étrange. le film est accompagné au piano par Robert Israel. Un accompagnement orchestral aurait certainement été plus approprié à l'ampleur de ce film à grand spectacle. Mais, il fait un travail tout à fait méritoire en utilisant, en particulier, la mélodie Jeg elsker dig (je t'aime) d'Edvard Grieg qui devient le motif unissant Laila à son cousin.Comme vous pouvez le voir sur les captures, la copie est absolument superbe. Elle a été transférée à la vitesse de 16 im/sec. Cela semble lent, mais en fait, le film a été tourné à cette vitesse. Les mouvements sont parfaitement naturels. Je ne peux que vous encourager à découvrir ce film qui vous emportera dans son tourbillon et que nous ne pourrez pas quitter sans avoir vu la fin ! Il sort chez Flicker Alley aux USA le 10 mai prochain.
L'histoire de Laila, l'enfant perdue et adoptée par une famille Lapone, est l'occasion de dépeindre la vie de ces nomades qui vivent dans le grand nord de la Norvège (le Finnmark) où le film a été tourné. Dans cette région sauvage, la vie est plus que rude. Dans des étendues neigeuses à perte de vue, les lapons vivent avec leur troupeau de rennes. Cet animal est essentiel à leur vie. Il tire un traîneau ou un homme à ski, il sert de nourriture et sa fourrure fournit les vêtements. En plus, les attaques de meutes de loups ne sont pas rares. Au-delà du simple aspect documentaire, le film nous faire aussi sentir les différences entre les norvégiens et les lapons. Ils n'ont pas les mêmes valeurs et jamais, un Rado (terme utilisé par les lapons pour désigner les norvégiens) n'épousera une lapone et vice-versa. Ce sont deux sociétés qui ne se rencontrent que pour faire du commerce. Leur différence de culture est illustrée par une scène où Laila tente d'échanger une bible contre un renne. Le Norvégien ne se sent pas prêt à se séparer de cette bible auquel il tient pour un animal. Pour Laila, au contraire, un renne est la chose la plus précieuse qui soit.
Comme dans Gunnar Edes Saga (Le Vieux Manoir, 1923) ou Gösta Berlings Saga (La Légende de Gosta Berling, 1924) de Mauritz Stiller, le film prend son temps pour nous raconter le destin de Laila. Il dure 2h 25 min sans pour cela paraître long. Le personnage central de Laila est interprété par la suédoise, Mona Mårtenson que j'avais déjà vu dans Förseglade läppar (Lèvres Closes, 1927) de Gustaf Molander. Elle ne m'avait pas totalement séduite dans ce film de Molander relativement décevant. Par contre, dans Laila, sa personnalité et sa beauté éclatent à l'écran. Elevée comme une sauvageonne, elle n'aime rien mieux que de dompter un renne sauvage, foncer en traîneau et descendre des rapides dans une barque. Son beau visage semble reflèter la nature sauvage qui l'environne. Elle est impulsive et vraie. Promise depuis l'enfance à Mellet, le neveu de son père adoptif, elle ne ressent rien pour lui. Un jour, elle rencontre Anders Lind (Harald Schwenzen). Elle ignore qu'il est son cousin, mais elle est immédiatement attiré par lui. Tous les éléments sont là pour créer la tension et l'histoire est ponctuée d'autres événements qui viennent ajouter au suspense. Certes, la succession des événements est parfois assez prévisible. Mais, l'habilité du récit et la beauté incroyable des images lui donnent la crédibilité requise.
La tension monte considérablement dans la dernière partie avec la séparation de Laila et de son cousin Anders. Ce sera le révélateur de tous les personnages. Le vieux et très riche Aslag Laagje a toujours caché à l'enfant ses origines. Sans enfant, il ne veut pas renoncer à Laila, même si dans un premier temps, il l'avait rendue à ses parents. Son serviteur Jaampa a lui une dévotion totale pour Laila. C'est lui qui l'a découverte enfant. Et depuis, il est prêt à tout pour satisfaire ses moindres désirs, même au prix de sa vie. Laila est face à un dilemne: doit-elle suivre les désirs de ses parents ou suivre son coeur ? Elle se rend compte qu'elle n'est pas une vraie norvégienne. Lors de son passage dans la maison Lind, un certain nombre de détails nous fond comprendre son inhabilité à la civilisation. Elle n'a jamais vu (ou entendu) un piano et prendre le thé avec des gâteaux lui paraît étrange. le film est accompagné au piano par Robert Israel. Un accompagnement orchestral aurait certainement été plus approprié à l'ampleur de ce film à grand spectacle. Mais, il fait un travail tout à fait méritoire en utilisant, en particulier, la mélodie Jeg elsker dig (je t'aime) d'Edvard Grieg qui devient le motif unissant Laila à son cousin.Comme vous pouvez le voir sur les captures, la copie est absolument superbe. Elle a été transférée à la vitesse de 16 im/sec. Cela semble lent, mais en fait, le film a été tourné à cette vitesse. Les mouvements sont parfaitement naturels. Je ne peux que vous encourager à découvrir ce film qui vous emportera dans son tourbillon et que nous ne pourrez pas quitter sans avoir vu la fin ! Il sort chez Flicker Alley aux USA le 10 mai prochain.