Un film de Clarence Brown avec Pauline Frederick, Laura La Plante, Malcolm McGregor et Tully Marshall
Jane Vale (P. Frederick) dirige une entreprise de confection d'une main de fer. Tous ses employés sont terrorisés et n'osent pas critiquer sa gestion. Mais, Robert Elliott (M. McGregor) ose proposer des changements. Jane tombe amoureuse de lui...
Ce film de Clarence Brown, réalisé pour la Universal, a pour personnage principal une femme d'affaires. Brown montre déjà sa capacité remarquable à la direction d'actrices, et ce bien avant de diriger Garbo. Pauline Frederick est absolument splendide dans le rôle principal. En 1924, elle était aussi à l'affiche d'un Lubitsch remarquable, Three Women (1924). Elle nous apparaît d'abord assez masculine: costume, fine cravate et cheveux plaqués. Lors d'une réunion au sein de l'entreprise, on voit la terreur qu'elle y fait règner. Seul, Scotty (Tully Marshall) est de taille à lui répondre car il est là depuis longtemps. Il est une sorte d'éminence grise, devinant les désirs de sa patronne avant qu'elle les formule. Cela donne lieu d'ailleurs à un petit jeu fort amusant : elle empoche systématiquement tous les crayons que lui tend Scotty pour signer. En quelques plans, nous avons fait connaissance avec les personnages. La très froide Jane Vale va s'adoucir soudain face à son jeune employé, Robert Elliott (Malcolm McGregor). Elle redevient féminine et souhaite lui plaire. Celui-ci n'a même pas remarqué l'attraction que sa patronne ressent pour lui. Il pense que sa soudaine promotion est due à son talent. Et c'est là que la mise en scène de Brown est en tous points remarquables. Les différentes aspirations des personnages se reflètent dans leurs regards sans que ceux-ci se croisent. Ils regardent tous dans une direction opposée, absorbés par leur propre désir. Jane rêve d'épouser ce jeune homme qui lui a fait retrouver sa part de féminité ; Robert, heureux de sa promotion, ne réalise d'abord pas l'amour de Jane. Et un troisième personnage va compliquer la situation. La jeune soeur de Jane, Dorothy (L. La Plante) va être d'abord choquée par ce mariage étrange entre cet homme d'une vingtaine d'année avec sa soeur de quarante ans. Mais, rapidement, elle est attirée par lui. Contrairement à ce qu'ont pourrait attendre dans un mélodrame classique, aucun des personnages ne souhaite faire du mal aux autres. Ils vont donc dissimuler cette attraction pour ne pas nuire à Jane. Et, à nouveau, c'est pas un regard que Jane va découvrir la vérité. Elle surprend le visage de sa soeur dans le reflet d'une fenêtre. Elle comprend alors combien elle s'est méprise. Le film se termine en douceur avec Jane qui fait preuve d'une abnégation superbe en redonnant sa liberté à son mari par un mensonge. Clarence Brown réalise là un petit bijou qui réussit à combiner l'aspect social (la vie au sein de l'entreprise), les désirs d'une femme qui a perdu sa jeunesse et l'humour. La structure du film est absolument parfaite sans une once de 'gras'. Le jeu des teintages nous rend les différentes émotions qui étreignent Jane, passant du bonheur à la désillusion. C'est sans conteste un des plus portraits de femme du cinéma des années 20. Le film est disponible chez Sunrise Silents.
1 commentaire:
J'ai le sentiment de vivre un rêve, de lire un article sur ce merveilleux film ! Comment pourrait-je mettre autant de temps à découvrir votre blog? Le sentiment de solitude que nous sommes ravis de découvrir l'énorme beauté de films comme celui-ci (tres unnique, d'autre part).
Merci beaucoup! Vous ne pouvez pas imaginer à quel point je suis heureux en ce moment! Merci!
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