Un film d'Albert Capellani avec Henry Krauss, Sylvie, Jean Jacquinet et Cécile Guyon
Avec cette adaptation de Zola, Capellani réalise, à mon avis, son chef d'oeuvre. Ce Germinal tient parfaitement la route et reste probablement une des meilleures adaptation de Zola. Les cinéastes ont très tôt été très intéressés par les romans sociaux de Zola. On trouve une version de L'Assommoir dès 1909, réalisée également par Capellani. Puis suivent, Travail (1919, H. Pouctal), La Terre (1920, A. Antoine), Thérèse Raquin (1928, J. Feyder), Nana (1926, J. Renoir), L'Argent (1929, M. L'Herbier), Au Bonheur des Dames (1930, J. Duvivier) qui à chaque fois sont des réussites exemplaires de chaque cinéaste. Mais, en 1913, Capellani est un novateur. Il a choisi un groupe d'acteurs remarquables, au premiers rangs desquels Henry Krauss, un habitué des productions de Capellani (il fut Valjean et Quasimodo) qui trouve ici un rôle qui lui va comme un gant, Etienne Lantier. Ce mineur qui provoque le soulèvement de ses collègues pour réclamer un meilleur salaire, est incarné avec une parfaite exactitude et un naturalisme étonnant.
Face à lui, j'ai été époustouflée par la performance incroyable de Sylvie en Catherine Maheu. Oui, il s'agit bien de Louise Mainguené dite Sylvie qui est l'inoubliable meurtrière du Dr Vorzet dans Le Corbeau (1943, HG Clouzot). Ici, âgée de 30 ans, elle est pensionnaire du Théâtre Antoine et son jeu naturaliste fait merveille dans son rôle. Elle est la fille de Maheu qui descent à la mine habillée en homme pour travailler comme hercheuse (elle remplit les wagons). D'ailleurs la scène où Lantier (H. Krauss) découvre qu'elle est une femme est absolument formidable. Elle ôte son fichu et sa longue chevelure se répand sur ses épaules devant un Lantier ébahi alors qu'ils mangent au fond de la mine. Le film a un caractère quasiment documentaire et bien qu'il soit rythmé essentiellement avec des plans d'ensemble et de demi-ensemble (les gros-plans sont encore très rares en 1913, en France), les personnages vivent et meurent avec un étonnant relief. La scène de la grève et l'arrivée des troupes pour mater les grévistes fait encore froid dans le dos. De même, les dernières scènes avec la mine inondée où croupissent Lantier et Catherine près du cadavre de Chaval ont conservées leur pouvoir émotionnel. Il faut aussi rendre hommage à Capellani pour son utilisation économe des intertitres. Il y en a très peu. Ils commentent l'action à des moments clés, mais, tout le message est essentiellement porté visuellement. Lantier se fait licencier par un contremaître tatillon au début du film sans aucun intertitre, mais chaque geste nous fait comprendre la mauvaise foi du contremaître qui cherche un prétexte fallacieux pour le renvoyer. Un véritable chef d'oeuvre du cinéma français qui mériterait amplement un DVD.
1 commentaire:
Hello,
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A2line
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