mercredi 15 juin 2011

A Modern Hero 1934


Un film de G.W. Pabst avec Richard Barthelmess, Jean Muir, Marjorie Rambeau et Florence Eldridge

Aux Etats-Unis, avant la première guerre mondiale, Pierre Radier (R. Barthelmess) est écuyer dans un cirque ambulant avec sa mère (M. Rambeau). Il séduit une jeune fille, Joanna (J. Muir), avant de l'abandonner alors qu'elle est enceinte. Pierre rêve de devenir un riche homme d'affaire...

La seule incursion de Georg Wilhelm Pabst dans l'univers Hollywoodien a produit un film pour la Warner qui se révèle plus noir et immoral que la production habituelle de ce studio. Le héros du titre n'en est pas un. Richard Barthelmess, qui fut le héros au coeur pur des films muets de Griffith et Henry King, s'était reconverti dans les années 30 dans les personnages victimes de l'après-guerre avec deux grands chefs d'oeuvres: The Last Flight (1931, W. Dieterle) et Heroes for Sale (1933, Wm A. Wellman). Dans ce film de Pabst, Barthelmess est un séducteur sans scrupules qui ne pense égoïstement qu'à faire fortune. Il séduit prestement l'innocent Joanna et s'introduit même dans sa chambre dès leur premier rendez-vous. Celle-ci n'est pas dute et se rend bien compte qu'il ne restera pas. Elle choisit de son propre gré d'en épouser un autre qui lui offrira un marriage solide. Pierre est un émigré français qui gagne sa vie dans un cirque avec sa mère, une ancienne dompteuse aigrie, jouée par Marjorie Rambeau. Elle a perdu un bras et noie son chagrin dans l'alcool. Pierre ne songe qu'à trouver une petite affaire pour quitter le cirque et faire fortune. L'opportunité se présente grâce à une certaine Leah (Florence Eldridge) qui lui prête de l'argent alors qu'il devient son amant. Il va monter rapidement les échelons de la fortune et épouser une riche héritière. Sa réussite financière ne lui apporte néanmoins pas le bonheur. Il est sans enfant et il souhaite revoir ce fils qu'il n'a pas reconnu. Une série de catastrophes va le laisser seul et démuni. La trajectoire montante et descendante de Pierre est l'occasion pour Pabst de montrer le revers de la société américaine. Son 'héros' n'hésite pas à utiliser ses charmes pour obtenir de l'argent auprès des femmes ou à spéculer avec des margoulins à la bourse. Cette obsession de la réussite lui fait oublier toutes les valeurs humaines d'honnêteté et d'abnégation. Il va le payer très cher. Mais, on ne ressent pas cette scène finale comme une sanction moralisatrice, mais plutôt, comme le résultat inévitable de sa cupidité. Dans ce rôle, Barthelmess apporte une ambiguité intéressante. Lui qui fut toujours l'image de l'honnêteté est ici un homme égoïste obsédé par l'argent et le pouvoir. On ressent pour lui un mélange de compassion et d'écoeurement. Le film appelle un chat un chat, car il fait encore partie de la production pre-code. Il aurait été fort difficile de réaliser le même film l'année suivante. Même s'il ne s'agit pas d'un chef d'oeuvre, ce film de Pabst est fort intéressant.

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